Algérie

Dans les bureaux de vote du consulat de France



« Je vote pour celui qui veut rapprocher la France et l?Algérie » A l?ombre des eucalyptus, devant la porte du consulat de France, des retraitées françaises se congratulent d?être venues tard l?après-midi pour mettre leur bulletin dans l?urne. « Cette fois, j?ai prévu le coup, témoigne l?une d?entre elles, je ne voulais pas faire deux heures et demie de queue comme en 2002 ! » En ce dimanche du premier tour de la présidentielle, les voitures s?agglutinent sur le chemin Gadouche. Il faut dire que plus de 20 000 Français sont inscrits sur les listes électorales à Alger (ils sont un peu plus de 6000 à Annaba, la deuxième circonscription). Et même s?ils ne sont pas tous venus, les employés du consulat s?accordent à dire que la fréquentation semble plus importante qu?il y a cinq ans. Le taux de participation devrait, d?après Francis Heude, le consul général, atteindre 20%, soit un des plus forts taux enregistrés dans le pays pour une élection nationale française. La file d?attente le matin a atteint par moment jusqu?à 300 m. Entre 7h50 et 18h, les agents de sécurité ont trouvé à peine une demi-heure pour déjeuner, filtrant les entrées, orientant les égarés, pourchassant les téléphones portables restés allumés. Certains votants ont pris une pause dans leur journée de travail, d?autres ont organisé leur sortie avec la famille et d?autres encore, venus de plus loin, ont jumelé leur trajet sur Alger avec une visite chez le médecin ou chez des amis. C?est le cas de Chaneze, 25 ans, de Béjaïa : « C?est la première fois que je vote, mes études de médecine ne m?ont jamais laissé l?occasion de le faire, reconnaît-elle. Je vais sans doute poursuivre mon cursus en France, alors je me sens forcément concernée par ces élections. » Même chose pour Ryad, 27 ans, qui prévoit de partir de l?autre côté de la Méditerranée pour se perfectionner en thermo-énergétique. « Je vote pour celui qui promet du travail et un logement », résume-t-il. Du côté des quadras et plus, les mobiles de vote sont différents. « On veut un président qui est pour le rapprochement franco-algérien », témoignent en ch?ur deux Françaises installées en Algérie depuis plus de quarante ans. « Si les Français de la métropole ne s?intéressent qu?à la politique intérieure, ici en Algérie, je crois qu?on est très regardants sur les projets de politique extérieure », analyse une retraitée. Même s?ils n?ont jamais quitté l?Algérie, les bi-nationaux confessent voter « pour les amis et la famille qui vivent en France ». Samia, mère au foyer, reconnaît : « Je sais bien qu?avec mes proches qui habitent à Paris et à Châlons-sur-Saône, nos préoccupations ne sont pas les mêmes. Mais je vote avec eux. Ce matin, mes nièces m?ont téléphoné pour me dire qu?il y avait de nouvelles machines dans les bureaux de vote, et ma mère pour me dire qu?elle était partie faire son devoir comme toujours à 8h du matin. » Dans la cour, les affiches placardées tentent de séduire les derniers indécis. Quelle cause aura leur voix ? « La révolution écologique » de Voynet, « la France présidente » de Royal, « la ruralité d?abord » de Nihous ? Une Française râle en passant devant les panneaux électoraux : « Pourquoi on fait tout le tour ? Pour passer devant eux ? Mais on les connaît ! On les voit tous les jours à la télé ! » Globalement, rares sont ceux qui affichent leurs intentions de vote. Parfois, il faut lire entre les lignes. « Il paraît que les Algériens aiment Sarko, s?enflamme un étudiant. Mais Sarko, lui, n?aime pas les Algériens ! »


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