Algérie

Dans le plus pur style hollywoodien



De rebondissement en rebondissement, le feuilleton Ben Laden a tenu en haleine l’opinion internationale partagée entre soulagement des uns et appels à la vengeance des autres, des milieux djihadistes qui ont promis l’enfer aux Américains et à leurs alliés. C’est le président américain lui-même, Barack Obama, qui a annoncé la liquidation de Ben Laden. Il a tenu à faire de l’événement un moment fort de son mandat controversé qu’il compte bien exploiter politiquement pour remonter dans les sondages en prévision des prochaines élections présidentielles américaines. Passé l’effet d’annonce, le scénario américain de la liquidation de Ben Laden a fini par laisser dubitatif et circonspect plus d’un, allant jusqu’à jeter carrément le doute sur la mort annoncée de l’ennemi numéro un des Américains. Donné pour mort sans fournir la moindre image, laissant le soin à la télévision pakistanaise de diffuser la photo du cadavre supposé de Ben Laden avant de se rebiffer et de reconnaître qu’il s’agissait d’une ancienne photo datant de 2009, le mystère et la mystique construite autour du personnage traqué par la puissante CIA depuis les événements du 11 septembre demeurent encore entiers, même après la mort réelle ou supposée de Ben Laden. La censure de l’image ajoutée à cette révélation des médias américains citant des sources militaires américaines qui ont requis l’anonymat et selon laquelle le corps de Oussama Ben Laden aurait été enseveli en mer ont jeté le doute dans les esprits quant à l’authentification de la disparition de Ben Laden. Pourquoi les Américains, qui auraient pu exploiter médiatiquement et politiquement cet événement en montrant des images de l’opération militaire et du corps de Ben Laden laquelle a été saluée aux Etats-Unis et dans d’autres capitales comme une victoire des forces de la paix contre les forces du mal, se sont-ils donc empressés, si l’information est vérifiée, de faire disparaître le corps dans les profondeurs des fonds marins ' Aucune explication officielle n’a été fournie par les Américains sur cette méthode expéditive et peu catholique trahissant, aux yeux de nombreux observateurs, une volonté de dissimuler des vérités sur cette affaire. A-t-on fait disparaître le corps de Ben Laden parce que l’on a peur d’un procès qui pourrait mettre dans une mauvaise posture les Américains qui pourraient être rattrapés par l’histoire et leur gestion sécuritaire controversée du dossier du terrorisme islamiste ' La mort de Ben Laden n’est-elle qu’un film de science fiction dans le plus pur style du cinéma américain ' Les conditions de l’inhumation de Ben Laden ont été vivement dénoncées par des organisations islamiques, telles la Mosquée de Paris ou Al Azhar qui se sont indignées du non-respect des traditions musulmanes en la matière par les Américains. A défaut d’avoir le courage politique de se positionner sur l’enjeu de l’événement, on préfère la prudence et polémiquer sur l’aspect cultuel et coutumier du dossier. Une certitude, c’est que vivant ou mort, Ben Laden ne laisse pas indifférent. Des régimes en mal de légitimité et en quête de sympathie auprès des grandes puissances n’ont pas hésité à faire cause commune avec elles en acceptant de servir de poste avancé dans la lutte contre Al Qaîda. C’est le cas du Yémen. Dans une ultime tentative de susciter la compassion des Américains pour voler au secours du président Ali Abdallah Saleh dont l’opposition réclame le départ, les autorités yéménites ont pris de vitesse tout le monde pour se féliciter de la liquidation de Ben Laden perçue comme de le début de la fin du terrorisme islamiste. Simple effet du hasard ' La confirmation de la mort de Ben Laden est venue de ce pays, d’un membre du réseau Al Qaîda dans la péninsule arabique. Le feuilleton sur la mort de Ben Laden, qui n’a certainement pas encore livré tous ses secrets, promet, dans les prochains jours, des révélations fracassantes sur les tenants et les aboutissants de ce vrai ou faux scoop de l’année. Révélations qui ne manqueront pas d’éclabousser beaucoup de monde et de consciences dites démocratiques. L’aura de Ben Laden dans une certaine opinion arabe et musulmane ou islamique risque également d’en prendre un sérieux coup. Il n’est pas bon en effet pour l’image de Ben Laden que l’on disait terré, et conduisant vaillamment la lutte contre «les forces impies» à partir des grottes hostiles des montagnes afghanes, de le savoir, si l’on en croit le récit de la version américaine de sa mort, bien au chaud dans sa retraite dorée, coulant des jours paisibles dans une villa cossue dans un riche quartier de la banlieue de la capitale pakistanaise.
 


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