Algérie

Dans le cadre de la restructuration de sa gouvernance : Nissan envisage d'attribuer à Renault des sièges dans ses comités



Nissan envisage d'attribuer à Renault plusieurs sièges au sein des comités prévus dans le cadre de la restructuration de sa gouvernance pour répondre au mécontentement exprimé par son partenaire français, a-t-on appris de source au fait du dossier.
Renault a récemment laissé entendre qu'il bloquerait la réforme de la gouvernance de Nissan s'il n'était pas mieux représenté dans la nouvelle organisation du constructeur japonais. La création de ces comités a été décidée après l'arrestation en novembre dernier au Japon de l'ancien patron du constructeur japonais et de l'alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, accusé de malversations financières qu'il conteste. Dans une lettre que la marque au losange a envoyée à son partenaire et que Reuters a pu consulter, Renault a estimé que la nouvelle structure de gouvernance élaborée par Nissan, qui comprend notamment des comités statutaires composés d'administrateurs pour la plupart indépendants, pourrait diluer son influence. La firme japonaise envisage désormais d'inclure des dirigeants de Renault dans les comités des nominations, des rémunérations et de l'audit, selon une source ayant une connaissance directe du dossier. "Nissan devra faire des concessions pour la réforme de notre gouvernance", a déclaré cette source. "Qu'il s'agisse de deux ou trois sièges, nous ne savons toujours pas combien de comités nous allons donner à Renault, mais nous sommes en discussions avec Renault pour donner des sièges à une personne recommandée par Renault." Le système à trois comités avait été recommandé en mars dernier par une équipe indépendante désignée par Nissan après l'arrestation de Carlos Ghosn. Selon la proposition d'alors, Renault était libre ou non de siéger au comité de nominations mais pas à celui des rémunérations ni à celui d'audit. Jean-Dominique Senard, le président de Renault, s'est pour sa part montré confiant mercredi dans la possibilité de trouver un accord avec Nissan pour que les deux représentants du constructeur automobile français au conseil d'administration de son partenaire japonais puissent siéger aux comités. Nissan a proposé de ne laisser que Senard siéger aux comités, mais Renault insiste pour que son directeur général, Thierry Bolloré, joue également un rôle. Une deuxième source qui connaît la façon de penser de Nissan a de son côté déclaré qu'il n'y avait pas encore d'accord sur les recommandations de Renault et que les deux sociétés étaient toujours en négociation.
"Il y a toujours un écart (...); les deux parties doivent faire des concessions. La question est de savoir si elles peuvent réduire (cet écart)", a souligné cette source. La source ayant une connaissance directe du dossier a également déclaré que Nissan avait recommandé à Yasushi Kimura, conseiller du principal distributeur de carburant JXTG Holdings, pour le poste de président du conseil d'administration de Nissan. Kimura devra être approuvé pour devenir administrateur externe lors de la réunion des actionnaires prévue le 25 juin. Sa nomination officielle sera décidée lors de la réunion du conseil d'administration tenue après la réunion des actionnaires.
Par ailleurs, un signal de l'Etat français indiquant qu'il serait prêt à réduire son influence sur Renault sera nécessaire pour une reprise des discussions en vue d'une fusion avec Fiat Chrysler, selon une source au fait du dossier citée par l'agence d'informations Bloomberg. Une des possibilités serait que la France réduise sa participation de 15% au capital de Renault une fois qu'elle aura obtenu des engagements de Fiat en matière d'emploi et d'usines, selon cette source citée par l'agence de presse.

Nissan douche l'espoir d'un réchauffement rapide avec Renault
Nissan a douché mardi les espoirs d'un réchauffement rapide des relations avec Renault en prévenant qu'un manque d'équité entre les deux constructeurs pourrait mettre rapidement fin à leur alliance nouée il y a vingt ans.
S'exprimant devant les actionnaires réunis pour l'assemblée générale du groupe à Yokohama, la première depuis l'affaire Carlos Ghosn, le directeur général de Nissan a dit vouloir préserver l'esprit d'égalité au sein de l'alliance, malgré une structure d'actionnariat longtemps perçue comme déséquilibrée au Japon.
A l'issue de cette réunion de trois heures, ponctuée de chahuts, les actionnaires ont reconduit comme prévu Hiroto Saikawa au conseil d'administration, malgré l'opposition de sociétés de conseil. Il a maintenant la lourde tâche de rebâtir une relation de confiance avec le partenaire français, à nouveau ébranlée ces dernières semaines par un bras de fer sur les nouveaux comités de Nissan.
"Nous voulons une relation gagnant-gagnant avec Renault. L'alliance a été prospère jusqu'ici parce que nous avons respecté l'indépendance de chacun", a déclaré Hiroto Saikawa.
"Si cela est nécessaire, nous mettrons notre structure capitalistique sur la table. Si la relation bascule dans un gagnant-perdant, elle se rompra très rapidement", a-t-il poursuivi.
La disgrâce de Carlos Ghosn, accusé de malversations financières qu'il dément, a fragilisé les liens entre Renault et Nissan. Jusqu'à son arrestation en novembre dernier, l'architecte et homme fort de l'alliance était censé travailler à un renforcement de l'édifice pour assurer sa survie au-delà de la génération des fondateurs.
Tout renforcement pose cependant la question de l'évolution des participations croisées. Renault détient actuellement 43,4% de Nissan, tandis que Nissan possède 15% de Renault, sans droit de vote.

Senard se défend face aux critiques d'actionnaires
Hiroto Saikawa a différé l'examen de cette question puisqu'il entend donner la priorité au redressement de Nissan.
"Notre priorité est de redresser notre performance, ce qui signifie repousser les discussions autour du futur de l'alliance", a-t-il déclaré. Le ministère français de l'Economie - l'Etat est le principal actionnaire de Renault - et le groupe au losange ont tous deux refusé de faire un commentaire. Selon une source proche de Renault, l'assemblée générale de Nissan est considérée en interne comme s'étant bien passée. "L'amélioration de la gouvernance de Nissan est vue en interne comme une bonne nouvelle, tout comme le fait que l'alliance soit une priorité pour tous", a dit cette source. Les actionnaires du deuxième constructeur automobile japonais ont approuvé la nouvelle structure de gouvernance, avec notamment un conseil d'administration composé de 11 membres, décidée à la suite de l'arrestation de Carlos Ghosn qui a mis en lumière des failles dans les procédures de contrôle interne de l'entreprise. Renault avait réclamé d'être davantage représenté dans les puissants comités de l'audit et des nominations de Nissan, une démarche perçue comme des représailles après l'abstention du groupe japonais lors du processus de vote sur le projet de fusion, aujourd'hui avorté, entre Renault et Fiat Chrysler Automobiles. Hiroto Saikawa, qui avait dans un premier temps rejeté cette demande, a finalement répondu favorablement la semaine dernière en accordant des sièges à Jean-Dominique Senard et à Thierry Bolloré, respectivement président et directeur général de Renault, au sein de ces deux comités. Nouveau reflet des liens tendus entre les deux partenaires, un actionnaire de Nissan a accusé mardi Jean-Dominique Senard, également vice-président du conseil d'administration de Nissan, de ne pas veiller aux intérêts du groupe japonais et de ses salariés. "Depuis que je suis arrivé, j'ai fait tout mon possible pour adoucir les relations dans une alliance que j'ai découverte en bien pire état que je le pensais", a répondu le président de Renault. "Je n'avais pas l'intention d'être agressif envers Nissan. Je vous supplie de me croire sur ce point."

Quelle vision pour l'alliance '
Hiroto Saikawa, qui a jugé "primordial" de pouvoir discuter avec Renault d'"options" pour l'alliance, a gagné mardi un sursis, sauvant son mandat d'administrateur malgré une campagne inédite des sociétés de conseil aux actionnaires International Shareholder Services (ISS) et Glass Lewis, qui ont exhorté à voter contre la reconduction de l'ancien lieutenant de Carlos Ghosn.
La multiplication récente des désaccords pose la question de la capacité de l'équipe actuelle - Hiroto Saikawa, Jean-Dominique Senard et Thierry Bolloré, longtemps bras droit de Carlos Ghosn chez Renault - à tourner la page de l'ère Ghosn et à doter l'alliance d'une nouvelle vision. Certains actionnaires de Nissan ont reproché mardi à Hiroto Saikawa de passer davantage de temps à rejeter les demandes de Renault qu'à coopérer avec son partenaire. "Il y a tellement de sujets liés à l'alliance qui occupent l'entreprise qu'il est dommage que Nissan soit incapable de se concentrer sur les sujets de plus grande ampleur et externes", comme améliorer la compétitivité globale, a dit Hideyki Tamura, actionnaire de Nissan, à la sortie de l'AG.
"Je ne veux pas dire que nous devons fusionner, mais j'ai peur qu'une fusion à long terme de l'alliance fasse défaut à notre management", a-t-il ajouté.

Macron appelle à développer synergies et alliances
Au premier jour de sa visite au Japon, Emmanuel Macron a appelé mercredi à préserver l'alliance Renault-Nissan et à développer les synergies et les partenariats "pour la rendre plus forte" face à la concurrence internationale.
"L'alliance Renault-Nissan est évidemment un fleuron auquel nous tenons beaucoup", a dit le chef de l'Etat français lors d'un discours devant la communauté française à la résidence de France, à Tokyo.
"Je souhaite que tout le monde y soit pleinement engagé", a-t-il ajouté à quelques heures de sa rencontre bilatérale avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe. "Pour les salariés du groupe, qu'ils soient japonais ou français, ils tiennent à cette histoire industrielle, à ce qu'elle a apporté à nos deux pays".
"Je crois qu'ils se souviennent tous du fait que c'est une grande entreprise française qui a sauvé cette entreprise japonaise avec le respect des traditions et des équilibres et qu'on a constitué ainsi un géant et une force qu'il nous faut non seulement préserver mais dont il faut développer les synergies et les alliances, dans tous les sens du terme, pour la rendre plus forte face à la concurrence internationale", a-t-il poursuivi. "C'est ensemble que nous devons le faire".
La structure capitalistique héritée du sauvetage de Nissan par Renault en 1999 est au coeur du problème. La partie japonaise la juge déséquilibrée, Renault détenant 43,4% de Nissan, tandis que le groupe japonais détient 15% de son partenaire français, sans droit de vote.
L'alliance Renault-Nissan a été à nouveau fragilisée à l'automne dernier par la disgrâce Carlos Ghosn, architecte et homme fort de l'alliance pendant vingt ans. Un projet de fusion entre Renault et Fiat a échoué début juin sur fond de tensions entre partenaires français et japonais. "Je sais que l'on entend beaucoup de choses, mais aujourd'hui il n'y a pas de discussion (entre Fiat et Renault)", a dit le président de Renault Jean-Dominique Senard devant quelques journalistes en marge de l'assemblée générale de Nissan qui s'est tenue mardi au Japon. "J'ai redit aux actionnaires que le dossier était à l'arrêt et que je le regrettais." Les actionnaires du groupe japonais, dont Renault, ont voté la nouvelle gouvernance de Nissan pour tourner la page sur l'ère Ghosn, poursuivi pour des malversations financières qu'il dément. Après un bras de fer sur la représentation du groupe français au sein des nouveaux comités de Nissan, les deux partenaires ont trouvé un compromis. Mais le directeur général du constructeur nippon a douché l'espoir d'un réchauffement rapide des relations entre les deux groupes et d'une évolution à court terme de la structure de l'alliance. Hiroto Saikawa a en effet prévenu que si la relation basculait dans un "gagnant-perdant", elle se romprait très rapidement. Il a ajouté que la priorité de Nissan, qui risque de connaître son pire exercice financier en onze ans, allait au redressement du groupe, "ce qui signifie repousser les discussions autour du futur de l'alliance".


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