Algérie

Dans la zaouïa d'un guide soufi atypique Moazé, rasta prêcheur, globe-trotter de la paix



Dans la zaouïa d'un guide soufi atypique Moazé, rasta prêcheur, globe-trotter de la paix
En Allemagne, raconte-t-il, il a rencontré un prêtre qu'il a surpris avec son discours sur le véritable Islam qui est loin des images des terroristes et des massacres qu'ils commettent. Après un long entretien avec lui, Moazé l'accompagne dans l'église. "Le prêtre n'en revenait pas", dit-il."Mais qu'est-ce qu'il a, lui, sur la tête '" Une tête atypique : imam et prêcheur, mais avec un look rasta. Le cheveu long en nattes, cheikh Moazé attire par son accoutrement les regards. Inspire la curiosité.
Son look, son accoutrement lui donnent un air de chanteur reggae, un semblant d'Alpha Blondie avec un gros et long bâton dont il ne se sépare jamais. En apparence, un gourou. Cela ne l'offusque pas pour autant lorsqu'on lui fait la remarque. Sa réplique est : "Il faut voir ce qu'il y a dans la tête et non pas ce qu'il y a dessus." Beaucoup de ses disciples ont adopté son look, avec des nattes plus ou moins à la Bob Marley.
Guide spirituel des Soufis du Burkina Faso et membre de la Ligue des ulémas, prêcheurs et imams du Sahel, il sillonne le monde depuis 2007 pour prêcher la bonne parole, montrer au monde que l'Islam n'a rien à voir avec les images que diffusent les médias. "L'Islam n'est pas le terrorisme. Et je le prouve avec des versets et des hadiths du Prophète", dit-il.
Rencontre avec Moazé dans son village, au sein même de sa zaouïa dans la banlieue de Ouagadougou. Tout un cérémonial. Ses fidèles (adeptes ou disciples) sont à l'accueil dans une procession encadrée par des cavaliers avec des chants religieux sur un agréable tempo. Le cortège est impressionnant.
Le guide et les disciples devant, la cavalerie sur les côtés et ce fond de musique liturgique donnent un air de rite à cette visite de la mission d'information de l'UFL.
À environ quelques centaines de mètres apparaît le village. Des îlots de petites maisons basses, avec des familles dehors en cette journée ensoleillée. Des femmes, des enfants, des jeunes viennent se joindre au cortège "chantant". Ça prend une atmosphère de fête. La visite de courtoisie se transforme vite en évènement.
La mission est dirigée directement vers la zaouïa. Construction sommaire, le toit en roseau, des tapis, une grande salle séparée en deux par un léger rideau. Côté hommes, côté femmes pour les prières. Pour l'instant, deux jeunes "rastas" entonnent des chants religieux originaux par le rythme. L'écho envahit tout le village. Moazé avance doucement, bien encadré par les fidèles comme des adorateurs qui le vénèrent.
Il réclame le silence pour entamer la prière. Celle-ci est ouverte à tout le monde. C'est dans la conception de Moazé. Les lieux de prière sont des maisons de Dieu. Des lieux de paix. Et il raconte son parcours de prêcheur militant de la paix à travers le monde. Son récit ressemble à des aventures. En Allemagne, raconte-t-il, il a rencontré un prêtre qu'il a surpris avec son discours sur le véritable Islam qui est loin des images des terroristes et des massacres qu'ils commettent. Après un long entretien avec lui, Moazé l'accompagne dans l'église. "Le prêtre n'en revenait pas", dit-il. Il lui apprit les vertus de la tolérance, de l'acceptation de la différence, de l'autre, de l'ouverture, de la cohabitation entre les religions et surtout la paix. Il rejette d'ailleurs catégoriquement l'idée de djihad telle que prônée par les groupes terroristes. Seul Dieu donne la vie et la reprend. Et les armes n'ont jamais été, dit-il, des instruments de paix. Il a profité de sa visite en Allemagne pour fonder une zaouïa. Il a retenu, cependant, une belle image de tolérance de ce pays. Il a appris que les autorités ont décidé de construire une grande bâtisse dédiée aux trois religions monothéistes avec trois ailes et une entrée commune pour faciliter le contact entre les fidèles. Il a invité le prêtre à venir assister à la fête de l'Achoura au Burkina.
"Il a accepté l'invitation et il viendra", dit-il.
Dans son bureau étroit situé juste en face de la salle de prière, il présente quelques documents sur ses activités au Burkina et à l'étranger. Des affiches, des vidéos, des photos et des coupures de presse. En Algérie où il a eu à séjourner plusieurs fois dans le cadre de la Ligue des ulémas, imams et prêcheurs du Sahel, il a été aussi à In Madhi, à Laghouat, haut-lieu du soufisme et de la zaouïa Tidjania, en France, en Chine, en Inde et "ses conférences" au Burkina où il fait le plein du stade de la capitale. Il vient d'ailleurs d'avoir un visa de cinq ans pour les Etats-Unis.
Il en parle avec une aisance déconcertante, y compris quand il s'agit d'évoquer un malheur, ses trait et son ton ne changent pas. Son allure dégage une incroyable sérénité. Un air qui est peut-être à l'origine du respect que lui vouent ses disciples. Et des autres. Des officiels qui l'admirent pour son abnégation et sa constance. Pour sa vision qui tranche nettement avec les dogmes figés des islamistes. Pour lui, il n'y a aucune exclusion entre les différentes religions qui peuvent coexister sans conflit. Mieux, pour lui, citant l'exemple du Burkina, la laïcité est compatible avec la pratique religieuse. Le président est chrétien, mais sa religion n'interfère pas dans les affaires de l'Etat et leur gestion. Partout où il est passé, il est reçu comme un "demi-prophète". Il reste, malgré l'image dramatique que donne à voir la situation dans le monde, optimiste quant à la victoire de la paix dans le monde.
La fin de la visite se passe sur le même tempo que son début, avec le cortège qui chante et en guise d'escorte, la cavalerie des deux côtés de la piste. Un inoubliable cérémonial.
D. B.
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