Les 15 et 16 décembre 2014, s'est tenu à Dakar le premier « forum international sur la paix et la sécurité en Afrique ». Présenté comme une co-réalisation franco-sénégalaise, il avait en fait été décidé lors du sommet de l'Elysée, l'année précédente, et son organisation a été impulsée et largement financée par le ministère de la Défense français (et par des entreprises françaises).Conçu comme un espace informel de discussion et non comme une instance décisionnelle, il a réuni plus de 300 participants issus de divers horizons (diplomates, militaires, « chercheurs », politiques, responsables d'ONG...). Cette affluence a été présentée comme un succès, même si l'assistance est restée essentiellement francophone, les poids lourds anglophones du continent s'étant abstenus de participer. L'Algérie avait également boycotté le sommet. Enfin, même si le commissaire pour la paix et la sécurité de l'Union africaine (UA), Smaïl Chergui, était finalement présent, on sait que cette initiative a suscité une très forte hostilité au sein de l'UA où l'on reproche à la France de marcher sur ses plates-bandes. Si les conceptions françaises ont pu être bousculées dans les ateliers du forum, cela a été complètement occulté dans les médias par le show final où trois des quatre présidents présents (le Malien Ibrahim Boubakar Keita, le Sénégalais Macky Sall et le Tchadien Idriss Déby Itno) ont réclamé une nouvelle guerre occidentale en Libye. Les propos du dictateur tchadien notamment ont fait couler beaucoup d'encre : « La destruction de la Libye : mon frère Macky Sall disait que c'était le travail inachevé. Non, le travail a été achevé, l'objectif recherché étant l'assassinat de Kadhafi et pas autre chose », a-t-il asséné avant d'appeler les pyromanes à venir jouer les pompiers : « La solution c'est entre les mains de l'OTAN. Qui a créé le désordre n'a qu'à aller ramener le l'ordre » (Dans un lapsus révélateur, il avait déclaré d'abord « ramener le désordre »...). Les déclarations de Déby ne font qu'apporter de l'eau au moulin de Le Drian sur la nécessité d'une nouvelle opération en Libye dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». Le Drian ne manque pas une occasion d'y revenir puisque « à l'état-major de l'armée française, nombreux sont ceux qui pensent qu'il faudra bien « y aller » un jour », (JeuneAfrique.com, du 23 décembre 2014). Mais il en précise les modalités : « La Libye est un pays souverain. La réponse doit être internationale. Il ne faut pas rajouter du chaos au chaos » (interview à Jeune Afrique, 14 décembre 2014). La France cherche donc à constituer une coalition qui paraisse la plus légitime possible et facilite l'obtention d'un mandat de l'ONU. Il faut également ménager l'armée algérienne, pour l'instant hostile à une telle intervention, et sur le territoire de laquelle les groupes visés pourraient se replier en cas d'attaque. Le 19 décembre, le président mauritanien a ainsi rendu public un communiqué par lequel le G5 (Tchad, Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie) lançait un appel « au Conseil de sécurité des Nations unies pour la mise en place, en accord avec l'Union africaine, d'une force internationale pour neutraliser les groupes armés, aider à la réconciliation nationale et mettre en place des institutions démocratiques stables » en Libye. A ces déclarations belliqueuses, faudrait-il ajouter enfin celle du ministre de la Défense espagnol, Pedro Morenes, en juin dernier, estimant qu'une « intervention militaire en Libye pourrait être nécessaire si le groupe terroriste takfiriste Daech y implante un califat ».
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Posté Le : 02/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chérif Abdedaïm
Source : www.lnr-dz.com