Algérie

Dans l'unité et la dignité à Alger



Le 22 février 2019, alors que le projet du cinquième mandat est devenu une réalité suite à son annonce officielle, ce qui était considéré comme un attentat contre la dignité populaire, les Algériens sont sortis massivement dans plusieurs wilayas du pays pour rejeter l'humiliation suprême. Hier, ils ont célébré dans la dignité et la diversité le premier anniversaire de leur révolution.Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Après un 53e vendredi de mobilisation mémorable, à la veille de la célébration du premier anniversaire du mouvement populaire, les manifestants ont enchaîné avec une autre journée de mobilisation, hier samedi, pour marquer cette date du 22 février qui restera gravée à jamais dans l'histoire du pays.
Dans un climat tendu dans certains endroits mais globalement dans une ambiance de pacifisme qui a marqué le mouvement dès son départ, des foules immenses ont sillonné les principales rues de la capitale.
La manifestation a commencé dans la matinée lorsqu'à 10h30, deux groupes de manifestants (le premier devant le siège du RCD à Didouche-Mourad et le deuxième devant les arrêts de bus de Meissonier) ont entamé la marche vers la Grande-Poste en passant par la place Audin.
Depuis cet instant, la manifestation ne cessait de prendre de l'ampleur jusqu'à atteindre quelques dizaines de milliers de manifestants.
En effet, aux environs de 14h, la rue allant du siège du RCD jusqu'à la Grande-Poste était noire de monde, alors qu'une foule nombreuse a contourné la rue Didouche-Mourad pour tenter de rejoindre El-Mouradia où se trouve le siège de la présidence de la République. Mais ils seront bloqués par les forces de l'ordre.
Devant le siège du RCD, un climat tendu a régné pendant plus d'une heure entre les manifestants qui voulaient forcer le cordon sécuritaire pour marcher sur El-Mouradia et les forces de l'ordre, intraitables. En fait, c'était impossible de traverser ce cordon constitué de deux lignes de fourgons de police et d'une foule immense d'agents de l'ordre.
Pour repousser les manifestants, la police a utilisé le canon à eau, tabassant plusieurs personnes dont certaines ont été blessées. Comme depuis le début du mouvement, les manifestants ont sillonné les rues d'Alger en scandant les slogans du mouvement, exigeant le changement radical du système politique, une période de transition et le respect de la volonté populaire, l'édification d'un Etat civil et la libération des détenus d'opinion. Les portraits de ces détenus, dont Karim Tabbou et Abdelouahab Fersaoui, ont été arborés par les manifestants.
Dans cette marche colorée, dans la dignité et la fraternité, l'unité dans la diversité, plusieurs manifestants ont arboré l'emblème amazigh, sans être inquiétés. Les manifestants ont demandé de «remettre le pouvoir au peuple», dénonçant la tentative du pouvoir de vouloir récupérer et s'approprier le 22 février à travers sa décision de fêter cette date.
Dans la semaine qui avait précédé le 22 février, des citoyens avaient manifesté dans quelques régions contre le cinquième mandat, à l'instar de Chlef, Bordj-Bou-Arréridj, Jijel, Khenchela et Béjaïa.
La marche imposante de Kherrata du 16 février et le rassemblement à Kheratta où le portrait de Bouteflika avait été arraché et piétiné ont donné de l'envergure à un mouvement qui allait naître des entrailles d'un pays et d'un peuple qu'on voulait enterrer vivant.
Le 22 février, tel un volcan en éruption, le peuple algérien a envahi les rues du pays pour crier sa colère contre le système politique et rejeter le mandat de la honte.
Hier, ils ont célébré, dans la même dignité et la même diversité, le premier anniversaire de ce mouvement extraordinaire qui continue à rythmer la vie nationale.
K. A.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)