Les partisans du président Mohamed Morsi ne désarment pas. Ils entrent dans la troisième semaine de manifestations de défiance à l'égard de l'armée. Hier après-midi, ils mobilisaient en force pour le vendredi du «Kasr Al-Inkilab» (briser le coup d'Etat) avec des cortèges convergeant d'une vingtaine de mosquées vers les deux places de la contestation permanente à Rabea Al-Adawiya et place Nahdha devant l'université du Caire à Guizeh.Les arrestations et les mandats d'amener contre les dirigeants islamistes n'ont aucun effet dissuasif sur les Frères musulmans. On n'observe aucune lassitude chez leurs partisans qui ne se mobilisent pas seulement au Caire. En face, les anti-Morsi mobilisent moins et certains dirigeants de Tamarrod appellent l'armée à faire «preuve de fermeté» en oubliant que les islamistes ont, autant qu'eux, le droit de manifester dans la rue. Il est clair que l'Egypte ne connaît pas d'apaisement, les tensions ne font que s'accroître alors qu'au Sinaï des djihadistes, actifs bien avant la destitution de Morsi, multiplient les coups de main. L'Egypte est dans un bras de fer politique d'une grande âpreté qui peut, à n'importe quel moment, déraper dans de grandes violences.
Réagissant aux rumeurs qui ont accompagné la visite de la chef de la diplomatie européenne au Caire, les Frères musulmans ont très rapidement démenti l'existence de négociations directes ou indirectes avec les «chefs du coup d'Etat». Et de fait, il paraît difficile de trouver, voire même d'imaginer un terrain d'entente possible tant les positions sont antagoniques. L'Alliance nationale pour la défense de la légitimité refuse de transiger sur l'exigence d'un rétablissement du président Morsi dont les conditions de détention s'apparentent à une «disparition forcée» selon Amnesty. En face, l'armée a de son côté averti que «quiconque a recours à la violence dans les manifestations de vendredi mettra sa vie en danger».
Le président désigné Adly Mansour a assuré qu'il mènera «la bataille pour la sécurité jusqu'au bout» car l'Egypte est «à un moment décisif» de son histoire. Il a accusé les islamistes de vouloir entraîner le pays «vers l'inconnu». Mais l'Egypte est depuis plusieurs semaines dans le domaine de l'inconnu et de l'imprévisible. Jusqu'à présent, les manifestants pro-Morsi sont restés dans une démarche globalement pacifique. L'épisode tragique de la Garde républicaine est, de l'avis des ONG, le fait d'un «usage disproportionné de la force» par les militaires. Mais le plus inquiétant est le climat de haine qui est alimenté de part et d'autre. Ce ne sont plus seulement des batailles politiques entre les élites mais une fracture à la base au sein de la société égyptienne.
La responsable d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord souligne en cette période de «clivages et de divisions extrêmes» qu'il est plus important que jamais que le «ministère public montre qu'il est véritablement indépendant et n'est pas politisé. Le risque avec ces cas est que l'esprit de vengeance puisse sembler l'emporter sur la justice ». Cela semble, hélas, relever du v'u pieux. Le pessimisme est de rigueur, l'affrontement paraît presque inéluctable.
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Posté Le : 20/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Saadoune
Source : www.lequotidien-oran.com