Algérie

Dans l'ambiance studieuse d'un cours



L’ambiance est studieuse en cette matinée du mardi 21 septembre au collège Mouloud Feraoun. Dans cet établissement, implanté, depuis plus d’un siècle, au cœur d’Akbou, la cour grouille de monde. Il est 10 heures. Les élèves de 1ère année s’agrippent puis s’alignent avec discipline et entrent un à un en classe, saluant, tour à tour, leur enseignant: «Azul a mass». La cour retrouve son calme. Une fois en salle, une des élèves, Zahra, 14 ans, écrit sans faute la date sur le tableau. En Tamazight s’entend.
Dans cette vieille salle de classe nouvellement restaurée, le cours de Tamazight peut maintenant commencer. Un cours d’orthographe sur les consonnes en Tamazight transcrites en caractère latin. L’enseignant, Tahar Aït Saïdi, s’applique avec beaucoup de passion et avec une méthodologie qui lui est bien rodée depuis quinze ans. En guise d’exercice, l’enseignant invite les élèves à compléter les lettres manquantes sur une série de mots avant de procéder à leur correction. La leçon est suivie avec attention et entrain. Les élèves sont pleinement absorbés par un lexique qui leur est très familier. Bien plus que les garçons, les filles s’adonnent à une compétition acharnée: qui d’entre elles aura l’insigne honneur de répondre la première. Entre deux lointains et discrets rappels au calme de l’enseignant, les élèves se montrent très réactifs en participant activement aux exercices. Les collégiens sont séduits, conquis. Certains d’entre eux que nous avons interrogés à la fin du cours se sont montrés très enthousiastes à apprendre davantage à lire et écrire Tamazight. «J’aime ce cours que je trouve facile à assimiler d’autant plus qu’on parle déjà Tamazight à la maison», dit Koceila, 13 ans. «J’aime Tamazight comme les autres langues», lâche fièrement Cilia, 14 ans. «Les cours sont faciles. Je veux être la meilleure», s’enthousiaste Zahra. L’engouement est incontestable. L’enseignement de Tamazight est bel et bien plébiscité par les élèves. Pourtant, l’enseignement de cette langue populaire accuse bien des insuffisances.
Le CEM Mouloud Feraoun, qui compte près de 600 élèves, ne dispose que de deux enseignants en Tamazight. Résultat: Les élèves de 4è année n’ont pas droit au cours de Tamazight. Autre problème: L’enseignement est à deux vitesses. Les élèves ont déjà eu des cours dans le primaire. Mais tous n’ont pas le même niveau. Certains ont à leur actifs deux années pendant que d’autres en ont trois. Cette hétérogénéité des pré-requis complique davantage la tâche aux enseignants pour prodiguer pour une même classe le même contenu d’enseignement. Mais un tel bémol n’entame en rien le moral des profs. M. Aït Saïdi, qui de surcroit est un militant de la cause Amazigh, licencié en journalisme, a suivi une formation accélérée de 21 jours en 1995 avant d’intégrer son poste à l’éducation nationale.
Quinze ans après, cet enseignant se dit «très satisfait» du chemin parcouru. «Le fait d’avoir un manuel scolaire est un  acquis». Autre motif de satisfaction : Autrefois facultatif, l’enseignement de Tamazight est aujourd’hui presque «obligatoire» en Kabylie, ce qui est un autre progrès. Il qualifie d’«exploit» le fait que Tamazight soit aujourd’hui enseignée à l’école. L’enseignement de Tamazight est en soi indéniablement une avancée arrachée de hautes luttes. Qui l’aurait cru ' Tamazight enseignée à l’école est impensable, il y a vingt ans. Aujourd’hui, c’est une réalité.


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