Algérie

Dans «commission», il y a «com» !



Bon ! On est le 15 ! Vous pouvez reprendre le cours «normal» de vos vies :... Ya m'raâ ! Kahwa, fissa !
En quelques heures ont été créées des commissions. Plusieurs commissions. J'en cite au moins deux. Une commission pour lutter contre les actes de torture en détention et les mauvais traitements. Et une commission pour une meilleure prise en charge des conditions de vie des étudiants en résidence universitaire. Je sais qu'il est devenu bateau, commun et même cliché de répéter l'adage «pour noyer un problème, créez-lui une commission». Mais ceux qui comme moi ont vu leurs cheveux blanchir, puis partir, délaissant définitivement leur crâne, ont un rapport «historique» avec ces commissions. C'est une vieille connaissance que la commission. Une vieille garce - passez-moi cette familiarité - qui nous accompagne depuis 1962. On la sait belle, pulpeuse et aguichante à souhait à sa naissance. Entourée de tous les égards, bordée et bardée de petits gâteaux, de gazouz et de congratulations. On la sait aussi langoureuse d'inaction désespérante une fois installée dans de beaux bureaux et fonctionnarisée. Mais tout comme la commission est une vieille compagne d'infidélités, la question qui s'y accole est toujours la même, elle aussi depuis la même période, 1962 : les personnes en charge des secteurs incriminés ne savaient-elles pas qu'à l'origine, elles avaient été désignées à ce poste pour faire en sorte que les détenus ne soient pas torturés en cellule, et les étudiants promis à un autre avenir que de mourir d'électrocution, du gaz ou d'intoxication alimentaire en cité universitaire ' Quelle est la garantie que dans quelques semaines ou mois, les noms de Walid Nekkiche et de Nacéra Bekkouche ne soient pas enfouis d'oubli dans les douves et caves des commissions ' Dit plus crûment, par quels travers, ce qui devait être une exception, la commission d'enquête, est devenu une sorte de norme de gestion ' Un habitus mortifère ' Avec cette crainte, pas aussi incongrue, que celle de voir la perversion administrative nous faire admettre dans un avenir proche la mise en place de commissions enquêtant sur les ... commissions d'enquête elles-mêmes '!! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.


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