Algérie

Dangereux statu quo



La Syrie s'enfonce dans la crise, et ce qu'il y a de surprenant, depuis quelques semaines, c'est que le monde en est à compter les morts, ne se donnant même plus la possibilité de réfléchir aux moyens pour y mettre fin. Effectivement, des morts, il y en a tous les jours, jusqu'à 100 quotidiennement, ou encore près de 15 000 depuis mars 2011, et le monde a perdu la voix, non pas à cause de ses coups de colère, mais à force de ne plus savoir quoi faire, alors même que ceux qui encadrent la révolte en Syrie, et la représentent à l'étranger, veulent un recours au chapitre 7 de la Charte de l'ONU, autorisant le recours à la force. Tout, pourtant, semble indiquer qu'il n'y aura jamais d'intervention, et que les Syriens doivent compter sur leurs propres moyens. Même l'enceinte du Conseil de sécurité de l'ONU a quelque peu retrouvé son calme habituel.
Finis les envolées et les coups de gueule. La décantation a fini par se faire sur ce sujet pourtant ou plutôt en raison de son extrême sensibilité, et au final, se rend-on compte, Russes et Chinois ne sont pas les seuls à dire leur opposition à toute intervention étrangère en Syrie. Bien entendu, les arguments des uns ne sont pas forcément ceux des autres. Alors que les choses paraissaient simples, le secrétaire américain à la Défense souligne le contraire. «La situation en Syrie est incroyablement complexe et tragique en tous points de vue. Il n'y a pas de remède miracle», a ainsi déclaré, lundi, Leon Panetta. Le 31 mai dernier, la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, disait pourquoi il était difficile d'envisager une intervention étrangère.
Ce qui expliquerait le discours du tout nouveau chef du Conseil national syrien (CNS). Alors que son prédécesseur appelait à l'intervention étrangère, lui préfère les éléments locaux en appelant les responsables syriens à faire défection, au moment où le régime de Bachar Al Assad touche à sa fin. Ou encore, que celui-ci a perdu le contrôle de Damas et d'autres villes. L'élément marquant de son discours reste cet appel à l'unité, ou encore les assurances données à l'ensemble de la société syrienne, affirmant qu'il n'y aura pas de «discriminations basées sur la communauté», ce qui est important, et très certainement, la garantie est donnée par le propre engagement de l'auteur de ce discours, lui-même issu de la minorité kurde. C'est aussi une manière de s'opposer à une vision décidément bien triste de l'avenir, comme celle du chef de la diplomatie britannique, selon laquelle la Syrie «ressemble plus à la Bosnie des années 1990, en étant au bord d'une guerre civile intercommunautaire où des villages voisins s'attaquent et s'entretuent».
La suite, car il y en a une, serait une action comme pour la Bosnie, sauf que si les armes se sont effectivement tues, cette ancienne république yougoslave a fini par ne plus être celle qui avait été admise à l'ONU en 1992. Parce qu'il sait où cela peut mener, le chef du CNS a dit aux Syriens ce qu'il fallait qu'ils entendent. C'est leur pays, et son avenir les engage tous sans la moindre exception.




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