Algérie

Dangereux raccourcis


L'Europe communautaire joue un jeu morbide au Maghreb. Elle mène une politique de l'hypocrisie en toute transparence, sans que pourtant cela ne soit évident pour des pays pris en tenailles entre les accords d'association et la politique migratoire qu'elle impose à ses partenaires de la rive sud. Bruxelles s'est en effet illustrée une fois encore par sa politique des «deux poids, deux mesures» dans le conflit territorial au Sahara Occidental qu'un de ses partenaires maghrébins, le Maroc, occupe en toute illégalité. Et qu'elle tente de soutenir cette occupation, après une invasion en 1975 du Sahara Occidental, avec des moyens détournés, mais qui profitent à son économie et font prospérer les affaires de certaines corporations européennes, les pêcheurs notamment.Car en fait Bruxelles tente par tous les artifices possibles de faire valider un accord de pêche avec le Maroc que non seulement le représentant légitime du peuple sahraoui a dénoncé, mais également la Cour européenne de justice. Les développements de ces derniers jours pour le renouvellement de cet accord de pêche, qui a expiré le 14 juillet dernier, que la Commission européenne veut faire passer au forceps, quitte à violer la légalité internationale et spolier le peuple sahraoui de ses droits à jouir des richesses économiques de son territoire, inquiètent. Car cela vient de la plus haute instance de l'Union européenne, son exécutif qui se trouve dès lors embrigadé dans une aventure politiquement périlleuse et juridiquement dangereuse pour la stabilité et la sécurité de la sous-région maghrébine. Il est notoirement connu qu'une partie de l'exécutif européen est favorable aux thèses marocaines sur le Sahara Occidental qu'il veut dépouiller de ses richesses au profit des pêcheurs andalous, portugais et dans une moindre mesure français.
L'accord de pêche entre l'UE et le Maroc, dénoncé par le peuple sahraoui et son représentant légitime le Front Polisario, comme par les ONG européennes de défense des droits du peuple sahraoui, mais surtout par la Cour de justice européenne, n'est en soi qu'un «cheval de Troie» pour Rabat afin de faire accréditer ses thèses expansionnistes sur ce territoire non autonome selon l'ONU. Non seulement cet accord fait entrer de l'argent dans le Trésor du royaume, mais il valide d'une manière très vicieuse les thèses marocaines sur le Sahara Occidental et, surtout, pour l'exploitation des richesses minières et halieutiques de ce territoire, anciennement sous domination espagnole. Certes, la résistance à de telles man?uvres de détournement des richesses du Sahara Occidental existe, elle est réelle, mais l'intrusion de l'UE dans un conflit d'une manière détournée est en soi une violation flagrante des droits légitimes des Sahraouis sur leurs richesses, leur territoire, leur avenir politique. C'est comme si Bruxelles, en validant par des raccourcis juridiques répréhensibles cet accord de pêche, reconnaît explicitement et d'une manière formelle que ce territoire appartient de facto au Maroc, un pays dont le statut actuel pour la communauté internationale est celui d'un occupant, un envahisseur, une puissance coloniale.
Les tractations se poursuivent sur le dos des Sahraouis, pourrait-on dire, et c'est l'ancienne puissance coloniale, Madrid, qui pousse à la conclusion de cet accord de l'infamie. Les démocrates espagnols sont-ils à ce point préoccupés par l'intérêt d'une minorité de leurs pêcheurs pour qu'ils revendiquent une conclusion rapide d'un accord qui ne fera qu'augmenter la répression marocaine contre le peuple sahraoui dans la défense de son droit à l'autodétermination ' Sinon, est-ce que 40 millions de dollars, ce que rapporte cet accord au Trésor marocain, valent-ils plus que la dignité d'un peuple '
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