Algérie

Dangereux modèle virtuel Edito : les autres articles



Dangereux modèle virtuel                                    Edito : les autres articles
Il est certaines visites diplomatiques ' comme celle que vient d'effectuer dans notre pays Rached Ghannouchi ' qui suscitent plus d'interrogations que d'autres. C'est à l'invitation de Abdelaziz Bouteflika qu'il a été reçu en grande pompe par les plus hauts responsables du pays alors qu'il n'occupe, pour l'instant, aucune fonction officielle en Tunisie, si ce n'est celle d'être le chef d'un parti islamiste qui a certes remporté les élections, sans plus. Pour être plus exact, un parti d'où est issu le futur chef du gouvernement. Beaucoup s'interrogent pourquoi autant de faste et de libertés prises avec le protocole pour une telle visite, qui s'est achevée hier par un déjeuner «officieux» dans une annexe du Palais du peuple avec le président de la République en présence des membres de l'Alliance ! Les apparences seront doute ainsi sauvées vis-à-vis d'un homme politique retombé en «odeur de sainteté» depuis la Révolution du jasmin et le sacrifice du malheureux Mohamed Bouazizi, alors que dans les années 1990, on jugeait sa présence sur le territoire national plus que gênante.
Mais au-delà des insondables intentions des initiateurs de cette première sortie du leader islamiste tunisien sur la scène internationale, alors que certaines chancelleries occidentales qui se sont impliquées plus fortement dans les changements qui ont marqué une partie du Maghreb ont tardé à reconnaître la victoire d'Ennahda le 23 octobre dernier et à féliciter son chef accueilli comme une personnalité de premier rang par le second personnage de la République, en l'occurrence M. Bensalah et reçu par le Premier ministre Ouyahia, Rached Ghannouchi n'aura pas caché la sienne, à savoir qu'il n'était pas ici «pour exporter la révolution mais un modèle». Un modèle d'islamisme qui n'a pas encore fait ses preuves dans l'exercice du pouvoir. Toujours est-il que l'on découvre ainsi l'habileté et les contorsions dont est capable un homme politique comme Rached Ghannouchi qui se comporte comme un voyageur de commerce qui veut vendre ce modèle somme toute virtuel, cocktail de démocratie et d'islamisme dont on a du mal à imaginer quel sera son application dans la réalité. C'est précisément ce qui fait peur aux femmes tunisiennes qui voient, dans la duplicité des islamistes, le risque de perdre un statut privilégié en matière de droits unique dans le Monde arabe. Tout comme on ne peut se contenter de l'argument commercial pour «vendre» ce modèle tunisien qu'il veut s'inspirer de l'expérience de l'AKP turque, islamisme «soft» s'il en est, et ce, depuis une décennie.
Et qui, en soi, est d'être suffisant et encore satisfaisant. Car si la Turquie «surfe» aujourd'hui sur une vitalité économique enviée, elle n'en détient pas moins aujourd'hui, par la grâce des islamistes de l'AKP depuis près d'une décennie, le record de journalistes en prison ' pas moins de 70 ' et celui d'intellectuels arrêtés et détenus au mépris des libertés d'expression et d'opinion ' près de 8000 attendent aujourd'hui leur procès. Que dire d'autre, sinon que la répression des Kurdes de Turquie se poursuit, le gouvernement AKP n'hésitant pas à les bombarder jusqu'aux contreforts irakiens. Quant à Abdullah Oçälan, leur leader emprisonné, il n'est pas près de retrouver la liberté. Imaginons un instant ce que serait une «interface» de l'AKP chez nos islamistes qui ne reculeraient pas à envoyer l'aviation sur la Kabylie, par exemple, ou alors mettre Ferhat M'henni en détention à vie ! Est-ce là le modèle qu'on veut nous vendre et que le pouvoir actuel serait enclin à acheter '


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