Dangereux amalgame !
Alors que les experts nationaux et internationaux tentent depuis l?apparition du terrorisme en Algérie de cerner le phénomène dans sa complexité, le ministre de l?Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, commentant les derniers attentats sur les ondes de la radio Chaîne I, balaie d?un revers de la main toutes les thèses émises en s?en allant puiser ses arguments dans l?actualité politique du moment. Comme si le terrorisme était un phénomène spontané et les kamikazes des manipulations génétiques de laboratoires. Même s?il prend la précaution de préciser qu?il s?agit d?une « hypothèse » tout en estimant par ailleurs qu?elle est tout à fait « probable », le ministre de l?Intérieur voit un lien direct entre ces attentats et la campagne portée par certains partis et organisations pour la candidature de Bouteflika en vue d?un troisième mandat. Depuis la mise en ?uvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, les cercles officiels, les partis et organisations qui soutiennent le programme du président Bouteflika s?empressent, à chaque attentat, de dénoncer les ennemis de la réconciliation nationale qui seraient, selon eux, derrière ces attentats, car ne voulant pas d?une Algérie apaisée et fraternelle. Dans le lot, on met indistinctement et de manière insidieuse les islamistes intégristes qui refusent de répondre à l?appel de la réconciliation, mais aussi toutes les voix du camp démocratique qui avaient émis des réserves ou se sont et continuent de s?opposer farouchement à cette politique jugée aventureuse et suicidaire. Dans ses dernières confessions, le ministre de l?Intérieur a remis au goût du jour le débat sur le terrorisme en nous faisant découvrir une facette méconnue jusqu?ici, à savoir ces manipulateurs de l?ombre que sont les adversaires au troisième mandat de Bouteflika qui se cacheraient derrière le terrorisme pour torpiller ce projet. Cet amalgame qui consiste à désigner à la vindicte populaire tous ceux qui oseraient défendre le principe démocratique de l?alternance au pouvoir et le strict respect de la Constitution est dangereux. Car cela signifie que quiconque émettrait la moindre réserve à la perspective d?un troisième mandat de Bouteflika est un terroriste potentiel qu?il faudra combattre et neutraliser physiquement et politiquement en le contraignant au silence. La déclaration du ministre de l?Intérieur contient trois messages forts à destination de l?opinion et de la classe politique. La première se veut une confirmation officielle de la candidature à un troisième mandat de Bouteflika de la bouche d?un ministre d?Etat et qui de surcroît passe pour être un proche du président de la République. Jusqu?ici, l?information revêtait un caractère officieux dans la mesure où le chef du gouvernement qui s?est le premier investi dans ce projet avait précisé qu?il le faisait au nom de son parti, le FLN. Le second message résonne comme un appel quasi-officiel au soutien à la candidature de Bouteflika et l?amorce de la campagne préélectorale. Le troisième message se décline comme une redoutable arme dissuasive contre les adversaires de la poursuite du programme de Bouteflika et par conséquent de la réussite du projet de réconciliation nationale. La boucle est ainsi bouclée.
Posté Le : 15/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Omar Berbiche
Source : www.elwatan.com