Algérie

Dahmane Azzoune, la remise à flots



Dahmane Azzoune, la remise à flots
Dans une très forte exposition, organisée le jeudi 4 février 2016, et dans une ambiance baignée dans l'émotion, une soirée a été organisée en hommage à l'artiste plasticien Dahmane Azzoune.L'Hôtel Sheraton Resort and Towers a ouvert ses salles pour une exposition-vente qui s'est illustrée par son caractère fondamentalement humaniste. Aux manettes, Naïm Soltani éditeur de revues, et des humanitaires de l'émission «El yed fel yed» qui rénove des boutiques et remet à flot des carrières par l'intermède de faits solidaires. Cette fois-ci, la rencontre sort de l'ordinaire, elle met en avant, ou remet en avant un personnage hors du commun qui a sombré dans l'oubli et est tombé dans une situation complètement ingérable suite à une fâcheuse dépression et des accidents de la vie répétés comme autant de coups de boutoirs d'un sort féroce.Le plasticien Dahmane Azzoune, véritable maître de la sculpture moderne et de l'art contemporain algérien s'est enfin retrouvé par un coup de hasard heureux remis à flot par ses amis et par l'entremise de Naïm Soltani qui pour cette fois a transigé sur son habituelle émission « El Yed fel Yed » rénovant les boutiques. Pour cette fois, il a décidé de rénover l'appartement de Dahmane Azzoune dans un but humanitaire suite à la découverte fortuitement de la très difficile situation dans laquelle se trouvait ce grand artiste aux qualités exceptionnelles.L'initiative a donné lieu à la vente de nombreux travaux de cet artiste qui reste une référence par rapport au Pop Art algérien. Bien des jeunes qui s'affirment pop-artistes ou néo pop-artistes en Algérie ne savent point qu'il est un des précurseurs de cet art en Algérie, le pratiquant ainsi depuis plus de quarante années. Cette grande exposition organisée lors d'une soirée reste une initiative ouverte à d'autres manifestations de solidarité adressées à ce plasticien qui mérite toute notre attention, on notera la présence à cette soirée, outre de nombreux artistes amis de Dahmane Azzoune, celle du ministre de la culture algérien, Azzedine Mihoubi qui dans une locution marquée par l'émotion a tenu à prendre une photo avec les artistes présents, tout en marquant au passage son intérêt pour cette opération de solidarité qui sera pour le ministère algérien l'occasion d'acheter quelques pièces de l'artiste et de créer pour lui un beau livre qui retracera son long parcours artistique et le fixera ainsi pour l'éternité dans l'histoire de l'art algérien.Dahmane Azzoune retrouve ainsi la route de la prospérité même si le reste de son parcours reste difficile car ayant un fracture au bras et à la hanche suite à un terrible accident, mais gageons qu'avec un moral reboosté et des preuves d'affections de ses amis et de son public, il ne manquera pas de reprendre l'initiative. Le très manuel Azzoune, ne saurait se contenter de simples crayonnés dont se régalaient ses collègues comme Rachid Djemaï et bien d'autres à l'Ecole des beaux-arts d'Alger dans les années 1960.Abderahmane Azzoune, est né un 16 janvier 1948 à Alger, on croit savoir que c'est un enfant de Belcourt, sculpteur et artiste peintre, il obtient un diplôme de l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger en 1968 et un diplôme de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris en 1974, il est membre du Groupe des 35 artistes.On le verra dans de nombreuses expositions à l'Unac qu'il fréquentera d'ailleurs beaucoup dans les années 1980-1990, il présentera ses travaux un peu partout en Algérie à Cherchell, Tipasa, l'Oref, et certaines de ses ?uvres ne manqueront pas de faire un tollé, comme ce fameux sein sculpté en résine époxy, matériau qu'il maîtrisait à merveille. Certaines de ses sculptures exposées à l'Unac marquent encore les esprits par la parfaite maîtrise de la matière dont fait preuve à nos jours cet alchimiste de la forme.Il reste un hybride original marquant, qui entre Wharhol et Rauschenberg laisse vivace sa marque de fabrique « azzounienne » par un instinct féroce de la domestication de toutes les textures. Grande gueule dans la vie comme dans la peinture, il fait fi de toutes les conventions mêlant au passage la relative trivialité du vinyl avec la noblesse de l'or et du cuivre dont il utilise la lumière en réalisant des peintures inspirées des mayas dans une formidable synthèse des sens.Brutal et rugueux dans sa manière de voir les choses, Azzoune est pourtant un grand timide à l'humanité à fleur de peau, il réussit entre techniques de gravures, d'estampes et de monotype à construire des assemblages de formes hétéroclites où le papier journal sied avec le papier peint et où la peinture aux délicats roses fuschias, se mêle élégamment aux peintures brutes et aux matières glanées ici et là pour trouver l'harmonie d'une composition jamais brutale, jamais indue.Abderahmane Azzoune, enfant terrible du Pop-Art algérien, rebelle permanent, ronchon et toujours lucide s'en allait souvent les mains dans les poches aux beaux-arts d'Alger comme si de rien n'était, piquant ici et là des feuilles de dessin usagées, se faisant prêter quelques crayons, il s'arrangeait pour réaliser les meilleurs dessins, les meilleurs rendus, rendant fous ses collègues garçons et filles, ce qui l'a adoubé comme personnage immortel et attachant devant ses pairs, et aujourd'hui devant une injustice historique qui l'a mis de côté et qui, dans cette remise à flot, mérite l'intérêt que l'on remet sur lui.Tant-mieux pour l'histoire de l'art algérien qui retrouve un de ses fils. Une rétrospective serait méritée en sus de ce livre promis par monsieur Mihoubi, en attendant, la suite de cette aventure se fera probablement à la Galerie Sirius sur initiative de Valentina Ghanem et aussi dans la maison Galerie aux portes ouvertes de l'artiste Moussa Bourdine...De bonnes âmes à l'empathie féconde en générosité, juste pour le plaisir de voir un artiste remonter la pente...




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