Avant le 11 septembre 2001, le terrorisme d'essence islamiste s'appelait GIA, MIA, Fida, Gspc. Il était algérien. On le nommait aussi Al-Qaïda. Il était alors régional et panislamiste, mais étalait sa capacité de nuisance sur la mappemonde. Il se nomme aujourd'hui Boko Haram et est autochtone, spécifiquement nigérian et s'exprime désormais hors des frontières de son pays de naissance. Il est dénommé Chebab et est somalien dans la Corne de l'Afrique. Il est aussi tunisien sous le nom d'Ansar al-Charia. Il est également libyen avec les appellations d'Ansar al-Charia ou du GIC, et, désormais, sous la forme d'une redoutable succursale de Daech en Cyrénaïque. On l'a connu par ailleurs sous le nom de Gamaat Islamiya en Egypte et, maintenant, sous le label d'une filiale de l'EIL dans le Sinaï. Il frappait d'autre part en Tchétchénie, sous couvert notamment d'indépendantisme, et a pour noms de leaders Doudaev en 1996, Khattab en 2002, Iandabiev en 2004, Mashadov en 2005 et Bassaëv en 2006. Il est, en Asie du Sud-est, la Jamaah Islamiyah (JI), l'organisation terroriste la plus dangereuse et la mieux organisée dans la région. Al-Qaïda a inspiré et appuyé sa création pour en faire la première organisation criminelle de la région, trois ans seulement après la fin de la guerre d'Afghanistan. La JI prônait le Dawlah Islamiyah Nusantara soit un super Etat islamique englobant la Malaisie, l'Indonésie, le sud des Philippines et comprenant aussi Singapour et Brunei. Il est, the last but not the least, Aqmi en Afrique subsaharienne. Représentation sahélienne d'une Qaïda supplantée désormais, partout, par Daech. Un Etat islamique au Levant qui a ses succursales en Syrie et au Yémen et des affidés spontanés partout dans le monde qui lui font acte d'allégeance.Aujourd'hui comme hier, le terrorisme, même s'il est nihiliste, n'est pas une créature ex-nihilo. Il est aussi, d'une certaine façon, le produit d'une manipulation de labos du Big Brother et néanmoins apprenti-sorcier américain. Sous prétexte de contrer Satan, quelque part sur la carte du monde où dorment d'immenses réserves d'hydrocarbures, il crée des diables salafistes comme Al-Qaïda hier et telle Daech aujourd'hui. Ou bien, dans une vision supposée stratégique, il oppose islam sunnite et islam chiite. C'est ainsi que Ben Laden est sorti des éprouvettes pour contrer d'abord l'Urss, ensuite déstabiliser le monde arabe islamique pour mieux conforter l'implantation sur place de l'entité sioniste. Il en est de même présentement avec l'EIL, créé et soutenu pour neutraliser le Hezbollah, puissant allié stratégique de la Syrie, faire tomber le régime de Bachar al-Assad et, comme dans un jeu de billard à bandes, affaiblir l'Iran, puissance chiite nucléaire en devenir et ennemi irréductible de l'ami stratégique saoudien ! Mais comme tous les docteurs Folamour et autres apprentis sorciers, les Américains se retrouvent ensuite avec un monstre incontrôlable sur les bras. Et les autres pays, comme l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte, sont du coup confrontés à une menace terroriste permanente à leurs frontières, dont le centre d'émission est un pays voisin, la Libye, terre d'accueil, d'entrainement et de projection d'un terrorisme sous l'étiquette d'un Daech qui dispose de territoires, de recrues et d'une capacité de nuisance militaire et sécuritaire.Effet papillon oblige, et comme dans un jeu de dominos, le monstre ainsi créé, croit et se développe tel un cancer métastatique. Une sorte de thanatocratie islamiste tentaculaire. Une internationale de sicaires monstrueux qui veulent ériger le gouvernement de la mort partout dans le monde, en usant de kamikazes, dont le sacrifice n'a aucun lien avec l'Islam prôné et scrupuleusement pratiqué par leurs coreligionnaires. Ce terrorisme, monstre multicéphale, pratique le tyrannicide en s'appuyant sur un conglomérat de mustadhâafine, des laissés-pour-compte lancés partout contre les toughat, les kouffar et les mourtaddin, les tyrans, les mécréants et les apostats. Il est, depuis assez longtemps déjà, dans une profonde névrose de guerre, une forme démoniaque de suicide dont l'essence est bien la destruction massive, chaque fois que possible et le pluspossible.En application d'un Djihad fétichisé, par respect scrupuleux de la faradhiya el-gha'iba, la sixième obligation absente des djihadistes et des takfiristes, les chevaliers de l'exil et de la rédemption. Mais là, on a dépassé la notion même de Djihad, pour être beaucoup plus dans une fermeture paranoïaque dans laquelle se sont englués des illuminés musulmans de souche ou des convertis zélés, devenus, par étapes, des islamistes-terroristes-égorgeurs-suicidants, eux aussi. Avec comme véritable religion, la violence-homicide proposée à des recrues enrôlées parmi les frustrés du modernisme partout dans le monde, ainsi que dans un gisement inépuisable d'exclus d'une rente pétrolière injustement et infructueusement redistribuée dans le monde arabe.N. K.
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Posté Le : 21/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Noureddine Khelassi
Source : www.latribune-online.com