Algérie


DAECH
DAECH, acronyme français né de la prononciation du nom en arabe de l'Etat islamique en Irak et en Syrie, faussement traduit par l'Etat islamique au Levant (EIL) et devenu, par usage facile, l'EI en deux lettres. Après les attentats du 13 novembre à Paris, les états-majors des grandes puissances occidentales s'interrogent : vaincre militairement Daech ou l'affaiblir durablement ' Le pourrait-on, et si oui, comment ' On ne comprenait pas trop jusqu'ici le concept. Une singulière construction qui est à la fois une armée et une organisation djihadiste et terroriste. Un proto Etat sans frontières délimitées, à cheval sur deux pays, l'Irak et la Syrie, mais qui possède tout de même une assise territoriale de la taille de la moitié de la France, avec une population de dix millions d'habitants. On n'y distingue pas une forme minimale de gouvernement de cet «Etat» qui n'a pas la capacité d'entrer en contact avec les autres Etats sinon par l'agression terroriste caractérisée. En revanche, l'Etat islamique possède une trentaine de succursales spontanées sous la forme de groupes terroristes lui ayant fait allégeance en Afrique et en Asie. Il ne se finance pas seulement par le pétrole. Il tire ses revenus du casse de la succursale de la Banque centrale irakienne à Mossoul (500 millions USD), du racket de la population locale, des trafics de drogue et d'armes, des ventes de cigarettes et de divers produits contrefaits, sans oublier les généreux dons de mécènes et d'organisations caritatives des pays du Golfe, Qatar et Arabie saoudite en tête. Partant de toutes ces données, Daech est différent d'Al Qaida qui est plus un label duquel on se réclame, une idée de ralliement, avec un centre et une périphérie sans fondement territorial précis. Et, contrairement à l'organisation quasi virtuelle d'Oussama Ben Laden, l'EI possède à la fois une armée, des bandes de guérilla, une légion de volontaires de tout bord et des groupes terroristes. Des chars, de l'artillerie, des milliers de Humvees et des pick-up. En termes militaires, Daech combine la guerre de positions et le terrorisme. Guerre de positions en Irak et en Syrie et terrorisme protéiforme transfrontière. Et depuis janvier 2015 en France, premier pays européen ciblé de manière très spectaculaire par des opérations inédites par leur nombre, leur ampleur, leur simultanéité et leur mode opératoire combinant diverses techniques. Dans le terrorisme, l'EI utilise toute la gamme de la terreur et les meurtres de masse. En somme, une «terroguérilla» rurale et urbaine. Avec des équipes bien entrainées et surdéterminées comme l'ont montré celles qui ont perpétré les attaques de janvier et novembre 2015 à Paris et l'escouade neutralisée récemment à Saint-Denis. Le groupe mobilisé éclate alors en plusieurs commandos pour mener des attaques simultanées et répandre ainsi la terreur et la psychose conséquente à grande échelle. S'inspirant en cela notamment des Tigres Tamouls et des attaques à Bombay en 2008 (173 tués, 312 blessés), de Beslan (344 morts, dont 186 enfants, en septembre 2004) en Ossétie du Nord, et de Moscou, avec les 129 otages massacrés lors de l'attaque du Théâtre de la Doubrovka par des terroristes tchétchènes en 2002. Comme on le voit, la technique est un mélange de raids combinés, de mitraillage à tout va et de prises d'otages sanglantes. Techniques du meurtre de masse auxquelles il faut ajouter le recours au terroriste-suicidaire, le suicide bomber, comme dans les territoires occupés palestiniens. Bref, une expérience mixte de guérilla transférée sur le «champ de bataille» de la société civile. Face à cette forme de guerre pernicieuse menée par un adversaire presque insaisissable et pas toujours prévisible, les Etats ont des armes défensives, offensives et procédurales (la loi), mais aussi le renseignement technique et surtout humain. Une coopération qui doit être fluide entre tous les Etats et une meilleure coordination entre les services d'un même pays plus que souhaitable. Et, ne pas l'oublier, la résilience de la société et sa précieuse coopération dans le combat de tous les instants contre un ennemi connu, mais souvent invisible et imprévisible.N. K.




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