Cheick Omar Dabo, l'attaquant emblématique de la JS Kabylie durant la saison 2006-2007, a été choisi comme meilleur joueur et a fini meilleur buteur du championnat algérien durant cette saison. Dans cette interview exclusive, il revient avec nostalgie sur son vécu dans le club, évoquant les moments forts qui ont façonné sa carrière. Maintenant à la retraite, Dabo partage également ses réflexions sur la transition vers une nouvelle étape de sa vie, tout en restant profondément attaché au football et à ses fans. Alors, que devient cheick Omar Dabo ? Azul, actuellement, je suis agent de transit et je travaille dans l'import-export. Parallèlement, je suis responsable d'une école de football près du Havre, où j'occupe également le poste de directeur sportif de l'équipe première. Vous êtes donc toujours impliqué dans le football? Oui, effectivement, je suis toujours impliqué dans le football. Je m'occupe des jeunes de cette petite école de formation ainsi que de l'équipe première. Mais mon travail ne m'empêche pas de jouer des matchs avec les vétérans à chaque fois que l'occasion se présente. Nous ne pouvons pas abandonner le football aussi facilement. Ça ne vous manque pas Tizi Ouzou ? Bien sûr que Tizi me manque, même trop. Il est prévu que j'y fasse un tour, surtout maintenant que je vois que nous sommes provisoirement à la première place. Je me dis donc que c'est le moment idéal pour y aller, revoir les amis et ressentir cette ferveur qui anime la ville. Vous suivez encore la JSK ? Oui, j'essaie de suivre les résultats de l'équipe à chaque match, et je reste à l'affût des dernières nouvelles du club. C'est mon club de c?ur, alors je m'efforce de rester informé de tout ce qui le concerne. Quel bonheur de voir la JSK revenir en tête du classement après des années de galère. Elle est enfin là où elle mérite d'être. Vous avez vécu de bons moments avec la JSK, n'est-ce pas ? L'un des moments les plus mémorables que j'ai vécus à la JSK fut le jour de mon premier match avec l'équipe. Je me souviens que c'était à Alger, contre l'Asante Kotoko. J'ai fait mon entrée sur le terrain et, sans attendre, j'ai marqué un but. Me retournant vers le public, j'ai été submergé par l'émotion. C'était incroyable. Je me suis alors dit : « aouh, voilà donc le peuple kabyle. Tu es vraiment chanceux, Cheick.» Je n'oublierai jamais ce jour-là. Un moment de déception a la JSK ? Le dernier match que j'ai joué à Tizi Ouzou a été particulièrement émouvant. J'ai versé des larmes, car je prenais conscience que je quittais un club qui m'avait toujours chéri, des supporteurs qui avaient toujours été à mes côtés. Je partais d'un club que j'aimais de tout mon c?ur, et cela était douloureux pour moi. Quels ont été les défis majeurs que vous avez rencontrés pendant votre carrière ? Pour un footballeur professionnel, il est toujours question de viser le sacre. Un joueur pense constamment à remporter des titres, tant collectifs qu'individuels, mais pour y parvenir, il doit travailler dur. C'est là que réside le défi majeur. Comment la vie après le football a-t-elle été pour vous ? La vie après ma carrière de footballeur a été marquée par une transition douce, grâce à la chance que j'ai eue de continuer mes études tout en jouant au football. J'avais déjà obtenu un BAC +2, ce qui m'a permis de rebondir sans heurts une fois mes crampons accrochés. Plutôt que de voir la fin de ma carrière comme une fin en soi, je l'ai perçue comme une nouvelle étape, un nouveau chapitre à écrire. J'ai poursuivi mes études, explorant des domaines qui m'intéressaient mais que je n'avais pas eu le temps d'approfondir pendant ma carrière sportive. J'ai suivi de nombreuses formations, chacune enrichissant mon bagage intellectuel et professionnel. Ces nouvelles compétences m'ont offert une palette de choix étendue pour mon avenir. Avez-vous eu des difficultés à vous adapter à la vie sans le football ? Oui, s'adapter après une carrière de footballeur est toujours un défi de taille. On passe d'un univers où l'adrénaline des stades, la camaraderie des vestiaires et la poursuite incessante de la victoire rythment le quotidien, à une réalité bien différente. C'est un autre monde, une autre vie, un autre métier. Il y a cette croyance répandue que pour ceux qui ont connu la gloire sur les terrains, la transition vers une vie post-carrière serait aisée. Pourtant, la réalité est tout autre. C'est extrêmement compliqué. On doit non seulement redéfinir qui l'on est en dehors du football, mais aussi trouver de nouveaux buts, de nouvelles passions, et parfois même se réinventer professionnellement. Il est important de savoir comment gérer cette transition avec sagesse et prévoyance. Cela implique souvent de se préparer à l'avance, de développer d'autres compétences ou intérêts, et de se construire un réseau en dehors du monde du football. Comment avez-vous géré cette transition ? L'éducation que j'ai reçue de mes parents m'a permis de comprendre tout cela dès mon plus jeune âge. J'ai toujours su que je prendrais un jour ma retraite et que je devrais arrêter de jouer au football. Je savais qu'une carrière de footballeur ne dure qu'une petite partie de la vie, et non toute une existence. Cela m'a poussé, d'une part, à avancer dans mes études et, d'autre part, à investir mon argent judicieusement durant ma carrière plutôt que de le gaspiller. Au final, tout cela m'a permis d'être un peu plus à l'aise après avoir arrêté de jouer au football. Quel impact votre carrière a-t-elle eu sur votre vie personnelle ? Écoutez, j'ai joué dans plusieurs pays tout au long de ma carrière professionnelle, ce qui m'a souvent empêché d'être aux côtés de ma famille et de mes enfants. Même si je les voyais de temps en temps, le fait de parcourir les terrains et d'enchaîner les saisons m'a, quelque part, empêché de les voir grandir. Un joueur de football est confronté à vivre cela tout au long de ses aventures footballistiques. Depuis que j'ai arrêté, j'ai tout fait pour le bonheur de mes enfants, pour rester et être toujours aux côtés de ma famille. Qui était beaucoup plus proche de vous à la JSK ? Personnellement, j'étais proche de tout le monde à l'époque où j'étais au club. Nous avons vécu comme une grande famille à la JSK, mais la relation qui m'a lié à mon président était tout simplement incroyable. Le regretté Hannachi était une personne formidable, exceptionnelle. Il s'est toujours assuré que nous nous sentions à l'aise ; exigeant certes, mais doté d'un grand c?ur. Il nous considérait comme ses propres enfants. C'est pourquoi nous avons toujours cherché à le rendre heureux. Je ne l'oublierai jamais. Repose en paix, Président. Deux de vos compatriotes évoluent actuellement au club, Koné et Kanouté. Les connaissez-vous ? Si oui, pensez-vous qu'ils peuvent réussir à la JSK ? Je connais bien Koné, je l'ai vu jouer ici en France. C'est un joueur intéressant, tant défensivement qu'offensivement. Je pense que son profil sera bénéfique pour l'équipe. En ce qui concerne Kanouté, je ne le connais pas très bien, mais j'entends dire beaucoup de bien de lui et sur sa manière de jouer au milieu de terrain. Ils ont tout intérêt à donner le meilleur d'eux-mêmes à la JS Kabylie, sinon...(rires). Un mot aux supporteurs de la JSK? Les fans de la JSK m'ont toujours aimé, et j'ai toujours aimé ce club. C'est mon club de c?ur, bien que je suis Malien, formé au Djoliba AC et ayant joué dans plusieurs clubs à travers différents pays. La JSK restera à jamais l'histoire la plus marquante de ma carrière. J'en serai toujours un fervent supporteur. D'ailleurs, je garde précieusement un cadre avec une photo de moi entouré des supporteurs du club dans mon bureau jusqu'à ce jour, et je ne pourrai jamais m'en séparer. Je voudrais également leur dire de rester derrière leur équipe, coûte que coûte, car vous représentez un club mondialement reconnu grâce à son histoire. Soyez unis, et les moments de gloire reviendront tôt ou tard à la maison kabyle, j'en suis certain. I.
Posté Le : 21/12/2024
Posté par : presse-algerie
Source : www.competition.dz