Algérie

D'un collectif citoyen «Vous êtes notre moteur du vendredi»



C'est ce vendredi 11 octobre, à l'occasion de la 34e journée du hirak, que ce beau document nous a été remis par une représentante du CICC, en marge d'une action de solidarité que ce groupe organisait près de la Fac centrale, à quelques pas du carré féministe.De tout c?ur avec vous, vous êtes notre fierté. Vous avez tout un peuple derrière vous. On ne vous abandonnera jamais !» «On ne vous laisse pas tomber, nous continuons la lutte. Gardez le moral. Nous sommes sur le bon chemin» «Vous êtes notre fierté (?). Vous êtes entrés dans l'histoire à jamais !» «Vous êtes l'honneur de la révolution du Sourire !»
«Vous nous rendez forts, merci !» «L'histoire écrira que vous avez été des héros. Que Dieu vous libère et libère l'Algérie»? Ce sont là quelques messages adressés par des citoyens aux détenus d'opinion. Ils figurent dans un recueil réalisé par le Collectif initiatives citoyennes pour le changement (CICC). Des messages qui font chaud au c?ur et qui méritent la plus large diffusion possible.
C'est ce vendredi 11 octobre, à l'occasion de la 34e journée du hirak, que ce beau document nous a été remis par une représentante du CICC, en marge d'une action de solidarité que ce groupe organisait près de la Fac centrale, à quelques pas du carré féministe. Deux banderoles étaient déployées pour cette action, sur lesquelles étaient gravés les noms des détenus politiques.
Il faut dire qu'avec la frénésie des arrestations qui ont touché des dizaines de manifestants et autres figures emblématiques du hirak, les gestes citoyens se multiplient pour exprimer la solidarité du mouvement populaire avec ses enfants, ses animateurs et ses cadres. On l'a vu encore ce vendredi où de nombreux manifestants arboraient les noms et les portraits de leurs camarades injustement incarcérés.
«Un hymne à la gloire de nos camarades en prison»
Le Collectif initiatives citoyennes pour le changement innove en lançant cette belle campagne de solidarité qui consiste à inviter des citoyens de tout bord à écrire des messages de soutien aux détenus pendant les manifs du vendredi. La collecte des messages s'est déroulée place Audin durant deux vendredis. Cependant, la plupart des messages sélectionnés dans ce recueil sont datés du 23 août 2019, correspondant au 27e vendredi du hirak.
«Nos concitoyennes et concitoyens, sollicités pour dire un mot en solidarité avec les détenus d'opinion (?) ont répondu massivement. Presque un millier de messages ont été récoltés, dont une petite partie est rassemblée dans ce document» indique le collectif.
Intitulé sobrement Messages de soutien aux détenus d'opinion, le recueil, de facture artisanale, est composé d'une soixantaine de pages manuscrites, au format A4. Les messages y sont reproduits tels quels, en conservant la graphie originale. Le document est dédié «à toutes et tous les détenu(e)s à travers toutes les wilayas, et surtout à Monsieur Lakhdar Bouregaâ, notre héros national».
«Nos mots de présentation de ce document ne sauraient être plus longs ni plus profonds que ceux exprimant fraternité et solidarité à nos valeureux concitoyens se retrouvant aujourd'hui derrière les barreaux pour leur courage à dénoncer un système corrompu, pour avoir crié le désir d'un changement vers une nouvelle Algérie», soulignent les auteurs de cette belle initiative en ouverture du recueil.
Par ce geste, ils entendent «leur rendre un modeste hommage et leur dire que leur lutte ne sera pas vaine et l'acheminement vers la libération de notre pays est inéluctable. C'est donc plus qu'un simple recueil mais un hymne à la gloire de nos camarades en prison».
Le document est principalement destiné «aux familles des détenus, au Comité national pour la libération des détenus, au Réseau de lutte contre la répression et pour la libération des détenus, au collectif des avocats». Sans oublier bien évidemment les premiers concernés, les détenus eux-mêmes, qui ne seront certainement pas insensibles à ces formidables marques de sympathie.
«Je suis dans la marche, mon fils»
Les mots consignés dans ce recueil sont rédigés en français, en arabe, en derja, en tamazight et même en anglais. Quel que soit le choix idiomatique, les messages sélectionnés sont surtout écrits dans la langue du c?ur. Extraits : «Honneur à vous, mes très chers. Fierté et respect ! Tenez le coup, bientôt la fin inch'Allah», «Chers frères et s?urs, gardez le moral et l'espoir. La liberté est proche.
On pense à vous. Vive le hirak, vive l'Algérie !» «Bientôt l'indépendance et vous serez tous libérés !» En feuilletant le recueil, on ne peut que s'incliner devant des paroles extrêmement puissantes comme celle-ci : «Vous êtes l'expression même de la liberté. Vous êtes notre moteur du vendredi. Vous nous motivez. On vit par vous et pour vous. N'ayez pas peur, le pays se libérera de cette maffia. Et votre sourire et votre force seront notre essence.»
Parmi ce florilège émouvant, ces mots d'une maman adressés à son fils prénommé Fayçal : «Ya oulidi t'halla fi rohak (prends soin de toi mon fils). Dieu est à vos côtés. Je suis dans la marche et on ne s'arrêtera pas.» Autre pensée touchante : celle d'une fille de chahid «disparu en 1957».
Elle a 64 ans, précise-t-elle, et est de santé fragile. «Malgré une intervention très lourde, je suis là pour crier mon affection et mon amour pour vous, la très belle jeunesse de ce très beau pays. Nous savons que vous avez été arrêtés à tort, pour avoir vendu des pin's ou brandi le drapeau amazigh.
Nous ne vous oublions pas. Qu'Allah vous donne la force pour vaincre. Vous êtes notre fierté !» Tahar, un médecin exerçant à Cherchell, a pour sa part eu cette réflexion cinglante : «Victime de la mafia au pouvoir, moi, citoyen incomplet, je ne serai un citoyen complet qu'à votre libération. Nous n'arrêterons pas de nous battre jusqu'à votre libération et la nôtre aussi.»
Une citoyenne, qui signe Assia, votre s?ur de c?ur, tient à rassurer ses s?urs et frères embastillés : «Ne vous inquiétez pas, on est nombreux à vous soutenir. Gardez votre courage. L'Algérie est sur le chemin de la victoire. Tahia El Djazaïr !»
«Vous êtes nos héros»
On ne peut plus s'arrêter et on n'a qu'une envie : c'est de retranscrire tous les textes qui composent cette remarquable anthologie de la dignité qui doit être absolument éditée, relayée sur les réseaux sociaux, distribuée dans toutes les prisons, et cette initiative citoyenne reconduite tous les vendredis.
On continue : «Nous sommes avec vous jusqu'à la libération, vous êtes nos héros» ; «Je suis sûr d'une chose : echedda t'zoul, mais vous serez des braves parmi les braves à vie !» «Vous n'êtes pas des victimes, vous êtes des héros. La nouvelle Algérie saura se souvenir de ses meilleurs enfants.
Patience et courage, c'est très bientôt la fin de ce système» ; «Pour nos détenus, le printemps ne sera que plus beau.» Un hirakiste solidaire promet : «Wallah ma rana habssine (on ne s'arrêtera pas).» Un autre consigne ces mots bouleversants : «Vous nous manquez beaucoup tous les vendredis.
Mais nous sommes de tout c?ur avec vous, vive la liberté, ensemble nous vaincrons !» Plusieurs de ces écrits insistent sur le devoir de mobilisation pour la libération des camarades incarcérés : «Notre mission est de vous libérer, tenez bon !» «Tous unis pour vous libérer. Signé : le peuple», «Marakoumche wahadkoum, courage (vous n'êtes pas seuls) !» Un hirakiste emprunte la devise des supporters du club de Liverpool en martelant : «You'lle never walk alone (Vous ne marcherez pas seuls).»
D'autres se sont évertués à souligner la place particulière des détenus politiques dans la mémoire collective : «Courage ! La prison est l'école des révolutionnaires» ; «Vous êtes les moudjahidine de 2019» ; «De tout c?ur avec vous ! Vous symbolisez les détenus de la révolution algérienne comme l'ont été vos ancêtres. Nous sommes fiers de vous» ; «Chers frères, on ne vous oubliera jamais. Nous sommes solidaires. Courage, vous êtes nos leaders !»
Une citoyenne fait ce serment : «Aux enfants des détenus, nous ne rentrerons pas chez nous jusqu'à ce que vous soyez hors des prisons. Que Dieu vous apporte la victoire !» Autres pensées pleines de détermination : «On ne vous lâchera pas quitte à vous suivre» ; «Courage : nous sommes toujours là avec vous, tenez bon ! Nous ne vous abandonnerons pas, jamais !» (signé : «Une s?ur qui vous embrasse très fort»).
Nadia a cette formule épique : «Du fond de vos cellules, tendez l'oreille et écoutez-nous scander ?'On ne vous oublie pas''.» Enfin, retenons ces lignes enchantées laissées par un garçon de 12 ans, Ilyès : «Vous avez marché, vous vous êtes fait capturer sans raison. Mais ne vous inquiétez pas car vous n'êtes pas seuls. Vive la liberté !»


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