Algérie

D'où vient l'argent du comité '



L'argent vient également des dons des émigrés, des amendes (31 620 DA en 2006), des dons (40 millions de centimes en 2006), des zerdas que le village organise, de la location de la salle des fêtes, du kiosque multiservice, du bois et des oliviers du village. Bien sûr, les subventions de l'Etat sont rares, pour ne pas dire inexistantes. La gestion financière de l'argent collecté est gérée par le trésorier du comité sous l'égide d'un commissaire aux comptes. Au premier jour de chaque mois, le bilan financier est affiché sur la place publique à  l'intention des citoyens.  Chaque fin d'année le bilan moral et financier est présenté à  l'assemblée générale avant d'être affiché publiquement. La transparence est une vertu cardinale comme en témoigne cheikh Bouhou : «La confiance c'est bien, la transparence c'est mieux.» Bien entendu, il ne se suffit pas de s'organiser et de cotiser pour faire marcher les affaires publiques. L'autre point fort du village est sa discipline. Une discipline codifiée sous forme de règlement général débattu et approuvé par tous en assemblée générale. Pour cela, il a fallu exhumer un vieux «qanoun [édit]» du village ; l'un de ces codes de conduite communs à  tous les villages dans la Kabylie d'avant l'occupation française, et l'adapter aux temps modernes (voir encadré). A chaque assemblée générale du village, tout foyer est tenu de se faire représenter par une personne majeure. L'honorable agora n'est pas une foire d'empoigne, mais un cénacle où la parole est distribuée par qui de droit. Une intervention sans autorisation est sanctionnée par 50 DA d'amende, un écart de langage 10 fois plus. Celui qui quitte l'assemblée sans autorisation écope d'une amende de 200 DA. Le volontariat est organisé à  chaque fois qu'il est nécessaire, stipule le règlement. Présence obligatoire de tous les citoyens âgés entre 18 et 60 ans. Pas question de venir en promeneur du dimanche, il faut se munir d'un outil de travail. Outre l'enterrement qui est rigoureusement réglementé, les autres chapitres sont consacrés à  l'hygiène et à  l'environnement, à  la gestion de l'eau, des biens mobiliers et immobiliers, à  la sécurité et à  la quiétude, à  la mosquée et au cimetière puis enfin aux fêtes et rites. Ainsi, beaucoup d'aspects de la vie communautaire sont réglementés. «On fonctionne ainsi depuis 1995», dit Gana Lakhbassen, secrétaire général du comité. A Zouvga, il n'est pas recommandé de s'asseoir sur les tombes du cimetière, de laver sa voiture à  la fontaine du village en été, d'arroser les passants pour la bonne raison que l'on a prévu de gouttière sur la voie publique, de jeter les ordures dans la nature ou d'oublier de nettoyer la salle des fêtes après le repas des noces. Quand toutes les dispositions sont dûment consignées par écrit et approuvées par tout le village, personne ne peut se cacher son indélicatesse ou son incivisme derrière l'ignorance de la loi. Il n'y a pas, non plus, de gendarme, ni de policier, ni même de garde champêtre pour faire appliquer les lois. La responsabilité est collective.


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