Au début de la deuxième guerre punique déclenchée contre Rome, en 219 avant notre ère, le grand stratège et général carthaginois Hannibal Barca passa d'Espagne en Gaule du sud, franchissant les Pyrénées à la tête d'une armée de 40 000 hommes et d'un troupeau d'éléphants non estimé. De là, il se lança dans le plus extraordinaire exploit de l'art militaire et traversa les Alpes, cette fois, avec ses armées et les 37 éléphants restants.
Le recours aux éléphants était un coup de génie logistique : utilisés comme bêtes de somme, ces pachydermes pouvaient transporter en effet des quantités considérables de réserves et c'est ainsi que chaque légion carthaginoise disposait de trente jours de réserves suffisantes pour assurer son autonomie.
Ce n'était pas une nouveauté, d'ailleurs : Alexandre avait utilisé des éléphants aussi bien que des chameaux pour son glorieux périple de l'Egypte à la Perse et à l'Inde.
Quoique difficile, le franchissement des Alpes par une armée n'est pas exceptionnel dans l'Antiquité. C'est la figure de son chef de guerre et la présence des éléphants qui lui donnent un relief unique et ont contribué à sa célébrité.
La question élémentaire qui se pose pourtant dans cet article est la suivante : où donc Hannibal trouva-t-il ses éléphants ? A la fin du IIIe siècle avant notre ère, l'Afrique du Nord, sur laquelle régnait Carthage, n'offrait guère l'environnement nécessaire à ces animaux, qui consomment quelque 200 kg de végétaux par jour. Autant qu'on sache, les cultures céréalières qui firent de l'Afrique conquise, grâce à des travaux d'irrigation et des réservoirs, le « grenier de l'Empire », n'avaient pas encore été créées.
Comme on peut l'observer, les seuls territoires africains où l'on rencontre de nos jours des éléphants se trouvent au-dessous du Sahara, et il est douteux que la frontière subsaharienne ait alors été beaucoup plus au nord qu'aujourd'hui.
Dans son livre « Le Passé de l'Afrique du Nord » (Payot, 1937), E. F. Gautier, professeur de l'université d'Alger, a consacré un chapitre à la domination romaine (pp. 158 et suivantes)... Il y écrit que l'éléphant maugrébien [pour maghrébin] appartenait à une faune résiduelle, comme le cobra, mais insistait sur l'usage du terme « faune résiduelle ».
D'autre sources référent que les éléphants d'Hannibal auraient été de l'espèce Loxodonta africana cyclotis, dite « de forêt », plus petite que l'éléphant d'Afrique actuel (de 2,15 à 2,45 m à l'épaule, contre 4 m pour l'éléphant de brousse africain) et aujourd'hui éteinte. Mais ces éléphants étaient chassés dans ce qui est l'actuelle Erythrée et en Somalie, c'est-à-dire en Afrique orientale. Cela complique encore plus la question, puisque cela suppose un voyage beaucoup plus long...
Ce qui nous ramène au point de départ. Et ce seraient donc des éléphants venant d'Afrique occidentale qu'aurait utilisés Hannibal.
On peut imaginer qu'il les ait fait longer la côte, la traversée directe du Sahara semblant difficile pour les pachydermes. Mais, comme les éléphants ne vont pas très vite, il faut alors supposer que le voyage dura plusieurs semaines.
Incidemment, la même question se pose pour Alexandre (Le Grand) : le plus proche pays dont il ait pu faire venir des éléphants était le Kenya. A moins qu'il les ait fait d'abord venir d'Asie en Egypte pour refaire le chemin en sens inverse.
Une autre question se pose : comment Hannibal nourrit-il ses éléphants ? La traversée des Alpes dura près d'un mois : cela représentait quelque 6 tonnes de fourrage par éléphant. Il ne restait plus beaucoup de disponibilités de charge pour ces bêtes : un éléphant d'Afrique pèse jusqu’à 7 tonnes
Maintes recherches depuis vingt ans ne nous ont pas permis d'éclaircir ce point obscur des guerres puniques.
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Posté Le : 15/08/2022
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : énigmes de l’Histoire
Source : https://www.facebook.com/Tamazgha.Land.of.imazighen/