D'ici et d'ailleurs : Taous Ben Abdesselem, une femme qui a marqué l'artisanat

Elle aura vécu plus que centenaire Taous Ben Abdesselem, tisseuse d'Ath Hichem, village dont les tapis sont de renommée mondiale grâce aux doigts de fée de ces dames de la région. Elles ont hérité depuis des siècles de cet artisanat lié au monde rural et si féminin. Na Taous Ben Abdesselem est née présumée en 1905 au village Ath Hichem à  Aïn El Hammam. Elle a été scolarisée en 1910 et réussit à  son certificat d'études en 1916 pour suivre une éducation dans la tapisserie et devenir enseignante de tissage. Durant la guerre de libération nationale elle s'engage dans la wilaya III. Son mari moudjahid meurt en 1957, tombé au champ d'honneur. Taous Ben Abdesselem est arrêtée puis emprisonnée à  la maison d'arrêt de Ain El Hammam, où elle subira des tortures, puis elle est expulsée vers Alger. Résidant chez son fils aîné, Na Taous reprend le contact avec le FLN. A l'indépendance, elle revient comme enseignante en tapisserie dans son village d'origine. Elle sera nommée directrice du centre technique de la région le 1er novembre 1974, elle y exerça jusqu'à sa retraite en 1989 à  l'âge de 84 ans et meurt à  102 ans. Le réalisateur Sid Ali Mazif a fait un film de 52 mn en 2005 intitulé «Nana Taous». Un film documentaire qui retrace le parcours de plus d'un siècle de cette femme exceptionnelle. Les motifs des tapis sont très symboliques et certains traduisent des messages. Ainsi lorsque qu'une femme a comme cadeau de la part de sa fille mariée un tapis que cette dernière a tissé elle sait à  travers ces motifs si cette dernière est heureuse ou malheureuse. Si le losange interprète le crabe, c'est un signe d'un porte-bonheur, s'il donne à  voir un serpent cela veut dire que la fille mène une vie difficile. Le tapis d'Ath Hichem remonte à  plus de deux siècles.