D'ici et d'ailleurs : Le lait, aliment symbolique éternel

Le lait reste jusqu'à nos jours le breuvage hautement symbolique chez les àªtres humains depuis la nuit des temps. Le lait maternel nourrissant l'enfant est l'aliment sacré, élu par la nature et les religions, celui qui contribue à  la vie du nouveau-né. Le pacte des frères de lait se traduit jusqu'à l'interdiction du mariage entre des enfants ayant tété le même sein, les premiers mois de leur naissance d'une seule personne. Autrefois, les voisines, afin de sceller l'amitié qui les lie les unes aux autres, allaitaient leurs enfants réciproquement. Elles devenaient des sœurs donnant ainsi une nouvelle fratrie à  leur propre progéniture et se dotant d'autres enfants.Toujours au sein de nos populations rurales, le lait est symbole de richesse et d'aisance. Les maisons paysannes possédant des animaux domestiques de traite, vaches, chèvres et brebis sont des maisons bénies qui ne connaissent pas la faim. Le lait est alors offert au voisinage comme offrande (waada ou sadaka). A cet effet, dans certaines contrées, on va chez «le taleb pour qu'il écrive une amulette» à  la meilleure vache laitière afin d'éloigner le mauvais œil. Il en est de même pour les brebis. Dans certaines populations, la dimension symbolique du lait est tellement sacrée que ce breuvage devient l'élément capital d'où ont été créés l'univers et les àªtres vivants. Ainsi, chez les hindouistes, le monde serait né d'une mer de lait vigoureusement barattée par les dieux. Du mélange est sortie la vache consacrée mère nourricière des hommes et dont on ne peut manger la chair. Le lait versé dans les pièces d'une maison longtemps fermée a le pouvoir de chasser les djinns, comme ces quelques gouttes aspergées dans les quatre coins des pièces le soir, avec du sucre attire le bonheur et la chance sous le toit.  En Algérie il y a la générosité envers autrui qui se traduit par cette phrase : «je te fais don de cette chose comme ta mère t'a fait dont du lait de son sein».