Algérie

D'autres procès attendent Tayeb Louh et Saïd Bouteflika



Le procès de l'ancien garde des Sceaux s'est achevé en laissant derrière lui le goût d'un imbroglio juridico-judiciaire non achevé. Au banc des accusés, à la tribune des magistrats juges, tout un monde entouré de robes noires veillant au grain ont fait vibrer, trois jours durant, les murs de la première chambre du tribunal de Dar-el-Beïda.Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Il en reste des mots, souvent lourds de sens, prononcés par deux anciens hauts responsables. Véritable tribun, Tayeb Louh est le second, après Ahmed Ouyahia, à avoir tenu à démontrer sa maîtrise parfaite », selon les avocats, des lois qui l'ont conduit en prison. « Absence de preuves » dans l'affaire Kiffan Mohamed, sexagénaire emprisonné pour avoir refusé de remettre sa petite-fille à son père puis libéré sur ordre de l'ancien ministre de la Justice sur demande de Noureddine Bedoui. « Je n'ai fait que réparer les erreurs dans un dossier mal ficelé, les lois sont claires, les mandats d'arrêt étaient illégaux (...) le Président m'a demandé de réparer ces fautes », se justifie-t-il dans l'affaire Chakib Khelil. Il tacle au passage Belkacem Zeghmati, rappelant qu'il « travaillait sous ses ordres » et qu'il avait rédigé une « lettre d'excuses ».
Débat encore et encore sur ces lois qui ont conduit à son inculpation dans le dossier du président de la cour de Ghardaïa et des hommes d'affaires Mahieddine Tahkout et Ali Haddad. Tayeb Louh est entouré d'avocats qui le présentent comme étant le « ministre le plus pauvre ne détenant qu'une maison familiale (...), une victime également d'un règlement de comptes qui s'est joué au lendemain du 22 février ».
Le juge l'écoute et le condamne à six ans de prison. La peine prononcée à l'encontre de Saïd Bouteflika est très différente. Il écope de deux années de prison pour avoir transmis à l'ancien ministre de la Justice des SMS considérés comme étant une manière de lui recommander Tahkout, Haddad, mais aussi l'affaire de la télévision Beur TV.
L'ex-conseiller du Président déchu ne se défend pas sur le fond de l'affaire. « J'ai grandi parmi les grands hommes de ce pays », assène-t-il à l'ouverture du procès comme à sa clôture.
D'une voix pesée, il affirme détenir « des secrets pouvant ébranler les fondements de l'Etat ». Il n'en dit pas plus et se suffit de faire remarquer que le représentant du ministère public ne lui a posé aucune question, ce qui constitue une preuve de son « innocence », dit-il, avant de révéler qu'il avait été menacé par le juge d'instruction qui l'avait auditionné au moment où il se trouvait encore à la prison militaire de Blida et que ce dernier l'avait inculpé sur la base « d'un dossier truqué ».
Comme pour démontrer qu'il n'a rien perdu de sa personnalité, il tient à saluer son « frère Haddad », jugé par visioconférence à partir de sa prison de Tazoult. L'homme d'affaires écope, lui aussi, de deux années de prison, tout comme Benhachemi Tayeb, ancien inspecteur général du ministère de la Justice. Les condamnations ne sont accompagnées d'aucune amende.
Le président du tribunal a débouté le Trésor public qui voulait se constituer dans cette affaire pour atteinte aux institutions. Tous les mis en cause devront comparaître lors de nouveaux procès, dans d'autres affaires en cours de finalisation.
A. C.


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