Algérie

D'anciennes personnalités, exilées, dans le collimateur de Bamako



Plusieurs personnalités maliennes de premier plan sous l'ancienne présidence sont recherchées depuis que les colonels ont pris le pouvoir en 2020. Le sort de certaines d'entre elles est l'enjeu d'un bras de fer diplomatique avec la Côte d'Ivoire. La brève interpellation de l'une d'elles lundi en France et l'escalade diplomatique des derniers jours entre Bamako et Abidjan a remis en lumière la situation de ces hommes qui occupaient de hautes responsabilités sous la présidence d'Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) jusqu'à ce qu'il soit renversé en 2020 par les militaires. Ils vivent désormais à l'étranger, sans que leur localisation soit toujours claire. La plupart, sauf Oumar Mariko et Karim Keïta, sont poursuivies dans le cadre de deux affaires de corruption présumée: l'achat d'équipements militaires et l'acquisition d'un avion présidentiel en 2014. Les dossiers, ouverts avant 2020, étaient restés inertes jusqu'à ce que les autorités de la transition s'en saisissent après leur intronisation.La semaine passée, elles ont lié la libération de 46 soldats ivoiriens détenus au Mali à l'extradition de personnalités maliennes vivant en Côte d'Ivoire et «faisant l'objet de mandats d'arrêt internationaux». Cela paraît s'appliquer principalement à Karim Keïta et Tiéman Hubert Coulibaly.Selon un tour d'horizon des personnes recherchées que l'hebdomadaire Journal du Mali a surnommées en août «les exilés de la transition», il y a d'abord le fils de feu l'ex-président Ibrahim Boubacar Keïta qui a occupé de hautes fonctions sous la mandature de son père, dont la stratégique présidence de la Commission Défense de l'Assemblée, qui lui donnait un accès privilégié à des dossiers et des marchés sensibles. Il a fui le Mali pour la Côte d'Ivoire après le coup d'Etat. Il est poursuivi dans l'affaire de la disparition mystérieuse d'un journaliste en 2016. Un mandat d'arrêt international a été émis par Interpol début juillet 2021.
Dernier Premier ministre de l'ancien président, considéré comme une personnalité majeure, Boubou Cissé est poursuivi depuis le 25 juillet dans l'affaire des équipements militaires. Il était ministre des Finances entre 2016 et 2019. Il a quitté Bamako mais se défend d'avoir «fui (ses) responsabilités». Son «absence obéit à la volonté d'observer une posture de réserve», dit-il. Une autre information judiciaire, abandonnée quelques mois plus tard, avait été ouverte à son encontre fin 2020 pour tentative de renversement du gouvernement. Mamadou Igor Diarra a précédé Cissé au ministère de l'Economie et des Finances et est poursuivi dans l'affaire des équipements militaires. Il a quitté le Mali, mais a déclaré s'y être rendu en mars et s'être «spontanément rendu auprès de certaines autorités afin de leur notifier (sa) disponibilité sur tout dossier» le concernant. Il est actuellement responsable en Afrique centrale de BOA Groupe, filiale du groupe bancaire marocain Bank of Africa BMCE.
Tiéman Hubert Coulibaly était ministre de la Défense à l'époque de l'achat des d'équipements militaires et est poursuivi dans le dossier. Installé hors du Mali, il a dit début août qu'il répondrait «prestement» à une éventuelle commission rogatoire que lancerait la justice malienne. Moustapha Ben Barka est l'ancien secrétaire général de l'ex-présidence Il est poursuivi dans les deux affaires. Il est vice-président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) dont le siège est au Togo. Il a été brièvement retenu en France entre lundi et mardi en vertu d'un mandat international, selon une source proche du dossier.Un autre cadre actuel de la BOAD, Babaly Bah, est également poursuivi. Il était à l'époque directeur de la Banque malienne de solidarité (BMS, publique), dont le nom apparaît dans les investigations. Oumar Mariko est une figure de la vie politique depuis trois décennies, il est dans la clandestinité depuis qu'il a été convoqué par la gendarmerie en avril après avoir critiqué l'armée. Il avait suggéré, en faisant notamment référence aux évènements de Moura (centre, 300 civils tués fin mars selon Human Rights Watch, 200 jihadistes selon l'armée), que l'armée était en train «d'assassiner des gens». Son parti avait dénoncé l'encerclement par des hommes armés de son domicile pour «son enlèvement». On ignore s'il est au Mali ou à l'étranger. Par ailleurs une ancienne ministre d'IBK, Fily Bouare Sissoko, et son ex-directeur de cabinet, Mahamadou Camara, sont inculpés depuis plus d'un an et écroués dans les deux affaires d'équipement et d'avion présidentiel. L'ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, également inculpé, est décédé en détention en mars à Bamako. Sur le plan sécuritaire, deux soldats maliens ont été tués et trois blessés dimanche dans une attaque à l'engin explosif improvisé dans l'ouest du pays, revendiquée par les terroistes affiliés à Al-Qaïda, a annoncé mardi l'armée malienne. «Une mission de jonction du régiment des commandos parachutistes a heurté un engin explosif improvisé (EEI) le 11 (septembre) faisant 2 morts et 3 blessés», a dit la direction de l'information et des relations publiques des armées (Dirpa). Plus tôt, les terroristes du Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM, JNIM en arabe), affiliés à Al-Qaïda, avaient revendiqué l'attaque dans un communiqué authentifié par l'ONG américaine SITE spécialisée dans le suivi des groupes radicaux. Ils avaient affirmé avoir «détruit un véhicule de l'armée malienne entre les villes de Kagoro et de Toumboula, dans le cercle de Nara», tuant et blessant un nombre indéterminé de soldats. Le bilan de trois morts et deux blessés a été confirmé par un élu local et une source humanitaire qui a précisé que «les terroristes occupent toute une zone dans cette région où ils imposent leurs lois».


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