Algérie

Cynisme


De nouveau la pénurie. Le médicament reste une denrée rare et fait l'objet de la même politique de soutien que la pomme de terre ou la semoule. Dans un sens, c'est le ministère de la Santé qui est chargé d'approvisionner les pharmacies et les hôpitaux en médicaments, dans l'autre c'est le ministère de l'Agriculture. Mais, dans les deux cas, il s'agit de la même main qui donne, de la même autorité qui gère, programme et distribue la rente pétrolière sous forme soit de médicaments, soit de denrées alimentaires.La crise des anticancéreux ne semble pas pour autant émouvoir les parties concernées par ce problème de disponibilité de médicaments, qui, à l'unisson, démentent avec aplomb une dure réalité que vivent les malades algériens atteints de pathologies chroniques. La dispersion par la force de la manifestation mercredi dernier des médecins résidents explique dans le fond non pas le malaise qui ronge le secteur de la Santé dans notre pays, mais bien plus. Cette colère de jeunes médecins est le signe évident d'une dérive d'un secteur qui, pourtant, a toujours été au-devant des préoccupations des gouvernements successifs, et même d'une attention particulière du président Bouteflika. Il semblerait pourtant qu'en dépit de cette sollicitude des plus hautes autorités du pays, les gestionnaires du secteur éprouvent toutes les difficultés du monde à gérer le médicament, une dizaine d'hôpitaux et un personnel médical aussi nombreux que celui d'Air Algérie.
La situation dans ce secteur qui n'est pas touché par la crise financière, contrairement à d'autres secteurs autrement plus importants pour la reprise économique, est dans le rouge. Non seulement une simple protesta de jeunes médecins est reléguée aux calendes grecques pour des solutions pourtant à portée de main, comme donner un statut à ce type de personnel médical, mais c'est tout le secteur qui va à la dérive. Ce secteur est à ce point malade de ses contradictions, de sa mauvaise gestion et des mauvaises décisions que des responsables en viennent à faire des affirmations que la quotidienneté des hôpitaux dément à l'aune des décès de malades. Le problème de cette pénurie de médicaments autant dans les hôpitaux que dans les officines est récurrent, revient chaque année et pointe du doigt une gestion calamiteuse du médicament.
Mais, ce qui est frappant, ce n'est pas tant l'indisponibilité de médicaments des pathologies les plus chroniques, mais surtout ces assurances d'officiels du ministère de la Santé qui estiment déplacées les récriminations de l'opinion publique face à cette situation. Un ministère de la Santé débordé de toutes parts et loin de ses missions dans le fond, car jamais, depuis ces dix dernières années, et en dépit de la jeune industrie nationale du médicament, il n'a réussi à assurer aux malades algériens leurs médicaments, sans tension, sans rupture, sans pénurie.
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