Culture : retour aux sources pour «El Ichara»Mostaganem : les autres articles

Créée en 1974 à l'initiative d'un groupe d'hommes de culture à l'instar de Charef Berkani, Ghali Laakeb, Laaredj Ziane, Djamel Bensabeur, Boudjemaa Djilali, le journaliste Hamdane Belouessouassi, Bouasria Abbou ainsi qu'une dizaine de fans, ils seront rejoints par M'Hamed Bourokba au moment de la scission qui donnera naissance à la troupe «El Moudja» de Boudjemaa Djilali.Le nom d'«El Ichara», on le doit à Charef Berkani qui avait déjà à son répertoire l'inoubliable «Echelle» qui fera tressaillir le public du festival du théâtre amateur. Très actif dans le mouvement théâtral et culturel, Ghali Laakeb, qui venait de quitter la direction du festival, sera naturellement désigné en qualité de président de la nouvelle troupe, un poste qu'il occupera sans interruption de 1974 à 1979. A cette époque, Djamel Bensabeur faisait feu de tout bois, c'est lui qui ramènera l'infatigable M'Hamed Bourokba qui le secondera sans faillir. Après moult péripéties en quête de local, l'affectation de la bibliothèque municipale, sous la pression d'un grand nombre d'intellectuels, permettra à la jeune association d'occuper une place centrale dans l'activité culturelle de la ville. C'est ainsi qu'en 1976, «El Ichara» se produira à Ouagadougou, entamant ainsi, pour la première, une activité hors des frontières.
A domicile, la troupe sera, pendant longtemps, un pensionnaire attitré du festival, jusqu'à ces dernières années où elle se fera très discrète. Un retrait qui ne sera pas du goût des admirateurs et des acteurs de la troupe qui le reprocheront très souvent à Djamel Bensabeur. Ce dernier finira par reconnaître le bien-fondé des critiques de ses jeunes compagnons et se repliera sur l'association «El Kanky» qui lui a toujours servi de paravent.
Parfaitement rodés aux jeux de coulisses, les nouveaux managers de l'association «El Ichara» prendront lentement conscience que le gros navire aux allures austères dont ils viennent d'hériter a été transformé en un véritable fantôme qui survivait à l'ombre d'une longue histoire faite de déconvenues entrecoupées de rares instants de clairvoyance, voire de panache. C'est pourquoi, sans rien entreprendre pour tuer le père, ils entameront une lente et sereine discussion avec leur mentor afin que le passage effectif du témoin se fasse dans les meilleurs délais et surtout sous les meilleurs auspices. Alors que la cité attendait un énorme clash, il s'avère que le passage de témoin s'est effectué dans une grande discrétion et sans la moindre anicroche.
Désormais, un vent nouveau, généreux et juvénile, souffle sur les planches d'«El Ichara». Ses nouveaux dirigeants, qui semblent privilégier la concertation et l'esprit de groupe, se donnent le temps de concocter un virage qui devrait très vite imprimer une autre cadence à l'association. Ici, on recommence à parler de la réouverture de l'école de formation au 4ème art qui a toujours été le fer de lance de la troupe. Comme on songe à monter très rapidement une troupe junior qui fera une tournée à travers le pays avec un spectacle labélisé.
A côté de ce recentrage que l'on veut salvateur, les dirigeants projettent d'organiser un club littéraire et culturel auquel seront conviés intellectuels, des écrivains, des hommes de culture, des historiens, voire des poètes. Il s'agit pour nous, comme le soulignera Feth Ennour Benbrahim, de remettre Mostaganem au c?ur de l'évènement culturel régional, voire national.
Ainsi, régulièrement, le plateau d'«El Ichara» résonnera de joutes oratoires et de discussions littéraires autour d'une ?uvre, d'un parcours, grâce aux femmes et aux hommes qui continuent de faire l'Algérie joyeuse, besogneuse, multiculturelle et sociale. A ses côtés, il aura le soutien précieux d'Abdallah Mebrek, l'actuel président de l'association, Mohamed Boudène, le responsable artistique, ainsi qu'une pléiade de jeunes acteurs qui seront très fiers de rendre hommage à leurs aînés. C'est aussi ça la grande aventure que voulaient lui imprimer, voilà bientôt 40 ans, ses éclairés fondateurs.