Algérie

Culture et prédation Annaba :



Mohamed Rahmani

De nos jours, trouver quelqu'un de cultivé avec qui l'on peut débattre d'un sujet, parler d'un livre paru récemment, en faire une critique et échanger des idées c'est tomber sur la perle rare, une oasis luxuriante dans ce désert culturel qui a fossilisé les esprits.
Et l'on éprouve bien du plaisir à découvrir et à se découvrir à travers l'Autre, cet esprit cultivé aux référents culturels multiples où l'échange est à double sens, un échange gagnant/gagnant. A la vérité l'Algérien d'aujourd'hui, «dé» formé par un système éducatif sinistré, à quelques exceptions près - et c'est bien malgré cette école- ne peut rivaliser sur le plan culturel avec des étrangers du même âge et c'est à peine s'il arrive à en placer «une» comme on dit. Il se retrouve mis à nu dans un vide infini, cherchant des repères et des référents qu'il ne trouve pas et qu'il ne pourra pas trouver. Il faut dire que l'école algérienne malmenée et prise dans les tourbillons de politiques conjoncturelles a failli à sa mission et a même détruit de brillants esprits parce que n'entrant pas dans le moule que de sombres designers inféodés au prince du moment avaient pétri. Un massacre des esprits qui se traduit aujourd'hui par ce vide horrible et effrayant que certains faux intellectuels essayent de combler en étalant au grand jour leur culture devant un public inculte qui se délecte de cette ignorance empreinte de semblants de culture. «La culture chez ces gens-là, me disait un de mes amis, c'est comme la confiture, moins on en a plus on l'étale.» Ces prédateurs de la culture excluent de leurs projets destructeurs tout homme de culture, toute expression artistique pour maintenir ce statu quo de la médiocrité et de l'indigence. La faute, elle incombe à nos écoles, à nos programmes sclérosés et balisés, des programmes avec des 'illères qui ont formé des universitaires qui ne maîtrisent presque rien malgré leurs diplômes ; des diplômes bidon dont la jauge n'atteint même pas ce Smig de connaissances qu'ils sont censés refléter. Et l'on se retrouve en fin de parcours avec toute une génération qui ne vit pas son temps et où la culture n'a pas droit de cité.
M. R.


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