Disons-le, sans trop tarder ni fausse politesse, la culture de proximité est un slogan creux. En dehors des quartiers huppés des grandes villes et des cercles d'initiés, l'action culturelle est quasiment inexistante. A la périphérie de ces grands centres urbains, dans les chefs-lieux de daïras et de communes, dans les bourgs et les villages, l'art et la culture ne font plus partie du paysage. Aucune animation à longueur d'année. Quand on parle de proximité dans ce registre, cela suppose une animation régulière dans les petites agglomérations, les quartiers populaires, les villages éloignés, les établissements scolaires, les universités, les centres de formation, les structures d'assistance sociale et les lieux publics comme les gares, les placettes, les jardins... Bref, partout. L'infrastructure et les moyens ne manquent pas pour étendre le rayon d'action des opérateurs culturels. L'intérêt et l'attention du public sont aussi omniprésents.Cela ne coûte presque rien de créer de petites scènes çà et là afin d'offrir leur chance à des amateurs qui ne demandent qu'à s'exprimer. Les rares initiatives lancées dans ce sens, à l'occasion du mois sacré de ramadhan, ont déjà donné satisfaction. Le public et les artistes en herbe avaient, en effet, saisi la perche au vol pour créer des ambiances extraordinaires. Lors des grandes manifestations, les organisateurs, souvent institutionnels, disposent de tous les moyens nécessaires pour aller à la rencontre du grand public. Il est regrettable de constater que des festivals internationaux sont organisés chaque année dans les villes sans que la plus proche banlieue n'y voit quoi que ce soit.Illustration : la ville de Béjaïa accueille annuellement un festival international de théâtre professionnel. Les citoyens de Oued Ghir, El Kseur, Amizour ou Tichy, qui languissent quelques kilomètres plus loin, ne profitent absolument pas de l'événement. Pourtant, on peut installer des chapiteaux pour offrir de grands spectacles çà et là, inviter les troupes locales pour se produire dans les centres culturels de ces localités périphériques en leur donnant la chance de se frotter à leurs homologues venant de l'étranger, délocaliser une conférence sur le théâtre contemporain, programmer un one man show, une exposition...etc. Les musées, qui se plaignent constamment du manque d'intérêt du public local, doivent aussi sortir de leurs tour d'ivoire pour aller en tournée dans les écoles, les universités, les maisons et les auberges de jeunes, les hôtels et les centres de vacances... On parle depuis des lustres du ballet de valises muséales, mais sans résultat dans la réalité. Tant qu'on y est, parlons de l'animation prévue à l'occasion des vacances scolaires. Dans une wilaya comme Béjaïa, le TRB et la Maison de la culture proposent chaque fois en pareille occasion une riche palette d'activités qui reste curieusement cantonnée dans leurs bâtiments respectifs. Ne peuvent-ils pas toucher, à chaque fois, ne serait ce que une petite commune ou un village de la région ' Bien sûr qu'ils peuvent le faire ! On pourrait dire autant d'Alger, d'Oran ou de Constantine. Il y a manifestement un manque de volonté et une certaine accoutumance à la facilité. Les pouvoirs publics, à travers le ministère de tutelle qui finance tout cela, doivent penser à l'élaboration d'un cahier des charges qui exigerait un minimum de performance et de mouvement aux institutions culturelles qui demeurent recroquevillées sur elles-mêmes.La culture ne se fait pas entre quatre murs.K. A.
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Posté Le : 25/12/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Amghar
Source : www.latribune-online.com