Algérie

CULTURE DE L’ÉPICE RARE Le safran algérien cherche sa voie à l'export



Publié le 09.10.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
RYM NASRI

Introduite il y a une décennie en Algérie, la culture du safran connaît un développement prometteur dans plusieurs wilayas du pays. Malgré des conditions climatiques favorables, des rendements appréciables et une qualité exceptionnelle reconnue, cette filière peine à se structurer. L'expert agricole Boukhalfa Laala pointe du doigt l'absence de stratégie de commercialisation et le manque de soutien de l’Etat qui empêchent notre pays de rivaliser avec les plus grands producteurs mondiaux de cette épice précieuse.
Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Introduite il y a une dizaine d'années, la culture du safran en Algérie connaît un développement prometteur à travers le pays. Cette épice précieuse, dont le gramme se négocie à 5 000 DA, est aujourd'hui cultivée dans diverses wilayas, de Batna à Ghardaïa, en passant par Khenchela et Tizi-Ouzou, jusqu'au fin fond du Sud algérien.
«Le véritable démarrage de la culture du safran a eu lieu à Khenchela il y a près de 10 ans, où cette culture a été introduite en Algérie et expérimentée avec succès», explique Boukhalfa Laala, expert en agriculture. Depuis, l'intérêt pour cette culture n'a cessé de croître, aboutissant même à la création d'une association dédiée.
Insistant sur la simplicité relative de cette culture, l’expert affirme qu’elle est de courte durée. «Après la mise en terre de la semence, les pistils de safran sont récoltés près d'un mois et demi», souligne-t-il. Mais au-delà des précieux pistils, utilisés comme épice et dans l'industrie pharmaceutique, cette culture offre d'autres débouchés, notamment les fleurs pour la parfumerie et les bulbes pour la semence.
La rentabilité de la culture du safran est particulièrement intéressante en termes de semences. «La plantation de 10 kilos de bulbes de safran donnera 50 kilos l'année d'après. Le prix de cette semence est significatif, environ 4 500 dinars le kilo», précise Laala. Et d’ajouter que les bulbes peuvent être conservés sous terre pour augmenter leur calibre, influençant ainsi leur valeur marchande. «Les prix varient en fonction du calibre du bulbe. Plus le calibre est grand, plus son prix augmente», note-t-il.
Malgré des conditions climatiques favorables et des rendements appréciables, la filière safran reste confrontée à des défis majeurs, principalement en termes de commercialisation. «Le grand problème auquel font face les professionnels est la commercialisation de leur production de filaments de safran. Cette production n’est pas destinée au marché local en raison des prix élevés, conduisant de nombreux producteurs à brader leurs récoltes», déplore l'expert.
Pourtant, le potentiel est énorme. Selon lui, avec une stratégie de commercialisation appropriée, «l'Algérie pourrait facilement concurrencer les plus grands producteurs mondiaux, y compris l'Iran, premier producteur mondial, le Maroc et le Pakistan». L'exportation du safran représenterait une source importante de devises hors hydrocarbures.
L'expert regrette l'absence d'organisation en filière structurée et le manque de soutien institutionnel. «Les investisseurs ne bénéficient d'aucun accompagnement de l'État pour accéder aux marchés extérieurs. Le ministère de l'Agriculture n'accorde pas l'importance nécessaire à cette culture pourtant très rentable», regrette-t-il.
Quant à la qualité du safran algérien, elle s’avère exceptionnelle. «Des analyses initiées par certains producteurs ont démontré que le safran produit localement est de catégorie 1, c'est-à-dire le premier choix du safran, et il est totalement bio», souligne Boukhalfa Laala, mettant en évidence le potentiel inexploité de cette filière prometteuse.
Ry. N.




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