Algérie

Culture



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Depuis la fin de l'été, les waâdate se succèdent à qui mieux mieux à travers le Témouchentois.Celle en l'honneur de Sidi Beleknadil, le saint patron de Chabat el Laham, a bénéficié cette année d'un allié de taille, un violent orage en l'occurrence, pour la parer d'un éclat particulier. Il a lâché ses trombes d'eau et l'a fait cesser, mettant en déroute les centaines de visiteurs qui goûtaient aux premières chevauchées d'une fantasia haute en couleurs. Pour les ruraux et ceux qui ont gardé des racines avec la terre parmi les Chabati, c'était la baraka de Sidi Beleknadil qui se manifestait. C'est que cette première pluie d'automne était tardive pour la saison.Deux semaines auparavant, on s'en était alarmé puisque l'on a recouru dans les mosquées à «Salat el istisqa» (prière rogatoire pour l'invoquer). «La pluie est un bienfait, toujours un bienfait», expliquaient les hôtes aux citadins parmi les visiteurs mécontents que cette ghassalate ennouader (la laveuse des aires de battage) soit survenue aussi inopportunément. Petite parenthèse, pour ceux qui ne le sauraient pas, cette pluie n'est pas la seule à porter un nom.Toutes les autres sont affublées d'un nom sans humour. Ainsi celui de cette averse date depuis les temps immémoriaux où l'on effectuait manuellement la moisson qu'on disposait sur des aires de battage. Elle restait là à terminer de sécher en attente des sabots des bêtes qui, par leurs passages répétés sous la conduite de l'homme, séparent le grain de la paille. Et si donc on donne un tel nom aux premières pluies qui closent l'été, c'est parce qu'on les considérait sans utilité autre que de faire place nette sur les aires de battage puisqu'elles n'étaient jadis suivies d'aucun travail agricole. Cependant, ceux des visiteurs qui avaient quitté Chabat, croyant la fête définitivement gâchée, avaient eu tort puisque le ciel s'était éclairci peu de temps après. La fête a alors repris avec ghaïta, tbal, quelouz, berrah et chioukh ainsi que 17 a'lfa (groupe impair de cavaliers de 5 à 9).Ce nombre considérable de «chevaucheurs» venait des communes de la wilaya comme de Sidi Bel Abbès et Tlemcen. Ils sont pris en charge pour leur hébergement et leur restauration par des familles chabaties. Avec la joie des retrouvailles, on s'est donné à c?ur joie de faire tonner le baroud d'autant que le maire avait obtenu des services de sécurité l'autorisation d'acquérir 4 kg de poudre. Et puis, cerise sur le gâteau, au moment où la fête reprenait de plus belle, voilà qu'un autre invité de marque s'annonce : la crue de l'oued Chabat ! On se pressa illico sur les rives de son lit asséché, en bordure du champ où les cavalcades s'enchaînaient. Grandiose était le spectacle de l'arrivée des impétueux flots boueux, grondant, charriant mille objets hétéroclites. On n'oublia cependant de revenir à la fête première.Les vendeurs de friandises, de cacahuètes, de thé accompagné ou non de beignets ont alors fait fortune. Les meddah et les chioukhs n'ont pas chômé eux aussi. Même Slimani Maâmar, un arpenteur du patrimoine immatériel, ample gandoura blanche et modeste chèche, était là, lui qui met en images toutes les waada de l'ouest du pays, depuis celles des Hauts Plateaux. Sa petite caméra VHS immortalisait l'instant. Lui, il vient d'Aïn Lahdjar, wilaya de Saïda.




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