Algérie

Culture



«La culture ne s'hérite pas, elle se conquiert.» André Malraux
La propagation ou l'enseignement d'une culture ne se réduit pas seulement à l'organisation de coûteuses manifestations pompeusement appelées: «Festival, année ou semaine de la culture en...», Alger, Tlemcen ou Constantine, capitale de...». «Il y a aussi la réhabilitation des lieux ou des objets qui abritent cette culture», c'est la restauration. Dans un pays de mangeurs, cela doit signifier sans doute les festins et les agapes que la corruption ambiante dispense généreusement à ceux qui ont tout gagné à la sueur d'autres fronts. Mais dans un pays de bonne gouvernance, où la culture et l'amour de la culture sont des vertus cardinales, restauration veut surtout signifier «remise en l'état» de monuments qui subissent l'injure du temps, des éléments ou des agressions de vandales imperméables à toute culture. C'est aussi la conservation par divers procédés techniques, d'oeuvres d'art telles que sculptures, peintures... Cela peut être aussi la mise en valeur du patrimoine culturel, quel que soit son support, livre ou film... mais cela peut être aussi la remise en état, d'un patrimoine immobilier qui a tendance à disparaître dans l'anonymat de la spéculation foncière... Quand on a la chance de se promener dans les capitales européennes, ou même dans des petits villages, il n'est pas rare de tomber, au détour d'une sombre ruelle ou au coin d'une place d'un village banal, sur une petite plaque commémorative, qui, telle une pierre tombale, par des caractères gravés sur du marbre ou du cuivre, interpelle le passant comme pour l'inviter à s'arrêter un moment et à réfléchir sur l'importance de cet endroit, apparemment banal, qui a vu un jour passer un illustre personnage.
Cette pause méditative, outre qu'elle procure un mouvement rétrospectif du passant sur la vie ou l'oeuvre du personnage, peut le conduire à orienter ses pas (au sens propre et figuré) dans une autre direction et à influer sur son comportement futur, vis-à-vis de ses proches, de sa patrie ou de la vie en général...
«Ici naquit...», «Ici vécut...», «Ici mourut...» sont en général, le début d'un court énoncé de ces plaques commémoratives, à moins que ce ne soit purement et simplement «Cette maison a abrité...» Ces lieux anonymes, qui sont devenus malgré tout des lieux de recueillement pour des adeptes d'un culte de personnalité, sont nombreux. Ainsi, à Paris, on peut visiter le bureau où a travaillé Lénine qui a fait un court séjour dans la ville de la célèbre commune. Victor Hugo compte quelques lieux privilégiés en France où il naquit et vécut, à Bruxelles ou à Guernesey où il se réfugia dix-huit années durant. Tous les écrivains français, Lamartine, Zola... ont leur maison natale dont l'état est consciencieusement entretenu par des institutions étatiques, municipales, par des associations ou par des syndicats d'initiative soucieux de perpétuer le passage même éphémère, d'une célébrité dans un lieu d'une banalité déconcertante.
Il n'est pas rare de tomber, dans un château de province classé monument historique, sur une chambre spacieuse et luxueuse que Napoléon a honorée d'une courte nuitée... Cuba a fait appel à un spécialiste américain pour restaurer le fameux bateau du célèbre écrivain Ernest Hemingway! Et nous, en Algérie, que fait-on pour perpétuer le souvenir des grands hommes qui, heureusement, n'ont pas tous fini dans la fosse commune creusée par le fameux slogan «un seul héros: le peuple». Qu'est devenue la maison qui a vu naître l'Emir Abdelkader' La maison qui a vu naître Messali, frappé pendant des années du sceau de l'infamie, a-t-elle été préservée pour marquer le passage du père du nationalisme algérien' Les chambres d'hôtels qui ont abrité un court instant, les passages d'illustres hôtes comme Karl Marx (hôtel de la rue Hassiba Ben-Bouali), André Gide (Bousaâda et Blida), Delacroix..., ont-elles été marquées, répertoriées, pour servir de témoignage dans nos villes, du passage de ces célébrités. Peut-être que Karl Marx a modifié quelques lignes de son Capital après avoir séjourné à Alger'
Tout le monde connaît la grotte qu'a connue le captif Cervantès, mais qui l'a visitée' On ne ferme pas un cinéma pour empêcher des adolescents d'être heureux un instant, on restaure ceux qui existent et on en ouvre d'autres. L'homme est né pour le bonheur, et la culture est l'expression de ce bonheur de vivre.


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