Algérie

Cuba accuse Washington



Le président cubain Miguel Diaz-Canel a rendu responsable, lundi, le gouvernement américain des manifestations historiques survenues la veille, via sa «politique d'asphyxie économique», tandis que Washington et l'Union européenne appellent au calme. A la télévision, le dirigeant communiste a assuré que son gouvernement essaie d' «affronter et de vaincre» les difficultés face aux sanctions américaines, renforcées depuis le mandat du président américain Donald Trump (2017-2021). «Que cherchent-ils' Provoquer des troubles sociaux», mais aussi «le fameux changement de régime», a-t-il dénoncé. Des accusations qualifiées de «grave erreur» par le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, ce qu'a contesté le chef de la diplomatie cubaine Bruno Rodriguez, fustigeant «le renforcement de la politique de siège économique en pleine pandémie». Le président américain Joe Biden a lui appelé «le régime cubain à entendre son peuple» et son «appel vibrant à la liberté», en se gardant de toute «violence» contre les manifestants. Même ton du côté de l'Union européenne, dont le chef de la diplomatie Josep Borrell a demandé «aux autorités d'autoriser ces manifestations et d'écouter le mécontentement des manifestants». Les rues de La Havane étaient quant à elles sillonnées par la police et l'armée, mais le calme était revenu après les échauffourées de la veille. En fin de journée, une manifestation d'une centaine de personnes a éclaté dans un quartier de La Havane, la Güinera. Criant «Viva Cuba Libre», des milliers d'Américains d'origine cubaine sont eux descendus dans les rues de Miami et Washington en soutien aux manifestations contre le régime cubain, dont ils espèrent qu'elles mèneront à sa chute.Excédés par la crise économique qui a aggravé les pénuries d'aliments et de médicaments et poussé le gouvernement à couper l'électricité plusieurs heures par jour, des milliers de Cubains étaient sortis dimanche dans les rues de dizaines de villes et villages, aux cris de «Nous avons faim», «Liberté». Une mobilisation inédite à Cuba où il «ne se passait pas quelque chose comme ça, depuis 1994», lors du «Maleconazo», quand des habitants avaient défilé sur le Malecon, le boulevard côtier de La Havane, contre la crise économique. Cette manifestation, calmée par l'intervention de Fidel Castro, s'était toutefois limitée à la capitale. Comme en 1994, les gens sont énervés parce qu'il n'y a pas de nourriture, parce qu'il y a des problèmes.
Grand soutien des autorités cubaines depuis l'époque soviétique, la Russie a mis en garde contre toute «ingérence étrangère (...) qui favoriserait la déstabilisation de la situation sur l'île». Autre allié de poids, le président vénézuélien Nicolas Maduro a apporté son soutien à son homologue Miguel Diaz-Canel, «au peuple» et «au gouvernement révolutionnaire de Cuba». Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a lui offert d'envoyer de l'aide humanitaire et rejeté toute approche «interventionniste», tandis que son homologue argentin, Alberto Fernandez, a exigé la levée de l'embargo et rejeté lui aussi une éventuelle intervention. Le renforcement de l'embargo américain, en vigueur depuis 1962, ainsi que l'absence de touristes due à la pandémie, ont plongé Cuba dans une profonde crise économique et généré un malaise social. Les manifestations sont par ailleurs survenues dans un contexte de forte hausse des cas de coronavirus sur l'île, avec au total 244.914 cas dont 1.579 décès, pour 11,2 millions d'habitants. Une situation qui a poussé de nombreux Cubains à utiliser le mot-clé îSOSCuba sur les réseaux sociaux, pour demander qu'une aide humanitaire extérieure soit autorisée par le gouvernement.


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