Suppression de la règle 49/51%, levée des contraintes pesant sur les
opérateurs économiques, création d'une banque d'investissement destinée
uniquement au financement de la
PME/PMI, préférence pour les entrepreneurs nationaux pour ce
qui des marchés publics, amnistie fiscale pour réduire le champ de l'informel, retour
au week-end universel, rééchelonnement des dettes des entreprises qui le
souhaitent, réforme du droit économique en Algérie, changement de la valeur
faciale de la monnaie nationale.
Ce sont là quelques propositions que le Forum des chefs d'entreprises a
présentées jeudi dernier dans le cadre des 50 mesures dévoilées pour passer du
«système rentier» à une véritable économie. Au terme d'un symposium organisé
durant deux journées par le FCE à l'Hôtel El Aurassi
et qui a rassemblé nombre d'économistes et de chefs d'entreprises, le FCE a
rendu publiques enfin ses 50 propositions annoncées en grande pompe pour sortir
le pays de son «marasme économique».
Scindées en quatre catégories, à
savoir «mesures de relance et de soutien de l'investissement», «mesures
destinées à réduire progressivement le champ de l'informel», «mesures visant la
simplification de l'environnement de l'entreprise et l'amélioration du climat
des affaires» et des «mesures d'organisation économique et d'ordre
institutionnel», le FCE reste convaincu que ses propositions, si elles venaient
à être appliquées, insuffleraient une «nouvelle dynamique de croissance
porteuse de bien-être pour l'ensemble du peuple algérien».
En matière de «mesures de relance
et de soutien de l'investissement», le Forum des chefs d'entreprises y consacre
une vingtaine de propositions dont l'objectif principal est d'atteindre un taux
de croissance minimal de 8 à 10% sur une dizaine d'années, espère Reda Hamiani, le président du FCE.
Ce dernier qui a présenté les 50 propositions, a «décortiqué» les mesures point
par point. Pour la première catégorie, la première mesure réside dans le
rétablissement de la liberté totale de l'acte d'investir en supprimant
notamment tout autorisation ou agrément dont sont soumis actuellement les
opérateurs économiques et potentiels investisseurs. En fait, c'est une
véritable série de mesures que suggère le FCE pour sortir de la dépendance des
hydrocarbures en plaçant l'entreprise au cÅ“ur de la stratégie.
Il s'agit notamment d'abandonner
définitivement la règle de 49/51% pour attirer les investissements étrangers (IDE),
la création d'une banque d'investissements spécialisée dans le développement de
la PME/PMI privée,
dotée d'un capital équivalent à 10 milliards de dollars, l'implantation de
nouvelles zones prioritaires de développement dans les Hauts Plateaux et le Sud,
le rééchelonnement des dettes bancaires des entreprises qui le souhaitent, la
réservation des marchés publics pour les entrepreneurs nationaux, le
rétablissement du crédit à la consommation pour l'acquisition des biens et
services produits localement, multiplication des campagnes de sensibilisation
pour consommer national, la suppression du soutien des produits à large
consommation par l'instauration d'un complément de revenus aux couches
défavorisées, mise en place et lancement d'un programme national des énergies
renouvelables, revoir complètement la politique du logement dans notre pays, la
conception d'un programme de construction de nouvelles villes pour abriter de 10
000 à 50 000 habitants.
En matière d'exportation, le FCE
suggère de fixer un objectif de 10 milliards de dollars à atteindre dans un
délai de 5 à 7 années et de 20 milliards de dollars après une dizaine d'années.
Mais cela ne peut être réalisé, estime encore le FCE, que si des réformes en
profondeur du système de régulation et d'encouragement sont engagées, notamment
la création de zones franches dédiées au développement des produits destinés à
l'exportation, réservation des aires de stockage dans les principaux ports pour
les marchandises à l'exportation, accorder l'autorisation aux entreprises afin
de garder la totalité des recettes de ces exportations ou encore la création de
structures commerciales à l'étranger au profit des exportateurs.
Mesures pour réduire le champ de l'informel
Dans ce chapitre, le FCE n'est pas
allé chercher loin et propose cinq mesures pour «freiner» les activités d'un
secteur, qualifié de «puissant et solidement installé sur le marché national».
Il s'agit en effet de «décider d'une amnistie fiscale en taxant à hauteur
de 10% les montants déclarés au fisc puis déposés dans les banques», «relever
le plafond du chiffre d'affaires des entreprises et activités soumises à
l'impôt forfaitaire unique ( IFU) à 30 millions de DA», « la multiplication des
marchés de gros de fruits et légumes», «réforme en profondeur du système de
registre de commerce» et enfin la «modernisation et la mise à niveau du système
national d'information économique» en privilégiant notamment le recours aux
nouvelles technologies de l'information dans le suivi des activités économiques
du secteur privé.
Mesures pour simplifier l'environnement de l'entreprise et améliorer le
climat des affaires
Pour ce qui est de cette catégorie de mesures, le Forum y consacre pas
moins de 18 propositions et allant presque toutes dans le sens de la réforme du
droit et des règles régissant le commerce.
En plus de suggérer la réforme du
droit économique algérien, la fiscalité, la réforme du système appliqué à
l'impôt sur le bénéfice en supprimant la double imposition en matière d'IBS et d'IRG, le FCE propose
également dans le même cadre de favoriser les prêts à long terme au profit des
entreprises, de relever le taux de rémunération des dépôts, de changer la
valeur faciale de la monnaie nationale (1 DA nouveau = 100 DA anciens), de
lever l'autorisation de la banque centrale, préalable à la mise en place des
agences bancaires, de sorte à impulser le développement du réseau bancaire
national, de moderniser le régime des changes, de dynamiser la Bourse d'Alger, de revoir
le fonctionnement des chambres de commerce, d'investir massivement dans
l'économie de la connaissance, d'engager une réforme de décentralisation
économique poussée en faveur d'administrations économiques régionales avec des
compétences élargies, ainsi qu'entre autres mesures, la levée de la mesure
d'interdiction de l'importation des équipements et matériels d'occasion.
Mesures d'organisation économique ou d'ordre institutionnel
Dans ce dernier chapitre, le Forum des chefs d'entreprises a pensé à sept
propositions en appelant dans un premier temps à la création d'une sorte de
«super ministère» de l'Economie nationale qui engloberait les ministères des
Finances, de l'Industrie et du Commerce, de telle manière, pense-t-on au FCE, de
«structurer une administration économique cohérente face au monde de
l'entreprise».
Dans le même chapitre, le FCE, pour des considérations économiques, propose
également de revenir au week-end universel mais aussi de «dépénaliser dans les
faits les actes et fautes de gestion dans les entreprises publiques», «l'institution
de la représentation des entreprises dans tous les conseils, offices, commissions
ou organes de médiation ou de recours», « la mise en place d'un observatoire
des échanges extérieurs», «le développement du dialogue économique et la
concertation entre les autorités publiques et les représentants du secteur
privé» et enfin «la mise en place d'un médiateur national», qui serait chargé
de la relation entre les autorités économiques et l'entreprise de sorte à
«créer progressivement la relation de confiance indispensable au succès de la
politique nationale de développement économique et social».
Les 50 propositions du Forum des
chefs d'entreprises auront-elles un écho favorable au niveau des autorités et
du gouvernement ? En tous les cas, à l'intérieur des rangs du FCE, certains
affichent clairement leur scepticisme. C'est le cas notamment du patron des jus
Rouiba, Slimane Athmani, membre du FCE, qui ne semble pas trop y croire en
appelant le patronat à s'unir d'abord comme un seul homme tout en critiquant
sévèrement certains chefs d'entreprises en lançant à leur face : «l'Algérie se
construit ensemble et non pas avec vos petits copains du pouvoir».
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Posté Le : 17/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Z Mehdaoui
Source : www.lequotidien-oran.com