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CRITÈRES
«Quand on a beaucoup médité sur l'homme, par métier ou par vocation, il arrive qu'on éprouve de la nostalgie pour les primates. Ils n'ont pas, eux, d'arrière-pensées.» Albert Camus
Il n'y a pas de décision administrative ou de mesure politique qui ne soit à l'abri de la critique ou de commentaires favorables ou défavorables. Le moindre geste gouvernemental déchaîne à travers la Toile une multitude de propos bienveillants ou désobligeants. Il y a même des observateurs qui vont jusqu'à extrapoler et à présenter des arguments qui dénotent un manque de maturité.
Ainsi, après le coup de balai décidé par les autorités locales dans la wilaya de Tizi Ouzou, beaucoup de gens ont vu là l'effet immédiat de la nomination d'Amara Benyounès, transfuge du RCD et ancien animateur du Mouvement culturel berbère qui aurait cherché à faire oublier le souvenir gênant d'un certain blocage d'une subvention étrangère à l'APC du Col des Genêts.
Ce sont les mêmes esprits tordus qui avaient dénoncé la préférence d'une unité de production de chaussures de l'Ouest à une entreprise d'Akbou qui était mieux-disante. C'est dire que les fantômes du régionalisme n'ont pas complètement disparu au pays qui célèbre timidement un anniversaire semi-séculaire. Dans un pays où l'on compte cinq cents anciens qui vivent à l'étranger, les critères de choix à un poste aussi élevé doivent être rigoureux outre le respect d'un équilibre régional que tout pouvoir doit chercher à conserver dans un pays où le parti unique n'a pas réussi à effacer complètement les nombreux particularismes.
Le choix de l'attribution d'un poste administratif convoité se fait souvent sur des critères qui relèvent du clientélisme, du clanisme ou du népotisme le plus criant. Ainsi, on peut voir se succéder à des postes de responsabilité de véritables dynasties. Si au début des années d'après-guerre, ces postes étaient octroyés à des hommes qui avaient fait leurs preuves auprès de ceux qui ont accaparé le pouvoir, ou bien à ceux qui ont eu la chance de naître dans la même commune que celui qui a le privilège de les distribuer, après, ces règles du jeu vont se gâter. Et c'est justement quand les choses ont commencé à se gâter dans le polygone étoilé que les candidats à un poste tranquille ont commencé à solliciter des retraites dans des pays où la vie s'écoule comme un long fleuve tranquille.
Ainsi, que ce soit pour un poste d'ambassadeur, de consul ou de représentant permanent d'une société nationale, ce sont toujours des gens bien «introduits» qui ont été désignés. Mais il faut toujours piocher dans les arbres généalogiques pour démêler l'écheveau des liens de parenté ou des points de convergence entre l'heureux élu et le grand dispensateur. Evidemment, le poste d'ambassadeur est le plus recherché pour ceux qui veulent s'éloigner du climat malsain des crises politiques ou des magouilles de couloir. Non seulement, le poste dispense des avantages matériels certains, en devises bien sûr, mais il met l'heureux titulaire à l'abri des coups de gueule ou de la mauvaise humeur des décideurs, il permet au chef de la légation de rendre de menus services à ses bienfaiteurs.
Evidemment, il y a des capitales qui demandent des diplomates chevronnés qui ont une formation et des talents de négociateur certains: c'est le cas des villes des grands pays industriels de l'Ouest ou des grandes capitales de l'Est comme Moscou, Pékin ou New Delhi. Pour le reste, c'est une retraite calme assurée.
C'est ainsi que quand un homme politique devient gênant, on l'envoie au fin fond de l'Afrique ou de l'Amérique du Sud, dans un de ces pays sans ressortissants nationaux et sans grands échanges économiques.
Par contre, pour punir, sanctionner ceux qui rendaient de menus services à un président déchu, le nouveau titulaire les rappelle sans ménagement avec un tapage médiatique à l'appui. (Un de ceux qui ont été rappelés à l'ordre, a préféré ouvrir une pizzeria dans la capitale où il sévissait plutôt que de passer sous les fourches caudines du nouveau régime).
Peut-on reprocher à un homme politique ou à un haut fonctionnaire (les postes de grandes responsabilités sont toujours hautement politiques) d'avoir ouvert une boucherie «halal» à Paris ou de se convertir en consul-tant en Suisse' Ce n'est qu'après une fin de mission qu'on peut juger du patriotisme d'un commis d'Etat.


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