Algérie

Crises récurrentes sur les produits subventionnés



Crises récurrentes sur les produits subventionnés
J'entends depuis quelque temps des messages provenant de divers milieux politiques au pouvoir et même dans l'opposition disant que ce n'est pas le moment de traiter d'un sujet aussi sensible à la veille d'élections présidentielles. Sauf que nous sommes rattrapés par des pénuries récurrentes auxquelles est sujet un certain nombre de produits sensibles subventionnés. La dernière pénurie a touché, comme vous le savez, le lait en sachet consommé par de larges couches de la population. Faut-il rappeler que des pénuries avaient également porté sur d'autres produits subventionnés comme la farine, les médicaments ou même les carburants dans les régions frontalières. Les "commissions d'enquête" mises en place, de façon ad hoc, concluent toujours à l'urgence d'importer davantage tout en appelant au civisme des consommateurs. S'agissant du lait, instruction est donnée à "l'office public en charge, l'ONIL, d'augmenter la quantité de lait en poudre fournie aux transformateurs". Le "Dairy Market" britannique nous apprend qu'à cet effet l'Algérie va importer dans l'urgence 35 000 t de poudre de lait sans graisse et 40 000 t de poudre de lait avec matière grasse. Mais les mêmes causes non traitées créant les mêmes effets, les situations de pénuries se reproduiront inexorablement si l'on s'en tient au seul traitement symptomatique actuel. Pourtant beaucoup d'argent public est consacré à ces subventions. Pour nous en tenir simplement au lait, il faut savoir que l'Algérie est le second importateur mondial de poudre de lait avec un montant annuel de 700 millions de dollars. Pour traiter en profondeur les causes des pénuries, il faudra probablement changer de paradigme, en s'appuyant sur l'état de la réflexion en la matière et en construisant un consensus acceptable socialement. Aussi j'ai été agréablement surpris de constater que beaucoup de travaux universitaires et de recherches ont été consacrés à ces thématiques sensibles et stratégiques. On peut citer la publication de Bedrani S, Bouiata A (1998) sur "la consommation et production de lait en Algérie". Il y a aussi l'article de A. Bencharif sur la "stratégie des acteurs de la filière lait" publié dans la revue Options méditerranéennes n°32, 2001. On peut citer enfin des travaux plus récents (2013) de Sawsar Kacimi El-Hassani, publiés dans le Mediterranean Journal of Social Sciences n°11 sur "la dépendance alimentaire en Algérie : importation de lait en poudre versus production locale, quelle évolution '". Tous ces travaux soulignent, outre la faible organisation des filières, la difficulté structurelle de transition "d'une coordination hiérarchique à une coordination par le marché". La situation en vigueur conduit à des captages de rentes et à des gaspillages supportés par le budget de l'Etat. Pour le premier point, il porte essentiellement sur l'acquisition d'intrants à des prix administrés pour mettre sur le marché des produits finaux à des prix libres (exemple classique des pâtisseries utilisant le lait et le sucre par exemple). Pour le second point, c'est la surconsommation de produits subventionnés et leur fuite aux frontières du fait d'une faible tarification et des prix relatifs (cas du gasoil). En conclusion, on ne pourra pas échapper, tôt ou tard, à une régulation progressive par le marché pour les produits subventionnés actuellement. En parallèle, des mécanismes spécifiques d'appui direct faibles devront être conçus et implantés, de sorte à sauvegarder le pouvoir d'achat des titulaires des revenus les plus faibles. S'agissant des producteurs et de leurs filières, ils tireront également profit d'une régulation par le marché. Vous savez : on ne va pas réinventer le fil à couper le beurre : il suffit de s'inspirer des bonnes pratiques utilisées sous d'autres cieux. Peut-on là aussi sauter pour cette question sensible le pas ' L'avenir nous le dira. Sûrement après avril 2014.NomAdresse email




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