Algérie

Crise vénézuélienne : Juan Guaido a-t-il perdu la partie '



Depuis qu'il s'est déclaré président par intérim le 23 janvier, Juan Guaido n'a eu de cesse d'appeler les militaires à rompre les rangs et à tourner le dos au chef de l'Etat socialiste. Il comptait pour cela sur le soutien de dizaines de milliers de personnes, qui descendaient dans la rue à chacun de ses appels à manifester.Mais depuis le soulèvement manqué du 30 avril et l'offensive du pouvoir contre les «traîtres» à l'origine de la tentative de rébellion, le vent semble avoir tourné dans la rue. Samedi, ils n'étaient qu'entre 1500 et 2000 sur la place Alfredo Sadel, dans un quartier de l'est de Caracas majoritairement acquis à l'opposition.
Au contraire de précédentes manifestations anti-Maduro, qui ont rassemblé des foules beaucoup plus importantes, celle-ci n'a pas quitté la place pour sillonner les rues de la capitale.
Le pouvoir de mobilisation de Guaido a subi une «érosion» qui est «naturelle», a expliqué à la presse Félix Seijas, directeur de l'institut de sondages Delphos, qui situe à 59% le niveau de confiance des Vénézuéliens en Guaido, contre 63% lorsqu'il était au plus haut. «Guaido a vendu l'idée que le soutien à Nicolas Maduro au sein de l'armée n'était pas si important», mais il a été démenti par les faits et «a désormais moins de pouvoir de négociation», selon le cabinet Eurasia Group.
L'armée fait toujours bloc autour de Nicolas Maduro. Faute d'avoir brisé le soutien des militaires au président Nicolas Maduro, l'opposition vénézuélienne a donc décidé de se rapprocher de l'armée américaine. Juan Guaido a demandé à son représentant à Washington, Carlos Vecchio, de prendre contact avec le commandement américain pour l'Amérique du Sud (Southcom).
Carlos Vecchio a écrit samedi à l'amiral Craig Faller, qui dirige le Southcom, pour mettre en place une «coopération stratégique et opérationnelle afin d'en finir avec la souffrance de notre peuple et restaurer la démocratie», selon un tweet publié lundi qui reproduit ce courrier.
Le Southcom avait affirmé jeudi être «prêt» à discuter du «soutien» qu'il pourrait apporter aux responsables de la marine vénézuélienne, «qui ont fait le bon choix». Selon l'entourage de Carlos Vecchio, la rencontre pourrait avoir lieu dans les prochains jours.
C'est la première fois qu'un rapprochement entre le camp de Guaido et l'armée américaine est rendu public. Washington, qui n'a de cesse de renforcer ses sanctions contre Caracas, n'écarte pas une intervention militaire au Venezuela pour opérer un coup d'Etat.
Par la voix de la vice-présidente Delcy Rodriguez, Caracas a vivement réagi lundi à l'appel lancé par Maduro en direction de Washington. «Nous avons lu et nous rejetons une chose répugnante, un courrier envoyé par un des putschistes qui se cache à Washington, où il demande une intervention militaire au Venezuela», a-t-elle déclaré à la télévision, au côté du général Vladimir Padrino, son ministre de la Défense.
Sur un autre plan, le Conseil de sécurité devait tenir hier une réunion sur le Venezuela, à la demande pour la première fois des pays européens. Lors de cette session à huis clos, les exposés de deux secrétaires généraux adjoints de l'ONU, l'Américaine Rosemary DiCarlo (Affaires politiques) et le Britannique Mark Lowcock (Affaires humanitaires), seront entendus.
La session permettra aussi de rendre compte de la dernière réunion, les 6 et 7 mai à San José, du Groupe de contact international (GIC) sur le Venezuela, réunissant des pays européens et latino-américains.
La dernière réunion du Conseil de sécurité sur le Venezuela remonte au 10 avril et avait été demandée, comme les précédentes, par Washington, elle avait été marquée par un appel du vice-président Mike Pence à un «changement de régime» au Venezuela.


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