Les banques
maillons faibles de la zone euro ? La crise grecque a fragilisé les défenses
des banques et a montré leur trop grande exposition aux créances d'Etats en
difficulté. Face à cette situation dangereuse et au risque d'une récession, les
Européens sont divisés.
La dégradation de
la note de deux banques françaises, Société Générale et Crédit Agricole, par
l'agence Moody's a beau être présentée comme un événement sans grande
signification – par le gouverneur de la Banque de France et la présidence française
notamment -, elle est incontestablement un indicateur de l'érosion de la
confiance des investisseurs dans la qualité des portefeuilles de ces banques. L'agence
de notation maintient une troisième banque, BNP-Paribas,
sous surveillance « négative». Selon des économistes anglais, la situation des
banques allemandes serait à peine meilleure. La prudence des investisseurs est
relayée par les banques américaines qui expriment des réticences à prêter à
leurs consÅ“urs européennes qu'elles jugent excessivement exposées à la dette de
la Grèce et de
l'Italie. La Banque
Centrale Européenne (BCE) a annoncé mercredi 14 septembre
qu'elle consentait un prêt de 575 millions de dollars à deux établissements de
la zone euro. Ce prêt en dollars est un élément supplémentaire qui illustre la
perte de confiance du marché américain vis-à-vis des banques fragilisées. C'est
la deuxième fois depuis février que la
BCE alloue des dollars à des banques de la zone euro.
La vidéoconférence
du mercredi 14 septembre, très attendue et présentée comme « cruciale», entre
la chancelière Angela Merkel,
le président Nicolas Sarkozy et le Premier ministre grec George Papandreou, n'a abouti à aucune décision significative. Il
est vrai que les leaders des deux premières économies européennes n'ont pas le
pouvoir à eux seuls d'engager l'ensemble des pays de la zone. Au terme de leur
téléconférence, le couple franco-allemand s'est ainsi dit convaincu «que la
place de la Grèce
est bel et bien dans la zone euro», sous condition de «la mise en Å“uvre stricte
et effective du programme de redressement de l'économie grecque soutenu par les
pays de la zone euro et le FMI et qui conditionne le déboursement des futures
tranches du programme.»
Divergences européennes
Cet engagement
conditionnel n'a que fort brièvement rassuré les marchés dopés tout au long de
la semaine dernière par les interventions répétées des banques centrales. De
fait, réunis le week-end dernier à Wroclaw, en Pologne, les ministres européens
des Finances ont convenu de reporter à octobre leur décision sur un crédit de 8
milliards d'euros à la Grèce
dans l'attente des conclusions d'un groupe ad-hoc sur
l'état d'avancement des réformes engagées par la Grèce. Tout aussi
significativement, aucun progrès n'a été enregistré sur le deuxième plan d'aide
à la Grèce, de
près de 160 milliards d'euros, participation du secteur privé inclue, sur
lequel les membres de l'Eurozone étaient tombés
d'accord le 21 juillet dernier. Dans un contexte où le gouvernement de George
Papandréou est accusé de retard dans l'application de son plan de rigueur
budgétaire. Ce dimanche, Athènes a donc annoncé de nouvelles mesures
d'austérité destinées à rassurer les Européens. Cela sera-t-il suffisant pour
calmer les angoisses des investisseurs ?
Fragilité bancaire
et menace de récession
La cessation de
paiement de la Grèce
qui entraînerait mécaniquement un processus de rééchelonnement de sa dette est
une perspective affolante. Certains y voient un début de processus de remise en
cause de l'euro et la phase déterminante d'une crise bancaire incontrôlable. Outre
le mode de renflouement des banques, la question qui se poserait dans un tel
cas de figure catastrophique serait de savoir qui serait le pays suivant à
quitter la zone… Les interrogations sur l'insuffisance de capitaux des banques
européennes dans un environnement économique peu favorable et de finances
publiques dégradées sont lancinantes. Relayant des propos alarmistes de
Christine Lagarde, DG du FMI, Willem Buiter, l'économiste
en chef de Citigroup, précise que ces banques, françaises
et allemandes notamment, auraient actuellement besoin d'une recapitalisation de
300 milliards d'euros. Le renforcement de leur assise financière permettrait de
résister à d'autres chocs - à condition de maintenir leurs ratios de fonds
propres à leurs niveaux actuels - à des restructurations des dettes publiques
des trois pays européens sous perfusion, la Grèce, l'Irlande et le Portugal. La grande
inconnue est bien dans la capacité de résistance à terme de ces banques à leur
importante exposition à ces trois risques. D'autant qu'à l'issue de trois
vagues de stress tests de résistance des banques européennes, l'état réel de
leurs équilibres bilanciels n'est pas vraiment connu. Et quid de leur situation
si le syndrome grec devait s'étendre à l'Espagne ou l'Italie ? L'inquiétude
grandit et pas seulement dans les milieux financiers. Si l'Europe ne prend pas
rapidement des décisions radicales pour éteindre l'incendie de la dette
souveraine, elle prend le risque d'une aggravation dramatique de la crise bancaire
et d'une entrée en récession de l'économie de la zone. Si les marchés ont
quelques raisons de s'inquiéter, les citoyens européens aussi…
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Posté Le : 20/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Saïd Mekki
Source : www.lequotidien-oran.com