Les diplomaties européenne et russe ont mené un forcing durant les dernières 24 heures pour ramener le calme à Kiev, pousser à des élections présidentielles et générales anticipées et sanctionner les «coupables de sang» dans les deux camps.Craignant une dégradation générale en Ukraine qui menace le pays et toute la région du Caucase, Européens et Russes ont mené un forcing diplomatique sur les «belligérants» durant les dernières 24 heures pour les amener à un compromis politique garantissant, du moins provisoirement, un arrêt des violences. Réunis jeudi à Bruxelles en session extraordinaire, les ministres de l'Union européenne (UE) ont abouti à un accord sur une première série de sanctions touchant essentiellement de hauts responsables politiques et institutionnels ukrainiens accusés d'avoir «du sang sur les mains». Cela concerne autant des hommes du pouvoir ukrainien que des meneurs activistes de l'opposition. En attendant de donner la liste des «coupables de sang», l'UE précise que les coupables seront interdits de visa de circulation dans les 28 pays de l'UE et verront leurs avoirs financiers personnels à l'étranger gelés. Au même moment, jeudi, trois ministres européens, ceux de France, d'Allemagne et de Pologne, ainsi qu'un diplomate russe, étaient à Kiev pour une médiation entre pouvoir et opposition. Au bout, un accord a été conclu pour organiser dans l'année en cours des élections générales (législatives et présidentielle); de cesser toute action violente et de mettre sur place un gouvernement de coalition nationale. Le temps relativement court qui a mené à ce compromis montre bien que la crise ukrainienne dépasse en réalité le seul peuple ukrainien et dépend, dans une grande partie, de l'équilibre politique entre Russes et Européens. Au-delà de la particularité du pays où vivent plusieurs ethnies avec des contentieux historiques; où le niveau de richesse et de développement désavantage toute la partie ouest du pays et jusqu'aux rites religieux (orthodoxes, catholiques…) qui minent la cohésion sociale, l'Ukraine est un enjeu stratégique de taille entre l'Europe et la Russie. Pays de transit des gazoducs russes vers l'Europe, notamment des pays comme l'Allemagne, l'Italie, la Pologne et l'Autriche, c'est surtout les dernières frontières terrestres avec l'Union européenne. Dans cet affrontement d'intérêts stratégiques, la Russie, au contraire de l'UE, a observé, durant toute cette crise, une attitude plutôt défensive appelant au dialogue entre les belligérants en Ukraine et à la non-ingérence directe des Occidentaux (Européens et Américains). C'est que les Russes, en plus de vouloir préserver leurs intérêts géostratégiques, connaissent très bien les dessous de la société ukrainienne. Et pour cause, elle fut durant plus de 60 ans partie de la famille de l'ex-URSS. Les Européens, eux, s'emploient à former une large alliance à leurs frontières Est pour contenir les influences russes. En clair, les Ukrainiens, dans leur légitime lutte pour plus de libertés démocratiques et leur souhait de rejoindre la famille européenne, se trouvent pris en étau entre les stratégies d'influence européenne et russe. Les accords conclus, jeudi soir, à Kiev et Bruxelles peuvent-ils garantir une paix durable en Ukraine ' Tout dépendra, comme depuis le début de cette crise, de l'attitude et de l'équilibre politique entre Russes et Européens. Qui pourrait croire que les Russes abandonneraient, par exemple, leurs bases militaires et maritimes (Odessa) en Ukraine, ou laisseraient tomber l'importante communauté russophone ' Quant aux Européens, dépendant largement (40% environ) du gaz russe, oseraient-ils mettre en péril leur approvisionnement énergétique et économique en prétextant la défense des droits de l'homme et des libertés ' Pour l'heure, la Russie a accordé un prêt de 300 milliards de dollars à l'Ukraine, dont 15 ont été débloqués, alors que l'UE avait refusé l'avancer le moindre euro contre sa signature du fameux Accord d'association proposé en novembre dernier. Refus qui a précipité le pouvoir ukrainien dans les bras de Moscou et qui a été le déclencheur de la crise violente qui secoue le pays depuis novembre.
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Posté Le : 22/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Bruxelles
Source : www.lequotidien-oran.com