Algérie

Crise sanitaire et gouvernance: A la recherche de la bonne feuille de route


En procédant depuis mercredi dernier à l'assainissement des listes des bénéficiaires d'autorisation de circuler, les wilayas déléguées se sont rendu compte que des centaines de documents ont été délivrés par complaisance et ont même servi à couvrir des activités commerciales véreuses.Etablies comme laissez-passer pour les personnes qui sont appelées à se déplacer pour des raisons professionnelles strictes durant les heures de confinement, les autorisations de circuler ont été délivrées dans de nombreux cas par copinage et ont même servi pour relancer des trafics illégaux. «Au niveau d'une seule wilaya déléguée, 4.000 autorisations ont été refusées après avoir exigé des informations minutieuses sur leurs bénéficiaires», nous indiquent des cadres. Des membres des services de sécurité affirment que «des autorisations de circuler ont servi à réactiver le commerce des drogues qui a pourtant connu un sérieux ralentissement depuis que le pays est confiné». «Il y a eu une affligeante absence de vigilance dans l'octroi de ces documents, il y a des organismes socioprofessionnels qui ont présenté de longues listes de noms devant bénéficier de cette autorisation, l'administration les a délivrés sans trop s'arrêter sur les renseignements de tout un chacun», nous fait savoir un haut fonctionne de l'Etat. «En quelques jours de confinement, des réseaux de trafiquants se sont remis en activité pour commercialiser la drogue», fait-il savoir. Les sociologues s'interrogent sur cette capacité de nombreux citoyens à rebondir en un temps record et saisir toute situation aussi délicate soit-elle pour agir en contradiction avec l'ordre public et en violation flagrante des lois. «Les dealers se sont vite redéployés pour approvisionner leurs clients, c'est grâce aux services de sécurité que nous avons pu les repérer(...)», affirment nos sources.
Pas seulement, «on est même allé sur les traces de certains fonctionnaires véreux qui ont cédé des autorisations à 10.000 DA et même 50.000 DA quand il s'agit de couvrir des activités frauduleuses», disent nos sources. De telles situations de mauvais aloi semblent faire légion dans le pays. Ceux qui pensent que l'Algérie sera débarrassée de la corruption en incarcérant le plus grand nombre de responsables qui ont servi sous Bouteflika, se trompent d'approche.
Quand les ranc?urs s'érigent en mode de gouvernance
«Remplir les prisons de corrompus et corrupteurs présumés n'a jamais rendu service aux nations, aucun pays n'a enregistré d'aussi nombreux mandats de dépôt en une période aussi courte, qui plus est, de dirigeants et hauts responsables et cadres de l'Etat», soutiennent des juristes. «Au train où vont les choses, on peut s'attendre à ce que de nombreux cadres d'institutions soient eux aussi jetés en prison, et ce pour n'avoir pas dénoncé, selon la justice, des affaires de corruption», s'inquiètent-ils. «Beaucoup de responsables qui ont travaillé sous les instructions de la présidence de la République au temps de Bouteflika, ne pouvaient ne pas savoir qu'un gouvernement tout entier s'adonnait à la corruption sous toutes ses formes, si tels sont les faits réels retenus contre ceux qui croupissent depuis plus d'un an en prison», pensent des avocats. «Se taire s'il en est ainsi, est un délit, faudrait-il alors déférer tout le pays devant le parquet '!'» interrogent-ils en lâchant que «l'Algérie s'empêtre dans des imbroglios politico-judiciaires qui ne la servent pas, bien au contraire, ils lui apprêtent la réputation d'un pays qui nourrit la corruption et triche dans toutes les occasions, c'est terrible comme situation !»
Nos sources s'étonnent alors de voir la justice se braquer sur une seule période, celle où Bouteflika était président, alors que depuis qu'il a été conçu, le système politique en vigueur a toujours servi ses castes, le délit date même d'avant l'indépendance où des chefs se disputaient des leaderships divers avec férocité et sans état d'âme. Les velléités de règlements de comptes ne se sont jamais estompées. «Aucune éthique ni morale ne permettent de soumettre tout un pays à ce genre de vengeance dont les effets et conséquences constitueront sans nul doute le plus effrayant héritage que les générations futures accapareront avec les mêmes intentions, la Nation ne s'en sortira pas indemne», estiment les avocats. «L'Algérie ne mérite pas d'être prise à la gorge par l'étau d'une justice qui pense ainsi assainir une gouvernance qui n'a jamais été très honnête depuis l'euphorie de l'indépendance», pense un sociologue. Pour toutes nos sources, «il aurait été plus judicieux pour les gouvernants de construire l'impérative confiance qui a toujours fait défaut dans le pays, il faut penser sérieusement à évaluer, recenser et protéger les biens dilapidés de la collectivité».
Une autorisation pour «besnassa»
L'urgence est telle que, disent nos interlocuteurs, «une simple autorisation de circuler est devenue très rapidement un moyen de «besnassa», jeter les gens en prison n'a jamais été un remède pour libérer le pays des griffes de la corruption, il faut sauver l'Algérie des ranc?urs et des rancunes pour pouvoir la construire sur des bases saines».
Ce n'est pas tant un changement d'horaires du confinement qui peut, selon nos sources, «obliger tout un peuple à s'y conformer alors qu'on ne lui a jamais enseigné le respect de la loi, d'autrui et de la collectivité». Des observateurs rappellent encore que ce sont les officiels qui donnent le mauvais exemple en se déplaçant partout avec un nombre important de responsables dont la présence n'est très souvent pas utile. L'on se demande d'ailleurs à quoi riment les déplacements dans le pays du ministre de la Santé, de la Solidarité, du Commerce et autres, dans une conjoncture où eux-mêmes appellent les Algériens à éviter le contact physique avec leur propre famille. En se mettant quotidiennement sous les feux des projecteurs, les ministres s'embourbent dans des déclarations contradictoires qui perturbent les esprits citoyens. C'est la pire des méthodes de communication qu'aucun gouvernement n'ait jamais adoptée. Il est curieux qu'en présence d'un porte-parole du gouvernement, de surcroît ministre de la Communication, l'on voit le ministre de la Santé occuper toutes les tribunes pour sensibiliser les citoyens sur le port d'une bavette que le marché local n'a pas. Entouré de plusieurs responsables, le professeur Benbouzid a toujours lancé son appel sans aucun respect de la distanciation sociale. Sa visite au domicile même de la jeune médecin décédée après avoir été contaminée par le Covid-19, accompagné de sa collègue de la Solidarité et d'autres personnes, laisse pantois. La commission présidée par le professeur Fourrar est cette autre voix officielle du «Covid-19» qui peine à rassurer au regard du manque flagrant des moyens de protection sur le marché.
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