Algérie

Crise politique: Dialogue en terrain miné



Les appels incessants du chef d'état-major de l'armée au dialogue n'ont toujours pas trouvé preneur sur une scène nationale où les acteurs semblent se complaire dans un jeu de rôles malsain.Le 15ème vendredi du mouvement populaire n'a rien apporté de nouveau quoi qu'en nombre, il est bien moins dense de ce qu'il en a été le 22 février dernier. Ceux qui s'amusent à compter le ‘hirak' en millions de personnes se trompent d'indicateurs susceptibles d'en préciser clairement les man?uvres et les objectifs. Trois mois après sa première sortie sur le terrain, le mouvement est revenu vendredi dernier avec force sur son exigence de faire partir les B qui restent en poste. Abdelkader Bensalah et Nouredine Bedoui figurent toujours en haut de la liste. En participant au Sommet arabe à La Mecque, le Premier ministre a dû déstresser quelque peu, tant à Alger il reste confiné, tous les jours dans son bureau. De chez lui, il doit avoir le c?ur gros à voir défiler tous les vendredis de nombreux citoyens juste pour réclamer son départ du palais du Dr Saâdane. Bensalah n'est pas non plus le plus heureux des hommes en occupant sa chaise de chef de l'Etat même s'il doit reprendre le sourire en sachant que le 9 juillet prochain, il pourra rentrer chez lui. Sauf si d'ici là, Ahmed Gaïd Salah aura eu l'astuce juridique du Conseil Constitutionnel pour renvoyer cette fin de mission à la fin de l'année. Le chef d'état-major de l'ANP ne semble d'ailleurs pas se soucier du temps. Il a affirmé, certes ,qu'il est précieux mais tant que les politiques refusent de se mettre autour d'une table pour négocier leurs initiatives, au grand jour, il ne détaillera pas son appel au dialogue en en identifiant les mécanismes, les objectifs et le temps qui lui sera nécessaire. Il n'en donnera ni la date ni « la liste des invités.» Son appel, il l'a adressé presque à des anonymes qu'ils soient personnalités nationales, élites, enfants de la patrie. » Pourtant, le général de corps d'armée a, semble-t-il, reçu à cet effet, un programme qui lui en précise toutes les étapes, les acteurs et les recommandations à retenir. Ceux qui le lui ont remis ont toute sa confiance pour être des analystes qui ont l'habitude de « l'éclairer » sur les erreurs à ne pas faire, dans un contexte politique miné. Et c'est parce qu'il reste très prudent en évitant de faire le pas qui lui sera compté comme faute par ses détracteurs, Gaïd Salah n'en dévoilera pas le contenu, à partir d'une caserne. L'on se demande comment peut-il alors appeler à un dialogue qu'il présente comme la solution la plus appropriée pour une sortie de crise, alors qu'il sait que ses opposants ne se mettront pas autour d'une même table avec les représentants de l'Etat, Bensalah et Bedoui, leur départ étant un préalable que le ‘Hirak' se charge de rappeler. Tous les antagonistes sur la scène nationale savent qu'ils entretiennent ainsi un dialogue de sourds dans un contexte de crise et d'impasse politique. Le cercle est très vicieux. Au dialogue que veut Gaïd Salah, organisations, personnalités et partis politiques brandissent des propositions de solution de crise, chacun de son côté. Ce jeu de rôles semble avoir été planifié par des manipulateurs de scènes spécialisés.
L'on dit que Bensalah va procéder à un important mouvement de walis et ce, au titre de la campagne de désamorçage « des bombes » dont a parlé Gaïd Salah. Ce qui permettra à la justice de ramener à sa barre quelques uns de ces premiers magistrats des wilayas, dans le cadre de la lutte contre la corruption, au niveau local. Il est attendu de grands changements au niveau de la haute administration, en prévision des échéances électorales à venir. Le chef d'état-major veut, certainement, profiter de ce vide politique pour procéder à des repositionnements tactiques. Il sait que les partis politiques de l'opposition ne sortiront pas de leur tanière tant qu'il ne leur aura pas déblayé le terrain et préparé la table du dialogue. N'était leur gêne face au ‘Hirak', ces partis se seraient concerté -comme dans leur habitude- avec « les symboles du pouvoir » pour apparaître sur la scène comme étant un contre-pouvoir, à part entière. Ils ont, de tout temps, accepté de participer à des votes qui ne devaient leur donner que le nombre de voix que les décideurs leur auraient fixé au préalable. Ils se sont toujours plié à des politiques de quotas avec une option assez spéciale, celle de pouvoir se défouler en criant à la fraude. Leur complicité dans le renforcement d'une gouvernance corruptrice est avérée. La classe politique a profité, illégalement, d'avantages matériels immenses dans des assemblées élues qui l'étaient tout autant. C'est dire que le chef d'état-major et les politiques se connaissent tous entre eux pour avoir servi au sein d'un même système politique de chantage et de duperie.


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