Algérie

Crise : On achève bien les pêcheurs Contrechamps : les autres articles



Crise : On achève bien les pêcheurs                                    Contrechamps : les autres articles
Plus de 200 dossiers transmis à la justice pour non-paiement et des bateaux saisis à Tipasa, Boumerdès et Cherchell. Un ministre qui reconnaît que rien ne va plus, accusant la raréfaction des ressources halieutiques. Les millions injectés par l'Etat dans la pêche depuis dix ans n'ont servi à rien. Car si les pêcheurs n'arrivent plus à pêcher et à rembourser leurs crédits, c'est parce que le secteur est gangrené par la corruption et les mauvaises pratiques.
Engloutis. Depuis le début des années 2000, l'Etat alloue des milliards de dollars au secteur de la pêche. Sans résultat, puisque Abdallah Khanafou, ministre de la Pêche, a reconnu, à la mi-septembre, que la production nationale avait chuté de 20% depuis 2009, imputant par ailleurs le recul de la ressource à l'arrêt de 50% de la flottille dans certains ports. Signe extrême de la crise que traverse le secteur, la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) vient de saisir une vingtaine d'embarcations à Tipasa, Boumerdès et Cherchell, et a transmis quelque 200 dossiers à la justice pour des impayés. Acculés, les armateurs ne savent plus vers qui se tourner.
«L'aide de l'Etat a été accordée à des personnes qui n'avaient rien à voir avec le monde de la mer, déplore un vieux pêcheur. C'est là qu'a commencé notre malheur. De nouveaux armateurs friqués, qui entretenaient de solides relations avec quelques cadres du ministère de la Pêche, ont rapidement investi les ports, avec arrogance, en se fichant de nos coutumes et mettant en péril la faune et la flore, que nous avons toujours respectées depuis notre enfance.» Malgré le plan de relance économique, la pêche n'a pas refait surface. Au fil des ans, l'utilisation des explosifs, la surexploitation des fonds marins, le développement de la pollution du littoral, le dégazage des navires au large de la côte algérienne, l'irrespect du repos biologique par les pêcheurs, la multiplication des rejets des eaux usées, le braconnage des espèces marines, qui n'ont pas atteint les dimensions recommandées pour leur commercialisation, ont eu raison d'une bonne partie du stock halieutique.
En parallèle, l'Etat continuait à accorder des avis favorables pour l'importation de navires (Espagne, France, Italie, Turquie et Tunisie). Pendant ce temps, les ports de pêche algériens sont devenus trop exigus pour abriter l'arrivée massive de la flotte et des épaves importées en devises.
Navires abandonnés
Plus grave : des armateurs véreux ont abandonné dans des ports leurs navires importés après avoir délesté leurs propres embarcations de leurs équipements électrico-mécaniques, matériels électroniques et hélices. L'Entreprise de gestion des ports n'arrive pas à faire aboutir au niveau des tribunaux les plaintes contre ces personnes qui abandonnent leurs navires ainsi. L'Ecorep, opérateur public dans le secteur de la pêche qui devait être le bénéficiaire de ce plan de relance économique, a disparu. Ses infrastructures ont été cédées à la Marine nationale par l'Etat, tandis que son personnel a été mis au chômage. Il était aussi question de créer des pêcheries qui répondent aux normes pour mieux canaliser le cheminement du poisson depuis le débarquement du navire jusqu'au consommateur. Il n'en fut rien.
«L'Etat s'est contenté de promesses qui n'ont pas été tenues. Les statistiques de production de poisson communiquées par le ministère sont totalement fausses», assure un pêcheur. Toujours en septembre, le ministre a expliqué que la production a atteint 78 000 tonnes en 2010 en baisse de 20% par rapport à 2009. Depuis deux ans, les marins pêcheurs, eux, revendiquent l'effacement de leurs dettes au même titre que les agriculteurs.


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