Algérie

Crise libyenne : Le Covid-19 n'a pas arrêté la bataille de Tripoli



L 'armistice «humanitaire» n'a pas résisté à la volonté des belligérants libyens d'exploiter la pandémie de coronavirus pour grignoter des avantages par rapport à son vis-à-vis dans la bataille de Tripoli.Ainsi, les quartiers d'Abou Slim, Souani, Ouichka et Ain Zara, soit tout l'arc Sud-Est/Sud-Ouest enveloppant Tripoli, s'est enflammé les trois derniers jours. Des obus ont même touché des établissements de santé publique.
La population locale ne sait plus à quel saint se vouer.
Les hôpitaux El Khadhra et El Istiklal de Tripoli ont été attaqués par des missiles vendredi dernier, provoquant la rupture de l'électricité, selon un communiqué du ministère de la Santé. Les corps médicaux ont été obligés d'évacuer des malades graves, dont des cas de Covid-19, selon le même communiqué. La commission de crise et des urgences auprès du ministère libyen de la Santé a lancé un appel humanitaire pour arrêter «les attaques barbares» dont font l'objet les établissements sanitaires, avec le risque d'expansion du coronavirus.
Le président du gouvernement de réconciliation nationale, Fayez Al Sarraj, a déploré, dans une interview donnée à l'agence russe Sputnik, «le non-respect de la partie adverse du cessez-le-feu humanitaire, décrété depuis le 18 mars dernier».
De son côté, le porte-parole de l'Armée nationale libyenne, Ahmed Mesmari, accuse les forces pro-Sarraj de rompre le cessez-le-feu. Et aux Tripolitains de se retrouver sous le feu, malgré le couvre-feu décrété et les mesures d'urgence, annoncées à cause de la pandémie.
Les Libyens peinent à joindre les deux bouts
Le président de la commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mohamat, a déclaré à El Watan que «toutes les missions de bons offices, concernant la Libye, sont à l'arrêt en ce moment» et que «la réunion de réconciliation de l'UA, prévue en avril, n'est plus à l'ordre du jour».
«La Libye n'est plus la priorité de l'UA, qui craint que les groupes terroristes n'exploitent la phase actuelle, pour s'implanter dans les pays du Sahel», a-t-il fait remarquer. Pour sa part, la mission de l'Union européenne en Libye a demandé aux belligérants libyens de «voir, à travers la mer, ce qui se passe dans les pays européens, riches et disposant d'infrastructures développées de santé».
L'UE demande aux Libyens de «retenir la leçon, pour ne pas subir la pandémie, en plus de la guerre». L'ambassadeur américain à Tripoli, Richard Norland, continue à reprocher à plusieurs pays de la communauté internationale de «ne pas respecter les engagements pris à Berlin, sur la fourniture d'armes aux belligérants libyens».
En plus de la guerre, la production libyenne de pétrole est quasiment suspendue, suite à un mouvement déclenché par les tribus, le 17 janvier dernier. Depuis, seuls les gisements offshore restent actifs. Ils ne représentent que 15% du brut libyen.
Il est vrai que la perte n'est pas évidente avec des cours avoisinant les 30 dollars le baril. Mais, cela pèse lourd pour un pays dont les revenus proviennent à 98% de cette rente. Les recettes de la Banque centrale libyenne se sont ainsi raréfiées.
La Banque a déjà débloqué 3,95 milliards de dollars pour les salaires de janvier et février, ainsi que les importations des produits de base, compensés par l'Etat, comme la farine, la semoule et les pâtes. Toutefois, les Libyens n'ont pas encore perçu leur salaire de mars.
La Banque centrale dit se prémunir pour les mois à venir, surtout que le mois de Ramadhan pointe dans deux semaines. Il est vrai que rien n'indique qu'on assistera à une reprise de la production pétrolière.
Les Libyens, notamment les Tripolitains, croulent donc sous le poids de la guerre et le manque de ressources. Heureusement que le coronavirus les a, relativement, épargnés. La Libye n'a enregistré que 25 cas Covid-19, entraînant un seul décès contre 8 guérisons. Mais, tout reste possible avec cette pandémie.
Tunis
De notre correspondant Mourad Sellami


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