La bataille de Tripoli entre dans sa 7e semaine, sans qu'il y ait un espoir de solution rapide. Même les visites de Khalifa Haftaret Al Sarraj dans les capitales européennes ne semblent pas faire bouger les lignes.
Lors des récentes visites de Khalifa Haftar et Fayez Al Sarraj dans les capitales européennes, les dirigeants de Rome et Paris ont surtout examiné avec eux les questions de stabilité permanente de la Libye, pour garantir l'approvisionnement en pétrole, la lutte antiterroriste et la sécurité du peuple libyen.
Donald Trump avait, lui-aussi, soulevé au téléphone les mêmes problématiques avec Khalifa Haftar, 15 jours plus tôt. La question des milices armées indisciplinées prend le dessus sur la responsabilité dans la bataille de Tripoli, lancée le 4 avril par Khalifa Haftar.
Il ressort de la visite de Fayez Al Sarraj aux capitales européennes, Rome, Paris, Berlin et Londres, que si tout le monde est favorable à une solution négociée entre les belligérants libyens, les conditions de réconciliation ne sont plus les mêmes après le 4 avril. L'évolution de la position internationale n'est pas uniquement dictée par la présence des forces de Haftar aux portes de Tripoli, elle est également liée à la présence de milices controversées dans le camp d'Al Sarraj, ce qui a, par ailleurs, poussé les dirigeants européens à attirer implicitement l'attention du chef du gouvernement libyen sur ce problème.
Oui, mais?
Cette réticence a été également constatée dans la position du président tunisien, Béji Caïd Essebsi. Tout en continuant à reconnaître la légitimité du gouvernement Al Sarraj, le président tunisien a dit, dans une récente déclaration, qu'il se situe à égale distance entre les deux belligérants. Les critiques à l'encontre de l'attaque de Haftar du 4 avril ont cédé la place à une recherche de solution globale, incluant l'intégration des milices indisciplinées, notamment du côté des capitales internationales.
Pour ce qui est des pays arabes de voisinage, le souci de cessez-le-feu est plus présent. Ainsi, en préparation de la rencontre ministérielle tuniso-algéro-égyptienne, devant se tenir la semaine prochaine à Tunis, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, a réitéré la position de son pays en faveur d'un cessez-le-feu immédiat, appelant à «faire prévaloir l'intérêt supérieur de la Libye et à hâter la reprise du dialogue sous les auspices des Nations unies pour trouver une solution pacifique à la crise». Point de référence à la bataille de Tripoli. Pourtant, Al Sarraj est catégorique pour rejeter le dialogue avec Sarraj.
Problème des milices armées
La question des milices de Tripoli n'est pas récente en Libye. En effet, le 5 janvier dernier, le député misrati, ministre de l'Intérieur d'Al Sarraj, Fathi Bachagha, a reconnu, dans une interview à BBC, que «des milices armées, hors contrôle, font du chantage avec les structures de l'Etat, tout en dominant le budget du ministère de l'Intérieur et la décision politique du Conseil présidentiel». Bachagha a alors précisé que ces milices n'appartiennent que formellement au ministère de l'Intérieur de Tripoli.
Il a repris les mêmes accusations sur la chaîne américaine Al Horra, lors de sa visite en février dernier aux Etats-Unis. «Nous nous sommes retrouvés dans une impasse avec ces milices ; les arrangements sécuritaires établis avec ces groupes armés ont échoué», avait-il expressément dit. Cet échec est, par ailleurs, régulièrement constaté par l'envoyé spécial de l'ONU, Ghassen Salamé.
Allant dans la même lecture de la situation, le politologue libyen et professeur en droit international, Mohamed Zebid, explique à El Watan qu'un tel constat de désordre domine la plupart des régions libyennes depuis 2011. Le pays s'étant enfoncé dans une spirale destructrice ayant des ondes de choc en Afrique du Nord et dans les pays du Sahel. Le professeur Zebid affirme que des seigneurs de la guerre se partagent le contrôle des puits de pétrole et des portions entières de territoire en se livrant au trafic de drogue, d'armes et de migrants.
Après la réussite de Haftar à contrôler l'Est et le Sud libyens, cela fait nécessairement penser aux puissances internationales à «un homme fort pour diriger la Libye depuis Tripoli, plus utile pour son peuple que le long chaos qui a suivi la guerre menée dans ce pays, depuis 2011, et, surtout, cet homme pourra garantir que le pétrole continuera à couler», affirme le politologue. En lui donnant un peu de temps, Haftar pourrait bien y arriver, comme ce fut le cas à Benghazi, conclut le politologue. Le peuple libyen, quant à lui, continuera à souffrir.
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Posté Le : 18/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mourad Sellami
Source : www.elwatan.com