Algérie

Crise libanaise



Les représentants de la majorité et de l'opposition libanaises sont depuis vendredi à Doha, dans l'espoir d'y concrétiser le scénario de sortie de crise négocié in extremis par le Qatar et la Ligue arabe alors que le pays était engagé dans la guerre civile. Après une flambée de violence qui a fait 65 morts et 200 blessés, la majorité anti-syrienne et l'opposition menée par le Hezbollah ont accepté jeudi à Beyrouth de renouer le dialogue en vue de former un gouvernement d'union nationale.
Un accord en six points a été accepté par les deux camps rivaux, après une médiation de la Ligue arabe menée par le Qatar. Les discussions devaient commencer dès vendredi soir à Doha, la capitale de cet émirat du Golfe qui entretient de très bonnes relations avec l'opposition libanaise, après leur ouverture par l'émir du Qatar, cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani.
Tous les ténors de la clase politique libanaise étaient présents alors que le Hezbollah est représenté à un moindre niveau, ses chefs ne voyageant pas à l'étranger pour raisons de sécurité. “Un miracle”, ont titré les journaux libanais, en mettant en garde cependant contre les conséquences désastreuses d'un éventuel échec et le risque que cette trêve ne soit qu'un répit.
En effet, malgré l'optimisme qu'il suscite, ce dénouement conclu au prix d'un recul du gouvernement face au Hezbollah, soulève des interrogations sur le rapport de force entre les deux camps dans les négociations en cours. Aux termes de l'accord, la majorité, soutenue par les Occidentaux et l'Arabie Saoudite, et l'opposition, alliée de l'Iran et la Syrie, doivent négocier la formation d'un gouvernement d'union nationale, réclamé par l'opposition, et une loi électorale préalable aux élections générales de 2009.
Une fois ces deux points résolus, le scénario prévoit la levée du campement de l'opposition qui paralyse le centre de Beyrouth depuis novembre 2006, puis, le lendemain, l'élection du chef de l'État, qui sera certainement le commandant en chef de l'armée, le général Michel Sleimane dont la désignation a été approuvée par tous, mais le Parlement, présidé par un chiite d’Amal n'a jamais pu se réunir pour l'élire en raison justement de la crise. L’opposition souhaitant d’abord voir ses revendications exhaussées. L’opposition revendique de fait la reconfiguration du pouvoir en fonction des réalités démographiques sinon un statut de minorité de blocage au sein du gouvernement.
La crise avait éclaté en novembre 2006 lorsque l'opposition avait claqué la porte du gouvernement, où elle comptait six ministres, dont cinq chiites, en estimant qu'elle y était sous-représentée. Après 18 mois de bras de fer, l'annonce le 6 mai par le gouvernement de deux mesures visant à contrer l'influence du Hezbollah avait déclenché des violences inédites depuis la guerre civile (1975-90). Si avec une certitude, Michel Sleimane sera le successeur d’Émile Lahoud, il reste à obtenir le consensus sur le contenu du gouvernement d'union nationale et la loi électorale, deux questions qui, en revanche, divisent toujours les deux camps. Quant bien même la rencontre de Doha est fortement appuyée par Riyad, la Ligue arabe, Paris, Berlin et Washington qui a dépêché à Beyrouth un haut gradé, le général Martin Dempsey, pour discuter avec le gouvernement Siniora des moyens d’étendre l’aide américaine à l’armée libanaise, une chose est sûre, le Hezbollah ne se laissera pas désarmer. Nasrallah a annoncé qu’il ne cédera pas sur la question. Sa thèse est la suivante : ce qui s’est passé n’est pas une utilisation des armes sur le plan interne, mais une action de défense du Liban contre un plan destiné à l’affaiblir face à Israël.


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