Les Bourses mondiales étaient gagnées par l'affolement lundi après la
dégradation de la note de crédit des Etats-Unis, malgré les efforts des
dirigeants de la planète pour tenter de ramener le calme sur les marchés
financiers.
Après des premiers échanges
marqués par une forte volatilité, la panique a rattrapé les investisseurs sur
les deux rives de l'Atlantique. On restait toutefois loin d'un effondrement
comparable à celui qui avait suivi la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en septembre 2008.
«Ce n'est pas la catastrophe qu'on craignait», a résumé à l'AFP Xavier Lespinas, directeur de la gestion d'actions chez SwissLife Gestion Privée à Paris.
Au Wall Street, l'indice
vedette Dow Jones cédait 2,29% et le Nasdaq 2,91% vers 15h10 GMT. Dans leur
sillage, la plupart des Bourses du Vieux Continent affichaient des pertes
importantes. Paris perdait 3,61%, Londres 3,03% et Francfort 4,07%, après une
matinée en dents de scie.
En Espagne et en Italie, respectivement quatrième et troisième économie
de la zone euro, qui sont dans le collimateur des marchés financiers et des
agences de notation, les Bourses reculaient un peu plus légèrement: Madrid
cédait 1,99% et Milan 2,48%, relativement soutenues par la décision de la BCE d'acheter des obligations
d'Etat espagnoles et italiennes. A Moscou, l'indice RST s'est effondré de près
de 8% en clôture. Athènes a terminé la séance sur un plongeon de 6%.
En Asie, la Bourse
de Tokyo a perdu 2,9%, Shanghai 3,79%, Sydney 2,9%, Séoul 3,82%, Hong Kong 2,11%. La Bourse de Bombay, elle, est retombée à son plus
bas depuis 2010 (-3%).
La monnaie européenne a repris des couleurs face au billet vert, au-dessus
de 1,43 dollar pour un euro, tandis que le prix du pétrole était en forte
baisse, cédant plus de 3 dollars. «La dégradation de la note américaine
réveille les pires scénarios sur l'économie mondiale», avance Eric Edelfelt, gestionnaire d'actions chez Meeschaert
Gestion Privée à Paris. «On peut tout imaginer: une dégradation des notes de
pays de la zone euro». Signe d'une grande nervosité, les actifs qui font office
de valeur-refuge restaient pris d'assaut, comme l'or, dont l'once a dépassé 1.700
dollars américains pour la première fois lundi. L'agence d'évaluation
financière Standard & Poor's a brisé vendredi un tabou, en retirant aux
Etats-Unis, première puissance économique mondiale, la prestigieuse note «AAA»,
attribuée aux emprunteurs les plus fiables. Cette décision a créé une onde de
choc au sein de la communauté financière même si les deux autres grandes
agences, Moody's et Fitch, n'ont pas franchi le pas, la
première jugeant «prématuré» un éventuel abaissement tandis que la seconde
estime qu'il faut encore y réfléchir. Pressés d'apporter une réponse concertée
à la crise de la dette en zone euro, qui menace d'emporter de grands pays comme
l'Italie et l'Espagne, et aux nouveaux signes d'essoufflement de l'économie
américaine, les dirigeants des pays les plus riches de la planète n'ont pas
ménagé leurs efforts. Lundi, peu avant l'ouverture des places européennes, ce
sont les pays du G20 qui se sont dits prêts à agir de concert pour stabiliser
les marchés financiers et protéger la croissance, dans un communiqué. Et
d'assurer qu'»aucun changement dans les fondamentaux ne justifie les tensions
financières subies récemment par l'Italie et l'Espagne». Un peu plus tôt, les
dirigeants et les banquiers centraux des sept pays les plus riches de la
planète (G7) ont resserré les rangs en annonçant qu'ils allaient coopérer pour
contrer des mouvements de change excessifs.
La Banque centrale européenne (BCE) a tenté de jouer les pompiers en annonçant dès
dimanche qu'elle allait racheter de la dette publique sur le marché secondaire
ou de gré à gré. Selon le ministre français de l'Economie, François Baroin, la BCE
est en effet prête à racheter de la dette espagnole et italienne, «si
d'aventure il doit y avoir des investisseurs qui se retirent».
Conséquence: les taux auxquels Rome et Madrid empruntent sur les marchés
de la dette, qui s'étaient envolés ces derniers jours au risque d'étouffer les
deux pays déjà étranglés par une dette colossale, sont redescendus. Les taux
espagnols et italiens à dix ans sont repassés sous les 6%. Economistes et analystes estiment que l'Italie
est un trop grand pays pour être renfloué par le Fonds européen de stabilité
financière (FESF), comme c'est le cas de la Grèce. En cas de défaut
de paiement, Rome et Madrid pourraient faire imploser la zone euro, affirment-ils.
D'où les appels du président de la Commission européenne José Manuel Barroso et du commissaire européen aux Affaires économiques
Olli Rehn à «réévaluer» le
montant de ce fonds.
Mais l'Allemagne et la
France, les deux piliers de l'Union monétaire européenne, divergent
sur ce point. Alors que Paris, par la voix de son ministre de l'Economie, a
estimé que «s'il fallait aller plus loin, nous irions plus loin», Berlin a tout
simplement opposé lundi une fin de non-recevoir arguant que le FESF devait
rester tel quel.
Créé en 2010 pour venir en aide à l'Irlande puis au Portugal, le FESF est
doté de 750 milliards d'euros, avec une capacité effective de prêts de 440
milliards d'euros, jugée insuffisante pour sauver un pays comme l'Italie. «La
décision de la BCE
n'est pas une arme fatale (...) avec un impact de la dégradation de la note des
Etats-Unis difficile à évaluer», a prévenu Gilles Moëc,
économiste chez Deutsche Bank.
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Posté Le : 09/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Luc OLINGA De L'afp
Source : www.lequotidien-oran.com