Les pays de la zone euro ont reporté leur réunion, prévue ce mercredi, consacrée
au dossier grec, estimant les garanties des sacrifices des Grecs insuffisantes.
Athènes a connu cela il y a très longtemps : les esclaves endettés se sont
révoltés et la « démocratie » fut.
Après avoir inventé la démocratie voilà près de 2.500 ans, la Grèce est poussée par
l'Europe au reniement de sa propre histoire : organiser des élections
législatives anticipées en avril sur la base d'un programme économique connu
d'avance et d'une austérité sans pareille, imposée par la famille européenne et
le FMI. Les candidats de gauche comme ceux de droite iront défendre devant le
peuple grec le même programme politique et économique imposé par l'Europe et le
FMI. C'est à cette situation politique absurde qu'est acculée la Grèce, matrice originelle de
la démocratie.
Comble de «l'histoire», l'invention de la démocratie au VIe et Ve siècles
avant J.C. a été la conséquence d'une crise économique dans les cités grecques,
qui s'est mue en crise politique. Plus étrange, la crise économique d'alors
apparut avec la généralisation de la circulation de la monnaie ! Les maîtres
détenaient les dettes de leurs esclaves qui se révoltèrent quand le poids de
leur dette était devenu insupportable et impossible à payer, donc de se libérer.
Ils firent jonction avec la classe des artisans qui, grâce à la monnaie, accumulèrent
un poids politique. C'est la révolte générale contre les seigneurs qui finit
par la mise en place des premiers collèges du peuple négociant avec les
seigneurs l'organisation de la vie dans les cités grecques: la démocratie était
née.
Aujourd'hui, la Grèce
va-t-elle revivre le scénario qu'elle a vécu dans l'antiquité et inventer, pour
le reste de l'Europe et du monde, un nouveau mode de gouvernance par le peuple ?
Car comment expliquer qu'après avoir demandé
aux Grecs un sixième plan d'austérité extrême, les ministres des Finances (et
les chefs d'Etat) de la zone euro ont estimé, mardi dernier, qu'il n'était pas
si « austère » que cela ? La situation est plus que dramatique pour le peuple
grec: une décroissance estimée entre - 7 et - 10%. C'est-à-dire déjà une
faillite du pays impossible à corriger dans les 10 ans à venir, si ce n'est
plus. Dans ce cas, sur quels éléments économiques les pays de l'euro-groupe ont-ils estimé qu'il leur faudra plus de
garanties du gouvernement grec pour daigner lui accorder les 130 milliards
d'euros promis ?
Les paramètres économiques indiquent clairement qu'au prix d'énormes
sacrifices, le pays ne pourra faire plus que de travailler pour le
remboursement des intérêts de la dette durant des décennies. L'équation est
terrible pour Athènes : mise aux enchères sur le marché international de son
patrimoine industriel et touristique, réduction drastique dans les effectifs
des services publics et sociaux, dévaluation de la valeur travail, etc. Un
cercle vicieux et infernal pour le gouvernement grec : comment relancer la
croissance avec un programme économique qui réduit grandement le pouvoir
d'achat des citoyens et pousse à la mise au chômage dans les services publics ?
Les exigences des pays de l'euro-zone amènent
certains analystes à conclure que c'est une façon de pousser la Grèce à quitter la zone euro.
Malheureusement, même dans ce cas de figure, le pays restera redevable de
l'énorme dette qui pèse sur lui. De plus, avec cette logique d'un euro fort, des
pays comme le Portugal ou l'Italie ne vont pas tarder à tomber dans «le piège
grec». D'ailleurs, l'Italie vient de renoncer à être candidate à l'organisation
des Jeux olympiques (encore une invention grecque) de 2020. Raison : les moyens
financiers. Ainsi, 2.500 ans après que la monnaie eut généré une crise
politique en Grèce, qui a conduit à une «révolution des esclaves», amenant la
«démocratie», l'Europe joue dangeureusement son
destin en sacralisant le «dieu Euro».
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Posté Le : 18/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com