Algérie

Crise entre Zerhouni et Tounsi : Le patron de la police perd un de ses hommes de confiance



Considéré comme l'homme de confiance du patron de la Sûreté nationale, le chef de la police judiciaire près la sûreté de wilaya d'Alger, Messaoud Zayane, vient d'être écarté de son poste. Promu divisionnaire en décembre 2006 et cumulant près de 8 ans à la tête de ce service, sa fin de fonctions a été notifiée cette semaine, après de folles rumeurs sur son départ anticipé. Pour de nombreuses personnes proches de l'institution, cette décision montre que Ali Tounsi perd quelque peu de son « pouvoir » face à un ministre que l'on dit très proche du Président. Depuis environ une année, le courant ne passe plus entre les deux responsables. D'un côté, un patron de la Sûreté nationale qui a du mal à faire « respecter la loi » par deux de ses plus importants services, les Renseignements généraux (RG) et la Police judiciaire (PJ), qu'il a dotés d'une « autonomie exceptionnelle » au point où les deux se « télescopaient » souvent sur le terrain et, de l'autre côté, un ministre qui voit dans les décisions de Ali Tounsi des « règlements de compte » dont les victimes se comptent parmi ses proches. En ce mois de novembre 2008, en pensant détenir tous les pouvoirs pour écarter, relever ou suspendre les gradés qu'il dirige (quel que soit leur statut ou leur rang), Ali Tounsi n'a pas pris en compte l'environnement dans lequel évoluent ses cadres et les relations entre eux et les milieux politico-financiers devenus de plus en plus puissants. Par ailleurs, M. Zerhouni, convaincu, ne veut pas revenir sur ses décisions de réhabiliter certains gradés relevés et poursuivis par le DGSN et d'en découdre avec ceux qu'il accuse d'avoir « confectionné de faux dossiers » contre leurs collègues mais aussi contre certains cadres de l'Etat.En fait, les RG auraient franchi le pas « qu'il ne fallait pas » en « abusant » de leurs prérogatives « trop élargies » à travers la confection « de faux rapports », ce qui a poussé le DGSN à ouvrir des enquêtes. Confiée à la police judiciaire, la mission s'apparente à une chasse aux sorcières puisqu'elle va toucher tous les responsables des RG nommés par l'ancien directeur ou ayant des affinités avec lui. Une guerre sans nom va éclater entre les deux services au point où des structures entières des RG sont dissoutes à l'Est et leurs cadres rattachés aux brigades de recherche et d'investigation reliées à la PJ. A Oran, la chasse va toucher le patron des RG ; une équipe de la PJ dépêchée d'Alger perquisitionne son bureau à la recherche de « faux rapports qu'il aurait confectionnés sur certaines personnalités soit pour les préserver de poursuites judiciaires soit pour les enfoncer ».Le responsable est mis en prison pour une affaire de drogue et dès qu'il obtient la relaxe, il va se plaindre au ministre de l'Intérieur. Sur le bureau de M. Zerhouni, de nombreuses autres plaintes atterrissent. Le ministre met alors les pieds dans le plat en ouvrant une enquête qu'il va diriger en personne en convoquant de nombreux officiers à son bureau pour les entendre. Ce qui va provoquer la colère de Ali Tounsi. Légitime. Jamais un ministre de l'Intérieur n'a enquêté sur des cadres dirigeants ou des divisionnaires de la police. M. Zerhouni réclame la tête des quatre cadres de la police judiciaire impliqués dans l'enquête sur le chef des RG d'Oran (le chef de la police judiciaire d'Alger, son directeur au niveau national, le chef de la brigade criminelle de la division Centre, son adjoint et un de ses officiers). Une demande que A. Tounsi a du mal à accepter. Le directeur de la PJ et le responsable du même service pour la capitale sont considérés comme ses hommes de confiance. Le directeur de la police judiciaire, Ladj, est le premier « sacrifié » et, moins d'un mois après, c'est son subordonné d'Alger, Messaoud Zayane, qui est déchargé de sa mission. Par contre, le directeur des RG d'Oran arrache sa réhabilitation et réintègre la Sûreté nationale en tant qu'adjoint du chef de sûreté de wilaya de Sidi Bel Abbès. Il est vrai que Ali Tounsi a pu arracher le départ du patron des RG, mais la contrepartie a été très lourde pour lui. Il est privé de ses plus importants hommes de confiance. Sa mise à rude épreuve n'est en fait que le reflet d'une lutte entre le clan d'El Mouradia et celui des Tagarins.


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