Crise en Europe : "l'Algérie va payer cher et importer de l'inflation"

La valeur des importations de l'Algérie va augmenter considérablement sur le court terme : les prix des produits et services en provenance de la zone euro vont flamber sous l'effet de la crise de la dette souveraine. « On va payer cher. On va importer l'inflation ». L'avertissement vient de l'économiste Bachir Mostefa.
Les effets de la crise de la dette souveraine dans la zone euro commenceront à se faire sentir en Algérie dans un proche avenir, a averti l'économiste et professeur à l'université d'Alger, Bachir Mostefa. Au cours d'une conférence présentée, aujourd'hui dimanche au Centre des études stratégiques du journal Echaâb, il a relevé que sur les 40 milliards de dollars constituant la valeur des importations de l'Algérie en 2010, plus de 50 %, proviennent de la zone euro, notamment la France, l'Italie et l'Espagne. En raison de la crise, les entreprises des ces pays seront dans l'obligation d'augmenter les prix de leurs produits pour pallier à la baisse de la demande. Cette hausse des prix sera accentuée par les politiques d'austérité appliquées ou qui seront appliquées dans la plupart des pays du sud de l'Europe. Bachir Mostefa a cité, en ce sens, le programme électoral du président Français Nicolas Sarkozy qui prévoit l'augmentation de la TVA et de l'IBS afin de renforcer les revenus de l'Etat français. De telles décisions auront pour effet une hausse considérable des prix des produits et des services : « On va payer cher. On va importer l'inflation ».Et ce n'est pas tout, le conférencier s'attend à ce que les Etats de la zone Euro, dans le souci de réduire leur dépenses, procèdent à la suppression des subventions accordées au secteur agricole. Cette mesure aura un impact direct sur le budget de l'Algérie qui débourse annuellement des dizaines de milliards d'euros dans l'importation des céréales, lait et viandes.
Les prix du pétrole vont baisser à la fin de l'hiver
Pour boucler la boucle, l'économiste prévoit une baisse des prix du baril de pétrole dans quelques mois: « Après l'hiver, les prix du baril vont baisser aux alentours de 80 dollars». Les prix sont soutenus actuellement par la demande sur le pétrole pour chauffage et non pas par la demande du secteur industriel. Selon lui, l'économie européenne est déjà en période de récession. La croissance économique moyenne dans la zone euro est estimée à 0.5 %. Elle est appelée à baisser davantage en l'absence de solutions pratiques, a-t- il estimé, en notant que ce constat s'applique aussi, mais à un degré moindre, aux économies asiatiques et nord-américaines. Bachir Mostefa a rappelé que le budget de l'Algérie dans la loi de Finances pour 2012 accuse un déficit de 25 %, couvert par le Fond de régulations des recettes (FRR). Au rythme où vont les choses actuellement, ce fond ne peut pas couvrir les importations du pays au-delà de 4 ans. Les importations de l'Algérie, au premier semestre 2011, ont atteint les 23. 3 milliards de dollars dont plus de 53 % proviennent de l'UE. Selon les chiffres du CNIS, les importations en provenance de l'UE ont enregistré une hausse de 19, 5% par rapport à la même période de 2010, en passant de 10.5 milliards de dollars à 12.5 milliards.