L'issue pour Hosni Moubarak et son clan ne fait plus de doute. La
question est de savoir jusqu'où ira l'autocrate du Caire pour se venger de la
rue égyptienne.
La chute du président égyptien Hosni Moubarak et son régime policier est,
tout au plus, une question de jours, peut-être de semaines. Les déclarations
des dirigeants occidentaux abondent dans ce sens, même si la bienséance
diplomatique habille leurs discours et messages d'une apparente prudence
politique, tant leurs intérêts sont en jeu dans la région proche et
moyen-orientale. Après tout la «langue de bois» est le langage par excellence
du discours diplomatique, particulièrement celui destiné au public. Par la voix
de leur président et celle de la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, les
USA ont appelé, dès le début des manifestations au Caire, Hosni Moubarak à
mettre un terme à la répression des manifestants et à libérer le champ
politique. L'Union européenne n'a réagi que le samedi dernier. C'est le président
du Conseil européen, Herman van Rompuy, qui a diffusé un communiqué par lequel
il rejoignait la position américaine. A l'heure où nous mettons sous presse,
les ministres des Affaires étrangères de l'UE sont réunis (lundi) à Bruxelles
et examinent la question égyptienne. Le léger décalage dans le temps entre les
déclarations américaine et européenne est normal. L'Egypte et le Proche-Orient
sont d'abord le carré de prédilection stratégique des USA. Cependant, sachant
la nature du régime politique de Hosni Moubarak, celle d'un autocrate issu, qui
plus est, de l'armée égyptienne, les Occidentaux ne se font aucune illusion:
Moubarak ne peut, ni ne sait, initier aucune réforme démocratique ou accepter
l'idée même de la remise en cause de ses pouvoirs, tous ses pouvoirs. Il ira à
la confrontation avec la rue et usera de la répression la plus féroce contre le
peuple égyptien.
Et c'est ce qu'attendent les
Occidentaux, américains en tête, pour lui «intimer» l'ordre express de
«dégager», si toutefois il ne sera pas arrêté par ses propres amis militaires.
La seule inconnue pour les Occidentaux est l'ampleur du prix à payer par le
peuple égyptien en victime expiatoire. L'issue de l'affrontement entre la rue
et le pouvoir du clan Moubarak ne fait plus de doute chez les Occidentaux.
Sinon, les Américains, installés dans des pays en guerre comme l'Afghanistan et
l'Irak où ils sont particulièrement visés, ne feraient pas évacuer leurs
représentants diplomatiques et autres délégations commerciales de la capitale
égyptienne. La Turquie voisine a pris les mêmes dispositions samedi dernier. Et
jusqu'aux voyagistes qui croyaient leurs clientèles touristiques installées
dans les zones éloignées des villes égyptiennes, loin de tout risque
sécuritaire, ont commencé, depuis samedi, à les évacuer. La perspective d'une
gradation dans la violence est inévitable. Au Caire, l'opposant et prix Nobel
de la paix, Mohamed El Baradeï, est remis au-devant de la scène, adoubé par
l'opposition laïque et religieuse pour être leur interlocuteur vis-à-vis du
pouvoir égyptien, entendez l'armée et les services de sécurité, car avec
Moubarak, la messe est dite: aucune négociation n'est possible. Le Raïs sait
qu'il risque, lui, sa famille et son clan proche, les poursuites engagées
contre son ami, le Tunisien Zine El Abidine Ben Ali. En se rendant au Caire
dans ces circonstances de violence, El Baradeï n'avait aucun doute sur l'issue
de l'affrontement. Lui aussi savait, à la veille de quitter la capitale
autrichienne, Vienne, où il a sa résidence, que les jours de Moubarak étaient
comptés. Quant à l'utilité du régime de Moubarak pour les USA dans la région,
particulièrement dans le conflit israélo- palestinien, elle ne fait plus
l'unanimité au Congrès américain depuis la fin du règne de George W. Bush. Il
n'y a qu'à réécouter le discours de Barack Obama adressé, justement du Caire,
le 4 juin 2009 au monde arabo-musulman. Enfin, les 30 années de règne du clan
Moubarak n'ont pas fait avancer la paix israélo-arabe, ni contré l'influence
grandissante de l'Iran dans la région. Périmé, le régime Moubarak met en danger
les intérêts occidentaux. Ils ne peuvent plus s'en accommoder. Ils laissent le
soin à la rue égyptienne, à qui ils manifestent leur soutien, le soin de le
démettre.
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Posté Le : 01/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com