Lancé en juillet 2008 par le président français Nicolas Sarkozy, le
projet UPM a disparu de l'agenda politique européen autant que de celui des
pays du Sud. Et pour cause…
Entre la crise économique et sociale qui frappe l'Europe et le vent de la
révolution qui souffle encore au sud de la Méditerranée, il y a
une «énigme» politique commune : l'Union pour la Méditerranée (UPM).
Ce projet, censé promouvoir une intégration économique et la paix entre les 43
pays qui entourent la
Méditerranée (excepté la Jordanie et la Mauritanie) et qui y
ont adhéré, a fini, comme le prévoyaient beaucoup d'analystes, en illusion
politique. Janvier 2012, après la démission du Marocain Youcef
Amrani pour rejoindre le nouveau gouvernement
marocain, l'UPM n'a plus de
manager, soit de Secrétaire général. L'Egypte, qui assurait la coprésidence a
déserté, depuis la révolution, le poste. Janvier 2012, près de quatre années
après son lancement (en juillet 2008), sa structure institutionnelle est encore
provisoire, incertaine et inerte. Dans un entretien accordée par l'ancien
secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères tunisien, Tahar Sioud,
à notre confrère Fathi B'chir,
journaliste indépendant à Bruxelles, l'ancien ministre affirme que «du côté
européen, l'UPM fait l'objet de forts tiraillements,
et que Mme Ashton ne parvient pas ou ne veut pas trancher entre les options
offertes, institutionnelles ou intergouvernementales, pour assurer la
représentation de l'UE au sein de cette instance paritaire euro-méditerranéenne».
C'est le moins que l'on puisse dire, tant la crise de l'euro continue à
désagréger la cohésion politique au sein même de l'UE.
En face, dans le sud Méditerranée et au Proche-Orient, des gouvernants
mobilisent leur «génie et leur intelligence» à contrer les soulèvements
populaires pour plus de liberté et de dignité. Du coup, au nord comme au sud de
la Méditerranée,
le projet de l'UPM est passé aux oubliettes. M. Tahar
Sioud explique que «les projets ambitieux ne trouvent
pas et ne trouveront pas de financements. La Banque européenne d'investissement (BEI) est
démotivée», avant de conclure : «L'UPM est aujour-d'hui
une coquille vide qui ne vit que grâce à l'aide directe et appréciable de la Catalogne (qui abrite le
siège) et les trois millions offerts chaque année par la Commission européenne.»
Cependant, au-delà de la désillusion économique et sociale du projet de l'UPM, c'est la dimension politique (le projet de paix
durable) qui en prend un sérieux coup.
D'abord, la Turquie,
pays majeur dans la construction du projet, a suspendu ses négociations
d'adhésion à l'UE pour nouer d'autres stratégies avec les pays du sud-est
asiatique et l'Asie mineure. Ensuite, Israël qui profite de la situation de
crise et de confusion en Europe et dans les pays arabes pour intensifier sa
colonisation de ce qui reste de la
Palestine, tout en agitant la supposée «menace nucléaire»
iranienne. Dans ces conditions, vouloir instaurer un climat serein de
coopération avec des perspectives de paix durable relève de l'absurdité
politique. En clair, la volonté sincère pour une coopération sincère et
partagée entre l'UE et les pays sud-méditerranéens ne
peut se concevoir sur les principes qui ont prévalu au lancement de l'UPM. «Il faut tout remettre à plat», déclare l'ex-ministre
tunisien. Et c'est là tout le problème : est-il possible de construire un
partenariat à haute valeur ajoutée dans les circonstances politiques actuelles
que vit le monde arabe, et surtout avec un pays, Israël, qui agit à
contre-courant des vœux de paix du reste des partenaires ? La tendance indique
plutôt, et l'ex-ministre tunisien en fait référence, qu'il est plus réaliste
d'intensifier des partenariats régionaux de moindre «prétention», tel celui dit
des «5 + 5» qui réunit les pays de la Méditerranée centrale, ou encore la
redynamisation de l'Union du Maghreb (UMA). L'aventure du projet UPM démontre
que la coopération, voire l'intégration économique du bassin méditerranéen, ne
se résume pas à une simple question financière, technique ou commerciale. Elle
est éminemment politique tant elle requiert un climat de paix, de dialogue et
de stabilité, un climat de justice, de liberté, de démocratie réelle pour tout
dire. Parce que derrière les projets, les politiques et le commerce, il y a des
êtres humains.
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Posté Le : 17/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com